jeudi, mars 28

Les sanctions tombent à Tianjin

23 personnes étaient mises en cause dans les explosions survenues à Tianjin, le 13 août, parmi lesquelles 11 responsables locaux. La police chinoise vient de procéder à l’arrestation de 12 personnes, selon l’agence Reuters.

Deux semaines après les explosions, qui ont fait 145 morts et 28 disparus, selon un bilan toujours provisoire, les responsables du gouvernement local ont été placés sous enquête pour « abus de pouvoir » et « négligence », par le Parquet populaire suprême (PPS). Ces arrestations visent à mettre l’accent sur les responsabilités des représentants locaux et éviter les critiques au niveau national.

Des officiels mit en cause

Certains officiels appartiennent à plusieurs départements du gouvernement local (transports, douanes, sécurité du travail), tout comme le président du groupe étatique gérant le port de Tianjin.

Binhai News Area Tianjin avant explosions 082015Le PPS reproche aux responsables d’avoir manqué de vigilance dans leur mission de contrôle de la compagnie Tianjin Donjiang Port Ruihai International Logistics, à laquelle appartenait l’entrepôt. Mercredi 26 août, l’agence Xinhua avait annoncé le limogeage du directeur de l’administration, chargée de la sécurité au travail. Ce dernier est accusé d’« infractions graves à la discipline et au droit ».   

De son côté, le maire de Tianjin, Huang Xingguo, a également fait part de ses responsabilités devant les médias. Ce dernier a expliqué qu’« en tant que chef du comité du Parti communiste chinois pour Tianjin et du gouvernement municipal, j’ai une responsabilité incontestable ».

Il a affirmé que le gouvernement reconnaîtrait le dévouement des pompiers morts en service et a proposé de construire un mémorial sur le site des explosions pour ces « héros ». Promettant désormais une tolérance zéro pour la société et les personnes responsables des explosions, il a assuré que « peu importe qui elles sont et quelles sont leurs relations ».

Concernant les impacts économiques, Huang Xingguo a indiqué que les dommages causés par le désastre nécessitaient une évaluation plus approfondie, mais ne devraient pas affecter les fondements de l’économie de Tianjin, selon Xinhua. Les exportations et les importations de marchandises en vrac ne devraient pas être touchées car « les zones frappées par les explosions ne concernent que 176 sociétés, dont la plupart ne font pas de l’import-export ».

Mea culpa des actionnaires

Parmi les suspects figurent le président, le vice-président et trois autres dirigeants de l’entreprise Rui Hai International, propriétaire de l’entrepôt où étaient stockés les produits chimiques. Ces derniers avaient été interpellés peu après les explosions.

Le 20 août, les principaux actionnaires du site à l’origine des explosions ont confessé à l’agence Xinhua, qu’ils utilisaient des prête-noms et usaient de leurs « connexions politiques » (guanxi) pour passer outre les normes en vigueur. Ces révélations confortent la stratégie de Beijing d’incriminer des responsables locaux et ainsi de montrer patte blanche dans la lutte contre la corruption.

Dong Shexuan, 34 ans, qui contrôle 45% des parts de Rui Hai, est le fils d’un ancien chef de la police du port de Tianjin. Il utilisait le nom d’un camarade de classe, pour pouvoir diriger la société. Ce dernier a expliqué à Xinhua, avoir demandé à son « condisciple si je pouvais mettre les actions à son nom, à cause de mon père. Si certains avaient su que je faisais ce genre d’investissements, cela aurait pu avoir une influence néfaste sur les affaires« .

Dong Shexua a également reconnu avoir utilisé ses guanxi pour obtenir tous les permis nécessaires et passer sans encombre les inspections. « J’ai des relations dans la police et chez les pompiers. J’allais donc rencontrer des responsables des brigades de pompiers du port de Tianjin pour leur donner des fichiers, et très vite, je recevais leur feu vert« , a reconnu ce dernier.

Ancien dirigeant du groupe public Sinochem, géant chinois de l’industrie chimique, Yu Xuewei a également utilisé le prête-nom d’un ami proche. Ce dernier a indiqué qu’après l’expiration de « notre premier permis, nous avons fait une demande d’extension. Mais en attendant, nous n’avons pas arrêté nos activités ». « Nous ne pensions pas que c’était vraiment un problème. Beaucoup d’autres firmes le font aussi », a ajouté Yu Xuewei.

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