jeudi, mars 28

Pour Washington, le coronavirus provient d’un laboratoire de Wuhan

Les Etats-Unis n’excluent pas que le coronavirus à l’origine de la pandémie provienne, bien que d’origine naturelle, d’un laboratoire chinois à Wuhan, et évoquent une « enquête » pour faire toute la lumière.

« Nous menons une enquête exhaustive sur tout ce que nous pouvons apprendre sur la façon dont ce virus s’est propagé, a contaminé le monde et a provoqué une telle tragédie », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo sur la chaîne Fox News.

Le nouveau coronavirus est soupçonné d’être apparu fin 2019 dans un marché de vente en gros dans la ville de Wuhan, où sont vendus des animaux sauvages vivants. Des experts ont découvert que le coronavirus était proche d’un virus présent chez des chauves-souris.

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Le virus aurait muté et se serait transmis à l’une des espèces vendues sur le marché, d’où le virus aurait ensuite contaminé des humains. L’animal intermédiaire n’a pas été identifié avec certitude. Certains ont donné l’hypothèse d’un pangolin.

Une erreur humaine à l’origine de la contagion

Cependant, d’après le journal Washington Post, des représentants de l’ambassade des Etats-Unis à Beijing ont effectué plusieurs visites à l’Institut de virologie de Wuhan. La représentation diplomatique avait alerté à deux reprises, selon le quotidien, en 2018, le département d’État américain sur les mesures de sécurité insuffisantes dans ce laboratoire qui étudiait les coronavirus chez les chauves-souris.

De son coté, la chaîne conservatrice américaine Fox News a indiqué que selon « plusieurs sources », dont la chaîne ne précise pas la nature, pensent désormais que l’actuel coronavirus émane de ce même laboratoire.

Plusieurs thèses complotistes, largement démenties par les experts, assuraient que le coronavirus est un agent pathogène créé par les autorités chinoises, voire d’une arme bactériologique. Or Fox News a évoqué un virus naturel, étudié dans le laboratoire.

Sa « fuite » ne serait pas volontaire, mais due aux mauvais protocoles de sécurité de cet institut, ont indiqué des experts américains. Dans cette hypothèse, le « patient zéro » serait donc un employé du laboratoire, qui aurait propagé le virus dans la population après avoir été accidentellement contaminé.

Interrogé le 16 avril, un porte-parole du ministère des affaires étrangères, Zhao Lijian, a démenti cette possibilité. « De nombreux experts médicaux réputés dans le monde estiment que l’hypothèse d’une soi-disant fuite n’a aucune base scientifique », a-t-il déclaré, estimant que l’origine du virus devait faire l’objet d’études de spécialistes.

Le « virus chinois » né à Wuhan

Mais pour les dirigeants américains, en refusant d’inclure cette hypothèse, elle semble d’autant plus crédible pour Washington. Interrogé le 15 avril à la Maison Blanche, Donald Trump s’est montré évasif.

« Je peux vous dire que nous entendons de plus en plus cette histoire. Nous allons voir », a déclaré le président américain, assurant que cette « horrible situation » faisait l’objet d’un « examen très approfondi ».

Son secrétaire d’État n’a lui démenti ni les informations du Washington Post, ni celles de Fox News. Mike Pompeo a ainsi assuré « rien que le fait qu’il faille poser ces questions, rien que le fait que nous n’en connaissons pas les réponses, que la Chine n’a pas partagé les réponses, cela en dit long ».

« Ce que nous savons, c’est que ce virus est né à Wuhan, en Chine », a-t-il relevé. « Ce que nous savons, c’est que l’Institut de virologie de Wuhan n’est qu’à quelques kilomètres du marché de rue. Il y a encore beaucoup à apprendre », a-t-il insisté.

Ce dernier est le chef de proue des dénonciateurs du manque de transparence des chinois, voire une opération de « dissimulation » de la part de Beijing pour « cacher » initialement la gravité du virus.

Américain, français et anglais assurent d’un manque de transparence

Mike Pompeo l’a longtemps appelé « virus de Wuhan », avant de cesser d’employer cette formule qui agace Beijing, après une trêve informelle entre Donald Trump et Xi Jinping fin mars dans la guerre des mots entre les deux grandes puissances sur les responsabilités autour de la pandémie.

A l’inverse de Mike Pompeo, le ministre américain de la défense, Mark Esper, et le chef d’état-major, Mark Milley, se sont montrés plus prudents sur l’origine du virus. « Une majorité d’éléments à ce stade indiquent qu’il était naturel, d’origine naturelle », a indiqué Mark Esper, alors que Mark Milley a balayé des « rumeurs et spéculations », assurant que rien ne permettait en l’état de confirmer ces hypothèses. « Mais nous ne sommes sûrs de rien », a souligné ce dernier.

Le président français Emmanuel Macron a estimé quant à lui, le 16 avril, qu’il existait des zones d’ombre dans la gestion de l’épidémie de coronavirus par la Chine. Il a déclaré au Financial Times qu’il y avait « manifestement des choses qui se sont passées qu’on ne sait pas ».

« N’ayons pas une espèce de naïveté qui consiste à dire que (la gestion de l’épidémie par la Chine, NDLR) c’est beaucoup plus fort. On ne sait pas. Et même, il y a manifestement des choses qui se sont passées qu’on ne sait pas », a assuré le président français.

Les réserves du chef de l’État sur la gestion de la crise par Beijing rejoignent les doutes exprimés par Londres et Washington. En effet, le Royaume-Uni vient d’avertir jeudi la Chine qu’elle devrait répondre à des « questions difficiles sur l’apparition du virus, et pourquoi il n’a pas été stoppé plus tôt ».

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La Russie est aussi intervenue le 16 avril dans la soirée, pour prendre la défense de la Chine. Le président russe Vladimir Poutine a qualifié de « contre-productives » les accusations visant Pékin, soupçonné de désinformation sur le nouveau coronavirus, apparu en Chine.

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