dimanche, mars 10

Une réforme des Cent Jours vite exhortée

La Réforme des Cent Jours, aussi appelé « Réforme Wuxu », est un mouvement de réforme qui a rapidement échoué durant la dynastie Qing (1644-1912).  Ce mouvement se situe entre le 11 juin et 21 septembre 1898, lancé par le jeune empereur Guangxu et ses conseillers réformistes menés par le libéral, Kang Youwei.

Les réformes concernaient divers domaines tels que la gouvernance, la nation, la culture, l’éducation et la politique. Mais cette Réforme des 100 jours s’achève lors du « Coup d’État de 1898 » conduit par les puissants opposants conservateurs menés par l’impératrice douairière Cixi.

Une période d’humiliations

Seconde Guerre d’Opium – Le pont de Pa-Li-Kiao, le soir de la bataille, Émile Bayard

Durant le XIXème siècle, la Chine impériale connaît une lente période de déclin et d’humiliations face aux puissances occidentales (Royaume-Uni, France, Allemagne, Etats-Unis, Russie, Japon). La situation dégénère particulièrement avec la défaite  et la signature de « traités inégaux » à la suite des Guerres d’opium, la guerre franco-chinoise et la première guerre sino-japonaise.

Les conséquences de cette période de chaos pèsent sur la société (hausse des taxes, impôts, pauvreté, catastrophe naturelle, …), et met en évidence le profond retard de la Chine face au monde extérieur et l’inadaptation de son système impérial face à des républiques étrangères puissances.

De nombreux réformistes estimaient que le pays devaient se moderniser, tant sur le plan militaire que politique et économique.  Mais le point culminant des tensions entre la cour impériale et la population est la défaite contre le Japon.

Il s’agit d’un choc immense pour les chinois, car cette défaite a été infligée par un État longtemps considéré comme vassal, beaucoup plus petit, et jugé « inférieur ». De plus, elle entraîne une course aux « privilèges » de la part des autres pays étrangers qui renégocient les traités, en particulier de la part de l’Allemagne et de la Russie, qui s’accapare une partie du nord de la Chine.

Une tentative de révolution politique et sociale

Le 16 juin 1898, grâce au soutien de plusieurs officiels impériaux, le lettré et théoricien politique Kang Youwei parvient à obtenir une audience auprès de l’Empereur Guangxu.

De nombreux intellectuels prennent conscience de l’absence d’une politique de modernisation, dont Kang Youwei, chef de file du courant libéral. Ce dernier souhaite appliquer un programme de modernisation et présente à la cour impériale une pétition, signée par des milliers de lettrés, demandant des réformes profondes.

Empereur Guangxu

L’empereur Guangxu soutient ses lettrés et leurs propositions. Au printemps 1898, Kang Youwei est appelé par le jeune empereur pour faire partie de son équipe de novateur, désireux de réformer le pays en profondeur. Par la suite, plusieurs élèves de Kang Youwei sont nommés à divers postes dans l’administration de la capitale pour mettre en place ces réformes.

Dans le courant de l’été 1898, l’empereur Guangxu émet 130 décrets de réformes afin d’introduire de profonds changements tant sociaux qu’institutionnels. Sont notamment prévus :

  • sur le plan politique : l’abandon de la monarchie absolue pour un système de monarchie constitutionnelle, une modernisation de l’armée ;
  • sur le plan administratif : la modernisation de l’examen impérial et l’élimination des trop nombreuses sinécures dans l’administration du pays ;
  • sur le plan éducatif : l’ouverture d’écoles et d’universités modernes et l’adoption d’un nouveau système éducatif centré sur la modernité et non sur l’étude du confucianisme ;
  • sur le plan économique : l’adoption des principes du capitalisme, et une politique d’industrialisation, utilisant les techniques importées d’Occident.

Les effets négatifs des réformes

Le mouvement de réforme se heurte à une vive opposition à la cour impériale de la part des ultraconservateurs et des réformateurs plus modérés, qui dénoncent la politique préconisée par Kang Youwei. Celle-ci est jugée trop rapide et trop brutale, mais surtout parce qu’elle remet en question le système traditionnel de la Chine impériale.

L’empereur Guangxu suscite aussi l’hostilité de nombreux administrateurs impériaux, qui craignent de perdre leurs postes car les réformes prévoient la suppression des postes de gouverneurs dans certaines provinces, dont le Hubei, Guangdong et le Yunnan.

L’impératrice douairière Cixi reçoit alors le soutien des conservateurs. À l’automne 1898, Cixi, tante de l’empereur, et son allié le général Ronglu préparent un coup d’État contre l’empereur.

Kang Youwei

L’entourage de Kang Youwei, informé de ses plans, tente d’obtenir l’aide de Yuan Shikai, commandant de la Nouvelle Armée, pour réaliser un contrecoup d’État et éliminer Cixi et Ronglu. Mais Yuan Shikai n’apporte pas son soutien aux réformistes et, au contraire, informe Ronglu de leurs intentions.

Le 21 septembre, les troupes du général Ronglu encerclent la Cité interdite et mettent l’empereur aux arrêts. L’empereur étant « reconnu incapable de gouverner », selon un communiqué du palais, Cixi prend en charge la régence de l’empire. Tandis que Pujun, le fils du conservateur Prince Tuan, est proclamé héritier du trône.

Par la suite, l’empereur Guangxu, détenu sur une île au sein du palais, ne devait plus retrouver le pouvoir, et vécut dans l’humiliation et le secret jusqu’à sa mort en 1908. Le dalaï-lama Thubten Gyatso qui conduit les rituels funéraires et rédige l’éloge funèbre de l’empereur.

Six des principaux artisans des réformes, Tan Sitong , Kang Guangren (frère de Kang Youwei), Lin Xu, Yang Shenxiu, Yang Rui, et Liu Guangdi désignés dans l’historiographie chinoise sous le nom des « Six gentilshommes » ou les « Six hommes intègres », sont exécutés par décapitation. Kang Youwei et son disciple Liang Qichao s’enfuient au Japon, où ils fondent la Baohuang Hui.

Les conséquences des réformes

Après la fin du mouvement réformateur, l’Empire de Chine fait face aux puissances étrangères en soutenant la révolte des Boxers (1899-1901), qui aggrave la présence et l’influence des étrangers en Chine. Ces derniers exerceront des sévisses sans précédent et obligèrent le cour à massacrer les Boxers et leur famille.

Cette situation met encore plus à mal la cour impériale, déjà discréditée après les catastrophes naturelles à répétition et les Guerres d’opium. Le système impérial tente de mettre en place plusieurs :

  • en 1905 : le système des examens pour l’entrée dans la fonction publique est abandonné; envoie des jeunes en Europe et au Japon pour étudier les sciences nouvelles, telles que l’économie, et des modes de pensée nouveaux dont le marxisme; réorganisation de l’armée sur la base des modèles d’organisation occidental et japonais ; professionnalisation de l’armée, et mise en place d’un nouveau corps d’officiers est créé sur le principe de la loyauté à son commandant
  • en 1906, l’armée est dotée d’armes modernes
  • en 1909, les Assemblées provinciales sont mises en place
  • en 1910, une Assemblée consultative nationale, démocratiquement élue, est établie, souvent en désaccord avec la cour impériale

L’échec de la Réforme des Cent Jours convainc les partisans du modernisme de l’impossibilité de moderniser le système impérial. Les sociétés secrètes nationalistes se développement en nombre, conduisant à la Révolution de 1911, et la fin de l’Empire par l’instauration de la République de Chine, sur le modèle occidental.

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