vendredi, mars 29

Le libraire Gui Minhai de nouveau enlevé

Gui Minhai, qui avait été relâché en octobre après deux ans de détention, a été de nouveau enlevé par la police. Comme quatre autres libraires « disparus » en 2015, il avait publié des histoires sur la vie privée des dirigeants chinois.

L’Union européenne (UE) et les autorités suédoises, ont exhorté le gouvernement chinois à « libérer immédiatement » l’éditeur-libraire suédois d’origine chinoise Gui Minhai. Vendeur d’ouvrages contre les élites du parti communiste chinois, Gui Minhai a été interpellé en Chine alors qu’il était accompagné de diplomates suédois.

Le cas de ce dernier fait l’objet de passes d’armes diplomatiques entre Stockholm et Beijing, les autorités chinoises se sont refusées à livrer la moindre information sur sa situation, alors que les conditions mêmes de sa disparition préoccupent aussi Bruxelles.

Entre inquiétude et appel à libération

« Nous espérons que les autorités chinoises libèrent immédiatement M. Gui Minhai, lui permettent de retrouver sa famille, et de recevoir l’aide consulaire et un soutien médical« , a martelé Hans Dietmar Schweisgut, ambassadeur de l’UE à Pékin, mercredi 24 janvier lors d’une conférence de presse.

Le 23 janvier, la ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallström, avait déjà réclamé sa « libération immédiate », demandant que l’éditeur-libraire « puisse rencontrer du personnel diplomatique et médical ». Elle a également par deux fois ces derniers jours convoqué l’ambassadeur de Chine à Stockholm.

Selon la fille de Gui Minhai, ce dernier a été interpellé samedi 20 janvier à bord d’un train en Chine continentale par « une dizaine d’hommes en civil (…) disant être de la police« , alors qu’il se rendait avec deux diplomates suédois à Pékin, en provenance de la ville de Ningbo où il vivait (est).

Il rejoignait Beijing pour consulter un médecin en raison de symptômes de la maladie de Charcot, a indiqué cette dernière. Margot Wallström a confirmé cette arrestation en présence de « personnel diplomatique qui apportait une aide consulaire à un citoyen suédois nécessitant des soins médicaux« .

Jusqu’en 2015, Gui Minhai travaillait à Hong Kong pour la maison d’édition « Mighty Current ». Jouissant de fortes libertés publiques, l’entreprise publiait des livres satiriques sur la vie privée des dirigeants chinois, interdits en Chine continentale.

Mais en 2015, comme quatre autres employés, Gui Minhai avait disparu lors de vacances en Thaïlande, avant de réapparaître dans un centre de détention chinois. En février 2016, il était apparu sur la chaîne CCTV en pleurs, avouant son implication dans un accident de la route plusieurs années auparavant alors qu’il était ivre.

Beijing appelle les pays étrangers à éduquer leurs concitoyens

Confession sur CNTV de Gui Minhai, l’un des libraires disparus

Les autorités chinoises avaient finalement annoncé en octobre 2017 l’avoir relâché, mais selon sa fille, il avait été placé sous surveillance. Or malgré les appels de la Suède et de l’UE, li ministère des affaires étrangères ont rejeté ces demandes : « Je n’y vois aucune logique« , a assuré Hua Chunying, porte-parole du ministère.

« Les organismes chinois s’occupant des cas concernant des ressortissants étrangers se fondent sur le droit » et les autres pays « se doivent de les respecter », a-t-elle ajouté sans autres précisions. « Nul ne peut violer la loi chinoise en Chine. N’importe quel pays étranger véritablement soucieux de protéger ses citoyens devrait le faire en les éduquant, parce que partout (…) chacun est censé respecter les lois et réglementations », a conclu Hua Chunying.

Un diplomate européen, interrogé par l’Agence France Presse, a estimé que le cas de Gui Minhai est « sans précédent », car « kidnapper un citoyen de l’UE en Thaïlande, et puis l’enlever à nouveau en présence de diplomates suédois, cela oblitère plusieurs lignes rouges », s’alarme-t-il.

L’ONG Amnesty International s’est dite « absolument effarée » par l’affaire, jugeant que l’interpellation devant des diplomates devrait être un « signal d’alarme » pour la communauté internationale.

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