jeudi, avril 18

« On va vers une nouvelle guerre froide » d’un type très différent

Interrogé par L’Orient-Le Jour, Jean-Pierre Cabestan, sinologue et directeur de recherche au CNRS, a expliqué que « la Chine commence véritablement à s’inquiéter », des déclarations de Donald Trump, depuis sa victoire à la présidentielle américaine, le 20 novembre 2016.

Pour le sinologue, les agissements à répétition du président montrent que « les choses se confirment du côté américain : la nouvelle administration va renforcer sa relation avec Taïwan, et la rendre moins discrète ». Avis partagé par Françoise Mengin, directrice de recherches au CERI (Sciences Po), qui a indiqué à L’ORJ, que « déjà sous l’administration Obama, ces derniers mois, le niveau des contacts bilatéraux avait été relevé, notamment sur le plan militaire ».

En effet, dans la loi sur le budget de la Défense américaine, adoptée par le président Barack Obama, le Congrès « exprime l’idée que (le département américain de la Défense) devrait lancer un programme d’échanges militaires de haut niveau entre les Etats-Unis et Taïwan« .

De plus, Taipei a réalisé des exercices de simulation de guerre avec la Chine continentale, suivi par le Japon, avec l’armée américaine en observateur, qui a effectué des exercices simulant une guerre entre la Chine et Taïwan. Or pour Françoise Mengin, la Chine ne devrait pas entrer dans les eaux taïwanaises, car « elle subirait un contrecoup très élevé sur la scène internationale ».

En dépit de la montée de l’influence de la Chine dans la région, Washington conserve plus d’alliés, ce qui porterait atteinte à l’ambition de Beijing de devenir une puissance régionale.

Cependant, pour Jean-Pierre Cabestan, « on va vers une nouvelle guerre froide, d’un type particulier, car les deux sociétés et économies sont beaucoup plus intégrées qu’autrefois ».  Donald Trump n’ira certainement pas jusqu’à normaliser ses relations la présidente Tsai Ing-wen, selon ces deux experts, et Beijing n’ira pas à la confrontation directe avec Washington.

L’interdépendance de ces deux puissances économique mondiales n’empêche pas les rivalités stratégiques, car les pays asiatiques subissent la situation. Ne souhaitant pas prendre parti pour la Chine ou les Etats-Unis, si la situation actuelle change, ils devront prendre position et en subir les conséquences.

D’ailleurs, certains pays de l’ASEAN ont clairement prit parti pour la position de Beijing sur la question de la mer de Chine méridionale, s’attirant les foudres des alliés de Washington. Donc « si les choses s’enveniment entre la Chine et les États-Unis, on peut aller vers une déstabilisation de la région. La bipolarisation va être de plus en plus nette en Asie-Pacifique, avec le risque pour certains pays de devoir prendre un parti clair, et d’en payer le prix« , a assuré Jean-Pierre Cabestan.

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