jeudi, mars 28

Les négociations sino-américaines rompues rapidement

Les négociateurs chinois et américains ont eu lieu le 31 juillet à Shanghai leurs premiers échanges en face-à-face depuis trois mois. La veille de la rencontre, le 30 juillet, le président américain Donald Trump a tenu de vives critiques contre la Chine.

Depuis mai 2018, Beijing et Washington sont engagés dans une guerre commerciale, ayant conduit à l’imposition réciproque de droits de douane punitifs sur plus de 360 milliards de dollars d’échanges annuels.

Ce douzième cycle de négociations est le premier depuis l’échec des pourparlers début mai 2018. Il a surtout été relativement bref. En effet, après quatre heures de discussions à huis clos ce 31 juillet, les deux délégations ont posé en début d’après-midi, pour une photo de groupe.

Tendus, le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer et le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin se sont rendus à l’aéroport sans s’adresser à la presse.

Du côté chinoise, le vice-Premier ministre chinois Liu He, proche du président Xi Jinping, n’a pas donné de détails sur les négociations. D’autant que le conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis s’est étendu au domaine technologique.

Le 30 juillet, au moment où les négociateurs américains et chinois se retrouvaient pour un dîner et des discussions informelles, Donald Trump a accusé Beijing : « mon équipe est en train de négocier avec eux maintenant, mais ils (les Chinois, NDLR) finissent toujours par modifier l’accord à leur avantage », a tweeté le président américain.

Ce dernier a affirmé que la Chine était censée commencer à augmenter ses achats de produits agricoles américains mais « rien ne dit qu’ils soient en train de le faire ». « C’est le problème avec la Chine, elle ne fait tout simplement pas » ce qu’elle dit qu’elle va faire, a ajouté Donald Trump.

Or « des millions de tonnes de soja américain ont été expédiées en Chine, dernier progrès en date dans l’achat de produits agricoles américains par les entreprises chinoises après la rencontre entre les deux chefs d’Etat à Osaka en juin », ont annoncé des sources officielles citées par Le Quotidien du peuple.

Les récentes déclarations de Donald Trump ne devraient pas apaiser les relations entre les deux puissances mondiales. Pour le quotidien Global Times, « faire des remarques peu constructives au moment de la reprise des négociations commerciales (…) semble être devenu une habitude », assurant que cette « tactique ne fonctionne pas ».

« La mélodie principale est encore perturbée par les bruits de tambours de certains Américains« , a regretté Le Quotidien du peuple, sans mentionner explicitement Donald Trump.

Avec cette nouvelle charge du président américain, « l’optimisme des marchés au sujet des négociations commerciales a été sévèrement douché », a indiqué à l’Agence France Presse, Stephen Innes, analyste de la société d’investissement Vanguard Markets.

Ces tweets traduisent « l’impatience » de Donald Trump de trouver coûte que coûte un accord avec la Chine, a souligné Shen Dingli, professeur basé à Shanghai et spécialiste des relations internationales, qui y voit « un signe de faiblesse ».

Quelques jours avant la reprise des négociations, Donald Trump a menacé de dénoncer le statut de pays en développement de membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), une mesure qui vise prioritairement la Chine.

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Il a également laissé entendre que la Chine pourrait faire traîner les discussions jusqu’à la prochaine présidentielle américaine en 2020, afin de trouver un dirigeant plus conciliant avec qui traiter et « continuer à escroquer les Etats-Unis ».

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Alors que le président américain est en pleine campagne, Derek Scissors, expert en relations sino-américaines à l’American Enterprise Institute, a estimé qu’il « ne peut pas se permettre politiquement de dire ‘j’ai conclu un super accord avec la Chine’ alors que ce n’est pas vrai ». D’après ce dernier, « c’est pour cette raison qu’il n’y aura probablement pas d’accord avant les élections ».