mercredi, avril 24

Premier front uni entre le PCC et le KMT

Le front uni est une alliance entre le Kuomintang (KMT) et le Parti communiste chinois (PCC), de 1924 à 1927, afin d’unifier le gouvernement de la République de Chine, instaurée en 1912.

En septembre 1923, les nationalistes du Kuomintang et les communistes concluent une alliance pour lutter contre les différentes factions de Seigneurs de la guerre dans le nord du pays, connus sous le nom commun de gouvernement de Beiyang.

Le Parti Communication Chinois, créé en 1921, a très peu de membres, mais bénéficie du rapprochement des nationalistes avec les Soviétiques, un délégué du Komintern assiste à la conclusion de l’alliance.

En janvier 1924, le Kuomintang accepte dans ses statuts le principe de la double appartenance : les membres du PCC, sur le conseil des Soviétiques, intègrent alors le Kuomintang tout en restant membres du PCC.

En avril 1924, les Soviétiques aident à la création de l’Académie militaire de Huangpu, qui forme une élite militaire chinoise et constitue l’embryon d’une future armée à la reconquête du pays. Tchang Kaï-chek, devenu directeur de l’académie après une période de formation militaire en Union soviétique. Il apparaît alors progressivement comme une figure de premier plan.

Les ouvriers chinois commencent à s’organiser et déclenchent des grèves dans les usines. En mai 1925, la fédération des syndicats de Chine a été créé. Parallèlement, les paysans s’organisent aussi, notamment dans le Guangdong. En juin 1926, des unions paysannes sont créées dans douze provinces, regroupant près d’un million de membres.

À partir de 1925, le mouvement du 30 mai est lancé, il rassemblé des grèves générales et de manifestations contre l’impérialisme occidental et les seigneurs de la guerre, dénoncés comme étant des agents de l’Occident. Ce mouvement est déclenché à la fois par l’émotion suite à la mort de Sun Yat-sen le 12 mars 1925 et par la répression brutale d’une manifestation, le 30 mai 1925, dans les concessions internationales de Shanghai, par le KMT.

Wang Jingwei revendique l’héritage politique de Sun Yat-sen, mais le parti se divise en deux camps. D’un côté, la gauche du parti, menée notamment par Wang Jingwei, qui veut le maintien de l’alliance avec les communistes. De l’autre, la droite, représentée par Hu Hanmin et Tchang Kaï-chek, qui répudie les principes de la lutte des classes.

En mars 1926, Tchang Kaï-chek dénonce une tentative d’enlèvement contre lui, et réalise un coup de force à Canton. Il y déclare la loi martiale, congédiant ses conseillers soviétiques et limitant la possibilité pour les membres du Parti communiste de participer à la direction du Kuomintang. Chef militaire du parti, Tchang Kaï-chek s’impose comme le dirigeant incontesté du Kuomintang.

En juillet 1926, l’Armée nationale révolutionnaire, créée par le Kuomintang et dirigée par Tchang Kaï-chek, lance l’expédition armée contre les seigneurs de la guerre du nord. Le Komintern, espérant toujours favoriser le maintien de l’alliance entre le KMT et le PCC, demande au PCC de soutenir l’expédition.

La population accueille favorablement l’expédition, et le PCC, participant au mouvement, voit le nombre de ses membres multiplié par dix. Au début de 1927, Wang Jingwei, partisan du maintien de l’alliance avec les communistes, déplace le gouvernement à Wuhan pour lutter contre l’influence de Tchang Kaï-chek.

En mars 1927, les ouvriers de Shanghai, mobilisés par le PCC, prennent le contrôle de la ville face aux factions locales des seigneurs de la guerre, avant l’arrivée des nationalistes. Tchang Kaï-chek, arrivé à Shanghai, est inquiet de l’influence grandissante des communistes.

Le 12 avril 1927, il déclenche contre eux une sanglante répression à Shanghai avec l’aide de la pègre locale. Indifférent aux protestations de l’aile gauche du Kuomintang, Tchang Kaï-chek déclenche la purge généralisée des communistes dans le Kuomintang et fonde à Nankin un gouvernement national. La rupture entre la gauche et la droite est consommée.

Les communistes, alliés à l’aile gauche du Kuomintang maintiennent un temps le front uni. Mais le gouvernement de Wang Jingwei n’a pas les moyens de lutter contre celui de Tchang Kaï-chek.

Wang Jingwei finit par se rallier à Tchang Kaï-chek et se met à réprimer lui aussi les communistes. Les soulèvements des communistes se multiplient et la guerre civile commence, avec une pause destinée à constituer un deuxième front uni contre l’agression de l’Empire du Japon.