jeudi, mars 28

« Mon expérience de la Chine », par Félix Mounton Njoya

Je suis Mounton Njoya Félix, étudiant Camerounais, actuellement en thèse de doctorat à Zhejiang Normal University et plus précisément au Département d’éducation.

J’arrive en Chine pour la toute première fois en 2012 pour une colonie de vacance, puis en 2013 pour la seconde fois pour un programme plus sérieux que le premier car cette fois je venais pour un programme de master qui est allé jusqu’en 2016.

En 2017 je reviens en Chine pour la troisième fois suivre un programme beaucoup plus complexe que les deux premiers, à savoir le programme de Doctorat. En regardant de près, j’ai passé 6 années de ma vie en Chine ; ce qui m’a permis d’avoir un peu d’expérience au sujet de ce vaste empire du milieu.

Cette expérience s’inscrit sur plusieurs aspects à savoir:

  • L’aspect politique
  • L’aspect économique
  • L’aspect Socio-culturel
  • L’aspect sportif                                                                                               

L’aspect politique

Même sans être expert en politique, La première chose qui m’a frappé le jour où j’ai fouiné le sol chinois c’est leur niveau de développement qui n’est rien d’autre que la résultante d’une gouvernance incontesté voire même incontestable. Avant mon arrivée en Chine, je ne connaissais que la Chine des médias étrangers qui pour la plupart ne présentaient pas cette empire à sa juste valeur. De tous les reportages que je voyais sur la Chine avant d’avoir l’opportunité de m’y rendre, juste un seul reportage avait réussi à capter positivement mon attention tout en déclenchant en moi une grande curiosité et une envie d’aller à la découverte de ce ‘‘pays-continent’’ ; il s’agit d’un reportage sur les Jeux Olympiques Beijing 2008.

Ce n’est qu’après les jeux Olympiques de 2008 à Beijing que je me rends compte que le dessein que je m’étais fait de la Chine n’avait rien à voir avec la réalité.

L’aspect Economique

En ce qui concerne le volet économique, il est important de noter que selon les projections faites par le Fond Monétaire International en Octobre 2018, la Chine est la deuxième puissance économique mondiale après les Etats Unis. Pour une compréhension assez simple de ce volet je préfère m’abstenir de faire appel aux concepts purement économiques comme le GDP ou le PIB. Je parlerai tout simplement des aspects de l’économie qui sont visibles et palpables comme le Tourisme,  l’industrie hôtelière, la restauration, l’industrialisation.

1/ Le Tourisme

Il constitue l’un des piliers de l’économie Chinoise. La Chine moderne dans son modèle de construction s’attèle à faire de tous les coins du pays des centres d’attraction pour les touristes. Et le gouvernement a très bien réussi dans ce sens-là, vu que le nombre de touristes qui visite ce pays croit au fil des années générant ainsi une augmentation incontestable sur l’économie du pays. Dans son rapport de 2018 par exemple,  l’Académie du tourisme de Chine a relevé sur  french.china.org.cn que Le tourisme a généré 5.400 milliards de yuans de revenus (850 milliards de dollars) en Chine en 2017, soit une croissance de 15,1% par rapport à l’année antérieure, créant par ailleurs 80 millions d’emplois. Quelque chose m’a le plus marqué en Chine en matière  de tourisme à savoir, les chinois eux même sont de grands touristes en Chine, ils voyagent beaucoup dans leur pays et sont toujours prêts à aller à la découverte de nouveaux sites touristiques. Ce qui fait en sorte que eux-mêmes impactent grandement le revenu global issu des activités touristiques. Le jour où je suis allé visiter la Muraille de Chine pour la première fois j’étais choqué positivement par le nombre de chinois présents sur les lieux. Au départ je ne savais bien que j’allais trouver d’autres visiteurs mais je ne m’attendais pas du tout à un nombre aussi élevé de personnes et en plus de nationalité Chinoise. C’est à partir de ce jour que j’ai compris que le pilier de l’économie d’un Etat c’est d’abord ses propres citoyens.

2/ L’industrie hôtelière

Plus le temps passe, la Chine devient un acteur clé de l’hôtellerie mondiale. Y a une chose qui m’impressionne beaucoup en chine en matière de l’hôtellerie, c’est l’architecture des hôtels, ces hôtels qui au moindre coup d’œil donne l’envie d’y séjourner ne serait-ce que pour une nuit. J’aime bien qualifier cette architecture de tentation car une fois que l’on y pose l’œil on est tenté d’y séjourner, et une fois que l’on prend le courage d’y rentrer, la qualité de l’accueil et du service le convainc non seulement à rester mais également à revenir une autre fois. Et aussi à voir le nombre croissant des établissements hôteliers, on a l’impression que chaque semaine apporte un nouveau projet d’hôtel de luxe en Chine. Ce qui d’ailleurs est très avantageux pour la population car ça permet de favoriser  les échanges et le développement du commerce et du tourisme tout en permettant également une création d’emplois supplémentaires, les hôtels embauchant plus de personnel.

3/ La restauration

Tout le temps que j’ai passé en Chine m’a permis de comprendre que s’il y a quelque chose avec laquelle les Chinois ne blaguent pas c’est la nutrition. Il peut arriver qu’on manque de tout dans un quartier en Chine mais l’on y trouvera toujours des restaurants. Ils sont considérés comme des lieux essentiels dans la vie des chinois. Généralement les seules occasions pour eux de se retrouver entre amis, collègues ou camarades c’est autour d’un repas. Et même pour discuter affaire ils le font dans la plupart des cas autour d’un repas. La Chine compte aujourd’hui plusieurs millions de restaurants pour un nombre très élevé de personnel sans compter le chiffre d’affaires qui est estimé à plus de 900 milliards de yuans.[1] J’ai appris il ya quelques années que le plus grand restaurant du monde se trouve en Chine et plus précisément à Changsha (le West Lake Restaurant) avec une capacité de 5000 clients en même temps.

4/ L’industrialisation

Tout d’abord je tiens à signaler ici que je ne fais pas allusion aux grandes industries, car ce n’est absolument pas de ça qu’il est question ; l’autre la étant déjà un acquis pour la Chine.

Les industries auxquelles je fais allusion ici sont de petites industries qui pour la plupart trouvent leurs abris aux bas des immeubles qui servent en même temps de logis. Et où les chinois font tout genre de transformation ou fabrication de certains produits. C’est grâce à cela que j’ai pu comprendre que la majorité des produits commercialisés en Chine sont fabriqués par les chinois eux même. Personnellement je pense que c’est une initiative à féliciter et à encourager par tous les Etats juste en se rassurant que la transformation ou encore la fabrication suive les normes règlementaires.

L’aspect Socio-culturel    

1/ Dans la vie quotidienne

  • Le caractère renfermé

Les jeunes chinois s’ouvrent difficilement aux étrangers. J’ai essayé plusieurs fois de tisser des liens d’amitié avec ces derniers mais malheureusement mes tentatives sont toujours vouées à l’échec et pour cela j’ai fini par comprendre que nous avons peut être une conception différente de l’amitié. En Chine on fait beaucoup plus connaissance et non l’amitié. Dans la plupart des pays d’Afrique par exemple les amis sont ceux-là qui se rendent régulièrement visite, qui sont constamment ensemble, qui se téléphonent très souvent et qui se partagent les histoires. Ce que j’ai pu apprendre en Chine c’est qu’on ne rend pas visite à un ami pour rien, mais pour un but précis. Même pour téléphoner à quelqu’un il faut avoir un sujet de discussion précis sinon la manière de répondre au téléphone risque vous refroidir car dès qu’un chinois décroche votre appel il vous demande directement ce pourquoi vous appelez. J’ai quand même essayé de réfléchir sur ce comportement et je crois que l’un des éléments de réponse c’est l’influence de la politique de l’enfant unique qui a été pratiquée pendant longtemps par la Chine. Même sans le vouloir, le fait d’avoir juste un seul enfant peut pousser les parents animés par un sentiment de protectionnisme à toujours renfermer les enfants de peur que ces derniers sortent et qu’il leur arrive quelque chose. Du coup l’enfant grandit dans un cadre ou il est habitué à être seul et par conséquent les chances pour qu’il s’ouvre au monde extérieur s’amincissent.

  • Le droit à la Photographie

S’il ait une chose qu’il faille très vite retenir une fois qu’on arrive en Chine c’est le droit à la photographie et au regard. Ce que je veux dire par là c’est qu’en Chine si quelqu’un vous filme ou encore vous fixe du regard, cela relève de son droit le plus absolu. Vous pouvez lui demander de ne pas vous filmer c’est aussi votre droit mais n’allez pas l’empêcher de le faire car à partir de cet instant vous outrepassez vos droits.

  • Des façons de parler qui sont assez différentes de chez nous

En Chine il existe plusieurs manières de saluer ou même d’entamer une conversation. Vous verrez par exemple quelqu’un qui va vous saluer en demandant si vous avez mangé, si vous allez à l’école, si vous vous êtes réveillé et bien d’autres. Mais ce qu’il faut retenir ici c’est que tout ça c’est des salutations et non une provocation. Vous verrez des personnes qui, pour entamer une conversation avec vous vous demande quel âge vous avez, de quelle nationalité vous êtes, si vous consommez aussi des pâtes alimentaires dans votre pays et bien d’autres questions. Eh bien, ce que vous devez retenir c’est leur façon de faire connaissance avec vous et donc ne prenez pas ça mal car c’est culturel.

2/ La Chine et la culture du thé

L’autre chose à retenir ici c’est l’importance que les chinois accordent au thé. Ils en ont plusieurs variétés et façons de les servir au point où on les appelle parfois la patrie du thé.  Le thé est devenu au fil des siècles un ami inséparable pour les Chinois et fait totalement partie de leur culture.

Chaque variété a son histoire et ses vertus, de même que l’occasion et la manière de la boire. Cette importance qu’ils attachent au thé m’a une fois poussée à une longue discussion avec l’une de mes professeurs de culture et c’est de là que j’ai pu apprendre que chaque variété est différente des autres.

Selon elle, le thé vert détient un grand pouvoir antioxydant, ce qui évite le vieillissement rapide des tissus corporels. Il réduit également le risque de plusieurs cancers à savoir celui de l’estomac, de la prostate, du poumon, et même du sein chez les femmes. Il aide à réduire le risque d’accidents cardiovasculaires et aide également à perdre le poids ainsi qu’à maintenir le bon fonctionnement du système nerveux.

  • Le thé noir quant à lui stimule le cœur et protège les parois internes des artères ; aide à améliorer la respiration ; stimule le système nerveux et aide à ne pas faire de rétention d’eau.
  • Le thé blanc qui contient plus de polyphénols que le thé vert est capable de réduire avec beaucoup plus d’efficacité le risque de cancer ; il peut prévenir avec efficacité le vieillissement des tissus ainsi que l’amélioration du niveau de cholestérol dans le sang.
  • Le thé bleu. Selon le professeur, ce thé peut également être recommandé pour perdre le poids ainsi que pour réduire le risque d’infarctus.
  • Le thé rouge qu’elle a encore appelé brule graisse doit être consommé tous les jours par toutes personnes qui désirent bruler l’excès de graisse dans le corps et selon elle pour que ça aide vraiment l’on devrait prendre en moyenne trois tasses par jour. 

Ne soyez surtout pas surpris si à chaque fois que vous rendez visite à un chinois il vous sert d’abord une tasse de thé avant toute chose. C’est comme cela qu’on souhaite la bienvenue aux invites en Chine. Ils consomment leur thé sans sucre contrairement à bon nombre de pays. Mais je vous invite à vous y conformer car c’est en le consommant sans du sucre que l’on profite de la véritable saveur du thé.

3/ La culture alimentaire

Ce que nous devons retenir ici c’est que les mêmes menus se cuisinent de différentes manières selon la province dans laquelle on se trouve. En Chine l’on a des provinces qui consomment trop pimenté, celles qui consomment moyennement pimenté, celle qui consomment pas pimenté. De même pour ce qui est du sel.

Les Chinois mangent trois fois par jour à savoir le matin entre 7H-9H, à midi entre 11H-13H et le soir entre 16H-18H.

En Chine dans la plupart des cas c’est celui qui invite manger qui règle la facture. Mais il est important si vous êtes invité aujourd’hui que vous pensiez à inviter prochainement.

4/ La culture du travail associé à l’amour de la patrie

Ce peuple est un peuple travailleur. Si quelqu’un vous dit un jour le contraire sachez que cette personne n’a jamais fait la Chine. Quel que soit le métier qu’un chinois exerce, il le fait avec amour, engagement et dévotion. Quand bien même on se dit qu’un chinois est malheureux par rapport à son métier il dira toujours non en soulignant que c’est le développement de son pays qui est plus important et qu’il est prêt à tout faire pour que son pays se développe d’avantage.

L’aspect sportif

En plus des sports qui sont pratiqués partout dans le monde, les chinois ont une autre particularité à savoir le sport des personnes du 3 e âge. S’il vous arrive un jour de vous balader dans les rues chinoises en soirée et que vous voyez un groupe ou des groupes de personnes âgées entrain d’exercer des pas de danse, sachez qu’il ne s’agit pas de la danse au sens propres ; c’est leur manière à eux de faire du sport.

Le Football, le Basketball et le Badminton sont jusqu’ aujourd’hui les sports les plus pratiqués en Chine.

Quoi qu’en disent les moralistes, la Chine reste et demeure un grand Etat avec une richesse culturelle inébranlable. En Chine j’ai compris ce que c’est l’humilité ; En Chine j’ai compris ce que c’est l’amour de la Patrie ; En Chine j’ai compris ce que c’est l’engagement dans le travail ; Et c est encore en Chine que j’ai compris ce que c’est le respect du temps.   


[1]  Marketing Chine | Juil 25, 2009 | Analyse MarketingTendances de Consommation