mardi, avril 23

Les mères célibataires encore paria de la société chinoise

Les mères célibataires sont considérées en Chine comme des citoyens de seconde zone, car les naissances hors mariage étant très mal vues en Chine.

Elles sont des millions à devoir affronter au quotidien des regards condescendants voire méprisants. A cela s’ajoute une discrimination économique car seules les femmes mariées peuvent bénéficier des aides sociales liées à la maternité.

« Pékin a beau s’efforcer d’encourager les mariages et les naissances chez les jeunes couples, notamment en prolongeant le congé maternité et en permettant aux familles d’avoir trois enfants, ces prestations bénéficient essentiellement à des femmes mariées. Les femmes célibataires, lorsqu’elles ont un enfant, font l’objet d’une discrimination, par exemple lorsqu’il s’agit d’obtenir un extrait de naissance », a écrit le journaliste su site américain Quartz.

De plus, les femmes qui travaillent et tombent enceinte, sans être mariée, n’ont doit à aucun congé maternité. La majorité est obligée de démissionner pour s’occuper de leur bébé.

Depuis 2016, la Chine a assoupli sa politique de l’enfant unique afin d’encourager la natalité, dont la chute menace le développement économique. Pourtant, l’autorisation d’avoir trois enfants cela n’a pas encouragé les couples à procréer. D’autant plus que l’Etat leur a donné le droit d’avoir des congés maternité et la couverture médicale spécifique lors de la grossesse qui restent réservés aux femmes mariées.

Selon un rapport publié en 2019 par un institut de recherche lié au gouvernement, la Chine compte plus de 19 millions de mères célibataires, divorcées et veuves comprises. En dépit d’une prise en compte de l’existence de ces femmes, elles sont dans une impasse, a constaté Dong Xiaoying, avocate à l’origine d’un réseau de soutien proposant notamment des conseils en ligne.

« La loi ne dit pas qu’avoir un enfant hors mariage est illégal (…) Mais elle ne dit pas non plus explicitement que c’est légal », a expliqué cette dernière à l’Agence France Presse. D’autant que le combat n’est pas uniquement d’ordre administratif.

Beaucoup de mères célibataires doivent également affronter l’animosité environnante. D’ailleurs, le ministère de la Santé avait jugé en 2017 que les naissances hors mariage allaient « à l’encontre de l’ordre public et des bonnes moeurs ».

Toutefois, depuis 2016, les enfants de familles monoparentales peuvent obtenir un « hukou », livret d’état civil nécessaire en Chine pour accéder aux services publics comme l’éducation et l’assurance santé.

Autre élément qui pourrait améliorer le regard des autorités vis-à-vis des mères célibataires : le taux de natalité est tombé à son plus bas niveau depuis des décennies. Le contexte actuel, s’il perdure, pourrait inciter les femmes non mariées et enceintes à avorter, contribuant encore à limiter la natalité.

Les mères célibataires comptent également sur les médias. Et notamment l’histoire familiale de la skieuse acrobatique sino-américaine Eileen Gu. Cette dernière a fait sensation en Chine en février 2022 lors des Jeux olympiques de Pékin, grâce à ses deux médailles d’or.

Les médias chinois ont réalisé de nombreux reportages sur sa maman Yan Gu, qui a élevé seule sa championne de fille. Les réseaux sociaux ont semblé alors prendre conscience que les mères célibataires peuvent élever des enfants qui réussissent dans la vie.

Pour l’avocate Dong Xiaoying, les mentalités évoluent lentement, « mais il est impossible de tout changer en un jour ».

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