vendredi, mars 29

L’Ethiopie entame des négociations avec la Chine sur la restructuration de sa dette

Le ministre éthiopien des Finances, Ahmed Shide, a rencontré à la fin du mois de février à Pékin, le ministre chinois des Finances, le directeur du département international de la Banque centrale chinoise et plusieurs responsables des principales banques chinoises.

A la tête d’une délégation de haut niveau, le ministre éthiopien a entamé des négociations bilatérales directes avec la Chine sur l’allègement de sa dette. Ces échanges ont lieu en dehors du Cadre commun du G20, selon le quotidien anglophone chinois South China Morning Post.

La question de la restructuration de la dette d’Addis-Abeba envers Pékin a été l’un des sujets abordés par le ministre éthiopien des Finances, Ahmed Shide, lors de cette visite en Chine.

Des négociations qui vont durer 

Il a rencontré le ministre chinois des Finances, Liu Kun, et le directeur du département international de la Banque centrale chinoise, Jin Zhongxia. Il s’est également entretenu avec des responsables des principales banques chinoises, dont la Banque chinoise d’import-export (China Exim Bank), l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) et la China Development Bank (CDB).

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Cité par South China Morning Post, Deborah Brautigam, professeur d’économie politique à l’Université Johns Hopkins et directrice fondatrice de l’Initiative de recherche Chine-Afrique, a estimé que la China Exim Bank ne devrait pas agir en dehors du Cadre commun du G20 sur le traitement de la dette. Elle a cependant souligné que d’autres créanciers chinois de l’Ethiopie pourraient le faire.

«Je ne pense pas que la China Exim Bank va sortir du processus du Cadre commun du G20, maintenant qu’elle s’y est engagée. Il est trop tôt pour cette étape. Mais il y a d’autres créanciers chinois de l’Ethiopie et ces discussions pourraient concerner leurs prêts», a expliqué cette dernière au SCMP.

La dette de l’Ethiopie envers la Chine est estimée à 13,7 milliards de dollars (12,8 mds €), dont une bonne partie a été servie par la China Exim Bank à Addis-Abeba entre 2000 et 2021.

Actuellement, l’Ethiopie n’a pas fait défaut sur le paiement de sa dette, mais le pays a demandé, début 2021, une restructuration de sa dette extérieure au titre du Cadre commun du G20.

Pour l’heure, le processus d’allègement de la dette de l’Ethiopie est très lent, en raison notamment du conflit qui a éclaté en novembre 2020 entre le gouvernement central et des groupes rebelles dans la région du Tigré.

La Chine ne tient pas à intégrer le Cadre commun du G20

la Chine a hésité à adhérer aux processus coordonnés d’allègement de la dette dans le Cadre commun du G20, préférant mener des négociations bilatérales avec les pays les plus endettés.

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Dans une étude publiée en mai 2021, le think tank indépendant Peterson Institute for International Economics (PIIE) avait assuré que «les contrats de prêts chinois contiennent des clauses de confidentialité inhabituelles qui empêchent les emprunteurs de révéler les termes ou même l’existence de la dette».

Ce think tank basé à Washington, qui a passé en revue 100 contrats de prêts de Pékin à des gouvernements de 24 pays en développement dans le monde, a souligné que «les prêteurs chinois utilisent des accords de garantie tels que des comptes de revenus contrôlés par le prêteur et des promesses de garder la dette hors de la restructuration collective (clauses dites pas de Club de Paris)».

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