jeudi, avril 25

Meng Wanzhou, responsable de Huawei, de retour devant la justice canadienne

Les dernières audiences d’extradition de la directrice financière du géant chinois Huawei se sont ouvertes le 4 août à Vancouver, trois ans après son arrestation au Canada à la demande des Etats-Unis.

Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei

Meng Wanzhou, 49 ans, fille du fondateur du géant des télécoms Huawei, Ren Zhengfei, avait été arrêtée le 1er décembre 2018 à l’aéroport de Vancouver à la demande de Washington.

Meng Wanzhou est accusée d’avoir menti à la Banque HSBC à propos des liens unissant Huawei et sa filiale Skycom, et le monde des affaires en Iran, lors d’une rencontre ayant eu lieu en 2013 à Hong Kong.

La justice américaine atteste que la directrice financière de Huawei a faussement laissé croire à HSBC qu’il n’y avait aucun risque à continuer à faire des affaires avec Huawei malgré les sanctions économiques imposées par Washington contre Téhéran. Meng Wanzhou et l’entreprise chinoise nient ces accusations.

Lire aussi : Les avocats de Meng Wanzhou veulent la suspension du processus d’extradition

Les audiences doivent permettre à la juge Heather Holmes, de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, d’entendre une dernière fois les avocats de Meng Wanzhou, qui plaident que leur cliente est injustement accusée.

Dans un document déposé au tribunal en avril, ils affirment que la justice américaine tente de la faire extrader en se fondant sur des preuves qui ne sont pas fiables ou qui sont trompeuses.

La défense affirme aussi que Meng Wanzhou n’a jamais eu l’intention de « tromper » HSBC, qu’elle n’a pas caché la nature des relations entre Huawei et Skycom et que rien ne prouve que la banque puisse perdre de l’argent en raison de sa présentation. « Aucune tromperie. Aucune perte. Pas même une théorie plausible de risque », écrivent les avocats de Meng Wanzhou.

Le 4 août matin, Meng Wanzhou est apparue souriante en quittant son domicile de Vancouver où elle réside en liberté surveillée. Cette dernière a rejoint la Cour suprême de Colombie-Britannique où les audiences finales dureront au moins deux semaines et demie aux termes desquelles la juge Heather Holmes de la Cour suprême de la Colombie-Britannique devra trancher sur l’extradition ou la remise en liberté de Meng Wanzhou.

L’avocate de la défense de Meng Wanzhou, Me Mona Duckett, a plaidé que le dossier d’extradition préparé par les États-Unis contient des déclarations erronées et des omissions importantes, trahissant la présomption de bonne foi sur laquelle est fondé le processus d’extradition.

L’avocate a également plaidé que les Américains avaient été « sélectifs » dans ce qu’ils ont divulgué au Canada pour demander l’extradition de Meng Wanzhou.

«Ce dossier est basé sur de la désinformation et a choisi d’omettre certains faits. L’arrestation de Mme Meng est le parfait exemple d’une violation des droits de la personne», a indiqué la veille, le 3 août, Alykhan Velshi, vice-président des affaires corporatives de Huawei Canada. Ce dernier a qualifié l’affaire de «poursuite politique» lors d’un entretien avec l’Agence France Presse.

Meng Wanzhou est «d’abord notre directrice financière, ce qui la tient occupée. Mais elle se concentre aussi très largement sur cette affaire. Elle lit tous les documents judiciaires, elle se présente au tribunal tous les jours. C’est quelqu’un de très solide», a-t-il ajouté.

«L’avocat de Meng Wanzhou fera valoir que les Etats-Unis n’ont pas réussi à produire un dossier d’accusation plausible visant à soutenir son extradition», a déclaré la direction de Huawei Canada. «Il s’ensuit qu’il faut rejeter l’incarcération de Meng Wanzhou et lui permettre de retourner dans son pays», a souligné le géant chinois dans un communiqué diffusé le 4 août.

L’accusation canadienne estime que les éléments de preuve avancés par la défense de Meng Wanzhou ne sont pas de la compétence de la justice canadienne.

Cette confrontation pourrait durer, bien que Huawei souhaite une décision rapide. «Nous comprenons que ce procès peut prendre plus de temps, mais nous souhaitons un jugement favorable à l’automne qui permettrait un retour de Mme Meng en Chine», a indiqué le vice-président aux affaires de l’entreprise Huawei Canada, Alykhan Velshi, à l’extérieur du palais de justice.

Mais, le procureur général et la défense peuvent cependant faire appel de chacune de ces décisions, ce qui peut rallonger le processus de plusieurs années, prévient l’avocat Richard Kurland, qui suit le dossier depuis le début.

Lire aussi : La Chine exige la libération de Meng Wanzhou

« En terme pratique, même si la cour ordonne l’extradition de Mme Meng, ce n’est pas la fin. Il y a la procédure d’appel qui va prendre encore 6 à 7 ans », explique-t-il.

Si le procès s’étire sur plusieurs années, le conflit diplomatique entre la Chine et le Canada pourraient perdurer, a indiqué l’ancien ambassadeur du Canada en Chine, de 2012 à 2016, Guy Saint-Jacques, en ajoutant que le sort des deux Michael sera dans la balance.

« Le Canada est entre l’arbre et l’écorce. Les Américains ne veulent pas faire de concession et donc, à nouveau, il faut se préparer psychologiquement pour des années de relations difficiles avec la Chine », soutient-il.

1 Comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *