vendredi, avril 19

Li Keqiang reste confiant et rassure

Les perspectives économiques de la Chine ont été au cœur du Forum économique mondial de Dalian. Après le choc boursier qui a eu lieu en juillet et août, faisant trembler les marchés occidentaux, les 2.000 représentants d’entreprises et experts venus de plus de 90 pays attendaient un signe d’apaisement de la part du gouvernement chinois.

Conscient de l’urgence de rassurer, le premier ministre, Li Keqiang, a évoqué la robustesse de l’économie de son pays et a rappelé le poids de la Chine sur la scène économique mondiale : « la contribution de la Chine à la croissance économique mondiale a atteint 30% au premier semestre 2015 ». Ce dernier a également indiqué que la 2nde puissance économique mondiale n’effectuerait pas « un atterrissage brutal », comme le prédisent certains économistes.

Un taux de croissance dure à atteindre

Li Keqiang a expliqué que « la croissance de 7% de la Chine pour la période du premier semestre 2015 n’a pas été facile à réaliser dans un contexte de ralentissement de l’économie mondiale ». Toutefois, « une croissance de 7% pour une économie de 10.000 milliards de dollars était plus élevée en termes de volume que celle de 10% constatée par le passé, et c’est pour cette raison que la Chine figure parmi les premières économies majeures mondiales », a-t-il expliqué.

Face à la baisse des exportations et aux récentes données moroses sur l’importation, la manufacture, la Chine a décidé d’orienter son économie vers la consommation intérieure, les services et une montée en gamme industrielle : « l’économie chinoise s’oriente davantage vers la consommation, représentant la moitié de la production économique chinoise et 60% de la croissance. Il s’agit d’un signe plus encourageant ».  

Raison pour laquelle, « la Chine n’est pas une source de risques pour le monde, au contraire elle reste une robuste source de croissance » a-t-il assuré. Conscient des difficultés passés, il a admit que « c’est un processus douloureux et semé d’embûches (…) Des à-coups dans les performances économiques sont inévitables ».

Une croissance de +7% assurée

Mais pour ce dernier, « le gouvernement chinois est capable de maintenir la croissance à un niveau allant de moyen à fort ». Ce lundi, Beijing a annoncé une révision à la baisse de la croissance de son PIB en 2014, réduite de 0,1 point à 7,3% contre 7,4% auparavant.

Li KeqiangD’ailleurs en janvier, les autorités avaient révélé un taux de croissance pour 2014 de 7,4%, ce qui représente déjà le taux le plus bas depuis 1990. Avec une telle conjoncture, Li Keqiang a assuré que « nous allons conserver nos mesures fondamentales et continuer à promouvoir la réforme et l’ouverture ainsi qu’à favoriser les changements structurels ».

Cette réforme passe également par l’augmentation des dépenses publiques et la mise en place d’avantages fiscaux afin de soutenir la croissance, a assuré le ministère des Finances, le 8 septembre.

Entre autres mesures, le gouvernement va accélérer les projets de construction majeurs, faire bénéficier davantage de petites et moyennes entreprises de rabais fiscaux et encourager les investissements de capitaux privés dans des « secteurs clefs« , a assuré le ministère dans un communiqué.

Pas de guerre de devise

Parmi les mesures d’urgence décidées pendant l’éclatement de la bulle boursière qui a fait plonger les Bourses chinoises d’environ 40% depuis juin, la dévaluation du yuan aura été une surprise, conduisant certains investisseurs à penser que les responsables chinois craignaient une chute brutale de la croissance.

Cependant, Li Keqiang a souligné que ces mesures ont été prises « pour stabiliser le marché et empêcher la propagation des risques, nous avons supprimé la possibilité de tout risque systémique« .  L’objectif visait également à libéraliser la fixation du taux de change du yuan, en laissant le marché jouer un plus grand rôle.

Ce dernier a prédit une stabilisation de la devise chinoise : « nous pensons qu’il n’existe pas de fondement à une poursuite de la dépréciation du renminbi car la Chine dispose de grandes quantités de réserves de change », a-t-il déclaré, car « nous sommes en train de mettre en place des mesures de contrôle ciblé »

Face aux accusation, Li Keqiang a assuré que « si une guerre des monnaies se produit, cela ne fera que nuire à la Chine », car « la dévaluation continue du yuan n’est assurément pas favorable à une internationalisation de la devise. Ce n’est pas notre préférence politique. »

Pas atterrissage brutal

Le gouvernement veut réduire les fluctuations à court terme pour éviter l’effet de conduction. « Une fois que la croissance économique sortira de la fourchette raisonnable, nous aurons une capacité suffisante pour y répondre. L’économie chinoise n’effectuera pas un atterrissage brutal », a expliqué le premier ministre.

Toutefois, le contexte économique chinois est en berne, les indicateurs mitigés publiés ce jeudi 10 septembre n’ont rien de rassurant. Le Bureau National de la Statistique a annoncé une hausse des prix à la consommation, principale jauge de l’inflation, qui s’est établie à 2% sur un an en août, contre 1,6% en juillet. Le taux dépasse l’estimation de 1,8% des économistes interrogés par Bloomberg, mais il est en-dessous du niveau-cible officiel des 3%.

A cela s’ajoute, l’indice mesurant l’évolution des prix à la vente à la sortie d’usine (PPI), qui a reculé en août pour le 42ème mois consécutif, plongeant de 5,9% sur un an, représentant ainsi son plus fort repli depuis six ans. Le secteur manufacturier s’est également nettement contracté le mois dernier, plombé par de graves surcapacités et la chute des exportations comme de la consommation intérieure.

Confiant, Li Keqiang a assuré que « malgré des difficultés, l’économie chinoise reste stable. Il y a plus d’opportunités que de défis. Nous avons la capacité de réaliser les principaux objectifs de cette année concernant le développement économique et social, et de jeter une base solide pour le développement durable dans le futur ».

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