samedi, avril 20

Rebond de l’industrie mais perspectives sombres

L’activité manufacturière, qui s’était effondrée en février, a connu en mars un rebond surprise malgré l’épidémie de coronavirus. Malgré cela, la Banque mondiale craint un risque de croissance zéro pour la deuxième économie mondiale.

L’indice des directeurs d’achats (PMI) pour le mois de mars s’est établi à 52 points contre 35,7 en février, un plancher historique, a annoncé le Bureau d’Etat des statistiques (BES). Un chiffre supérieur à 50 témoigne d’une expansion de l’activité et, en deçà, il traduit une contraction.

Il s’agit d’un résultat bien supérieur à la prévision moyenne des analystes sondés par l’agence Bloomberg, qui tablaient sur 44,8. Ce chiffre est aussi une performance depuis 2017.

L’épidémie a eu des répercussions négatives sur la production et le fonctionnement des entreprises, provoquant l’arrêt quasi total du pays en février, au moment où des centaines de millions de chinois restaient chez eux. Les mesures anti-épidémie ont également fortement perturbé les transports et compliqué les approvisionnements en pièces détachées et en matières premières.

Depuis, l’activité reprend progressivement, à la faveur d’un fort ralentissement de la contagion et d’une levée graduelle des mesures de quarantaine. Mais les conséquences sur l’économie devraient s’éterniser. Le rebond de l’activité manufacturière « ne signifie pas un retour à la normale de la situation économique », a prévenu le BES.

D’autant plus que l’économie connaît un important ralentissement, et cela bien avant l’épidémie, en raison de la guerre commerciale américaine. De ce fait, le gouvernement doit faire également face à un pouvoir d’achat en berne et une pandémie qui paralyse désormais les principaux partenaires commerciaux du géant asiatique, l’horizon est loin d’être dégagé.

Et contrairement aux mesures prises lors de la crise financière de 2008-2009, Beijing ne semble pas enclin à mettre en place un vaste plan de relance massif dans les infrastructures. Cependant, le gouvernement n’a pas encore fixé son objectif de croissance pour l’année en cours, et n’a toujours pas communiqué de chiffre pour 2020.

Pour Ma Jun, conseiller économique de la banque centrale, le gouvernement ne devrait pas communiquer de chiffre, ni d’estimation de croissance. « Les conséquences sur l’économie chinoise dépendent principalement de l’évolution de la pandémie aux Etats-Unis et en Europe », principaux partenaires commerciaux de Pékin, a expliqué ce dernier.

En janvier, la Banque mondiale tablait encore sur une croissance de 5,9% pour le géant asiatique. Mais si les effets de la pandémie se font ressentir, et le scénario du pire pourrait bien se concrétiser. De plus, la croissance du géant asiatique serait en train de chuter à presque rien, 0,1%, selon les prévision de l’institution de Washington.

« Reste à voir si le gouvernement (chinois) peut réactiver l’activité économique aussi brusquement qu’il l’a arrêtée », a indiqué la Banque mondiale dans un rapport, sur la base de données collectées jusqu’au 27 mars.

D’après ce rapport, de nombreuses grandes entreprises industrielles ont assuré avoir reprit leur production. Mais le problème est plus important pour les nombreuses petites et moyennes entreprises qui sont toujours en difficulté.

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« Il est particulièrement difficile de faire des projections précises dans un environnement en constante évolution », a admit Aaditya Mattoo, chef économiste à la Banque mondiale pour la région Asie de l’Est-Pacifique.

Malgré les experts attestent que la Chine devra faire face à un ralentissement vertigineux, car la demande et les chaînes d’approvisionnement sont affectés et les marchés financiers perturbés. « La maladie elle-même est dans une instabilité constante », a constaté Aaditya Mattoo.

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