mardi, avril 23

Pour l’OMS, la thèse d’une fuite d’un laboratoire chinois mérite d’être approfondie

L’origine du Covid-19 est largement attribuée depuis plus de deux ans au pangolin, ou du moins à une transmission de la chauve-souris à l’homme par le biais d’un animal intermédiaire.

Cependant, la thèse d’une fuite de laboratoire en Chine a été mise en avant par les autorités américaines, durant la mandature de Donald Trump. Cette théorie n’a pas été totalement exclue par l’OMS, le 9 juin.

Elle effet, l’Organisation Mondiale de la Santé a demandé que des expertises supplémentaires soient menées, avec la coopération de la Chine, qui est essentielle à ces recherches.

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MANQUE DE DONNÉES

La thèse du virus du Covid-19 échappé d’un laboratoire en Chine mérite de « plus amples recherches », ont estimé des experts nommés par l’OMS, qui insistent sur l’absence pour l’heure de preuves définitives sur l’origine de la pandémie, quel que soit le scénario considéré.

Ces 27 experts, issus d’une large palette de disciplines, ont également dressé une liste d’études supplémentaires à mener sur la théorie d’un passage du virus du Covid-19 de la chauve-souris à l’homme par le biais d’un animal intermédiaire, non identifié.

« Ce rapport préliminaire n’est pas destiné (et il ne le fait d’ailleurs pas) à apporter des conclusions définitives sur les origines du Sars-Cov2 parce qu’il faut plus d’informations grâce aux études que le rapport recommande », ont indiqué les experts du Groupe consultatif scientifique sur les origines des nouveaux agents pathogènes (SAGO).

Le débat sur les origines est virulent dans la communauté scientifique car il a pris une dimension politique qui complique l’enquête. Un premier groupe mixte de scientifiques internationaux et chinois, qui avait enquêté en Chine au début de 2021 après de longues tractations avec les autorités, avait privilégié la thèse de l’animal intermédiaire et le départ sur un marché de Wuhan.

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Leurs résultats avaient provoqué un tollé, car ils avaient écarté la thèse de la fuite d’un laboratoire de cette ville, malgré un manque de données, au point d’obliger le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus à la remettre sur la table.

LES EXPERTS SOUHAITENT COOPÉRER AVEC LES AUTORITÉS CHINOISES

Trois experts de SAGO de Chine, du Brésil et de Russie ont estimé qu’il n’y avait pas lieu de poursuivre cette piste. « Ce n’est pas parce que nous en parlons que nous pensons que c’est l’explication », a souligné la présidente de SAGO, Marietjie Venter, qui estime que « les indices les plus solides pointent vers une zoonose ».

Mais « nous devons avoir l’esprit ouvert et couvrir toutes les hypothèses », y compris celle de la fuite d’un laboratoire au Wuhan, a souligné le co-président, Jean-Claude Manuguerra, lors d’un point de presse.

Plus de deux ans et demi après le début de la crise sanitaire, le SAGO a souligné « qu’il manque encore des données clés pour comprendre comment la pandémie de Covid-19 a commencé ».

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Toutefois, des progrès ont été réalisés par exemple sur l’identification des animaux susceptibles de jouer le rôle d’intermédiaire. Des vérifications sont aussi en cours sur d’éventuels cas en dehors de Chine avant ceux détectés à Wuhan, notamment en Italie mais aussi en France et aux États-Unis.

Le groupe SAGO a souligné qu’il « n’a eu accès qu’à des informations mises à sa disposition dans des documents publiés ou des présentations » de scientifiques invités, notamment chinois, et pas à des données brutes.

Les experts a adressé une longue liste de souhaits détaillant les études supplémentaires nécessaires à ses yeux pour tenter d’avancer dans l’enquête. Ces derniers attestent que la collaboration active des autorités chinoises sera nécessaire pour un bon nombre de ces requêtes, y compris sur le volet laboratoire, un sujet ultrasensible.

« Nous n’avons pas le mandat pour entrer dans un pays, nulle part dans le monde, et nous avons besoin de la collaboration et de la coopération des pays » pour mener ces enquêtes« , a expliqué Maria van Kerkhove, qui supervise la lutte contre le Covid-19 à l’OMS.

La scientifique a indiqué que « nous allons continuer à travailler avec nos collègues en Chine pour voir comment nous pouvons avancer sur chacune des études qui ont été recommandées » dans le rapport.

Le Dr Tedros pour sa part a insisté qu’il était crucial que le travail des scientifiques pour déterminer les origines de Covid-19 « soit complètement séparé de la politique ».

LE PATRON DE L’OMS ATTAQUE UN LABORATOIRE CHINOIS

Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus

Selon le Daily Mail, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus aurait confié en privé à un politicien européen que la pandémie provenait du laboratoire de Wuhan.

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Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus aurait dit que l’explication la plus probable a été un accident catastrophique dans un laboratoire de Wuhan, où les infections se sont propagées pour la première fois à la fin de l’année 2019.

Cependant, l’institution de santé des Nations Unies soutient que «toutes les hypothèses restent sur la table». L’OMS avait été critiqué pour avoir été trop clémente avec la Chine, mais en l’absence de toute preuve de la propagation «zoonotique» (processus par lequel un virus saute des animaux aux humains), l’agence mondiale adopte désormais une position publique plus neutre.

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« Nous n’avons pas encore les réponses sur l’où elle venait ni comment elle est entrée dans la population humaine. Comprendre les origines du virus est très important scientifiquement pour prévenir les futures épidémies et pandémies », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Mais moralement, nous le devons également à tous ceux qui ont souffert et sont morts et leurs familles. Plus il faut longtemps, plus il devient difficile. Nous devons accélérer et agir avec un sentiment d’urgence« , a indiqué ce dernier.

Il a réitéré ses propos en indiquant que « toutes les hypothèses doivent rester sur la table jusqu’à ce que nous ayons des preuves qui nous permettent de gouverner certaines hypothèses à l’intérieur ou à l’extérieur. Cela rend d’autant plus urgent que ce travail scientifique soit séparé de la politique ».

D’autant plus que face aux polémiques, l’OMS, dans son évaluation initiale, avait déclaré qu’il était «extrêmement improbable» que Covid-19 soit sorti d’un laboratoire, mais plus tard, l’agence a admis avoir des défauts dans le rapport et a commandé une nouvelle enquête.

Ainsi un rapport récent, publié par Scientific Advisory Group for the Origins of Novel Pathogens (Sago), a indiqué que le panel d’experts créé en 2021 pour rechercher les causes derrière la pandémie par l’OMS a annoncé que « les éléments clés de données ne sont pas encore disponibles pour une compréhension complète de la façon dont la pandémie Covid-19 a commencé ».

Le rapport, cependant, suggère que le Covid-19 provenait probablement d’animaux, certainement des chauves-souris. Mais ils n’ont pas non plus exclu la possibilité d’une fuite de laboratoire, citant le manque de données claires.

La Chine a de nouveau protesté vis-à-vis de qu’elle qualifie d’« allégations » d’une fuite de laboratoire n’étaient qu’une « théorie du complot ». Il a également affirmé que le virus était originaire des États-Unis.

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