vendredi, mars 29

Relations sino-maliennes : 60 ans d’une amitié sincère qui se perpétue

Par Yoro Diallo – Cette année 2020 marque le 60ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la République du Mali et la République Populaire de Chine. En effet, le 22 Octobre 1960, soit un mois après la proclamation de l’indépendance de la République du Mali, le Président Modibo KEITA et l’Ambassadeur de la République Populaire de Chine en République de Guinée (Conakry) procèdent à Bamako à la signature de documents officialisant :

  • la reconnaissance solennelle de la seule et unique Chine par le nouvel État malien ;
  • la reconnaissance de la souveraineté du Mali nouveau par la République Populaire de Chine ;
  • l’échange de missions diplomatiques entre les deux pays.

La République Populaire de Chine devenait ainsi, après la République Fédérale d’Allemagne, le deuxième pays au monde à reconnaitre le Mali indépendant. En parlant d’indépendance nous notons que la Chine nouvelle a été fondée le 1er Octobre 1949 à l’issue de longues et rudes batailles menées par le Peuple Chinois sous la direction du Parti Communiste Chinois contre une dizaine de puissances occupantes. La République du Mali a accédé à la souveraineté pleine et entière à la suite de l’éclatement de la Fédération du Mali qui regroupait la République Soudanaise et la République du Sénégal.

L’acte historique posé par les deux diplomates Maliens et Chinois de haut rang (Modibo Keita était Président de la République et Ministre des Affaires Étrangères), relevait de la volonté du Président malien d’affranchir son pays du joug de l’ancien colonisateur, mais aussi de l’engagement pris par la Chine en 1955 pour appuyer les pays d’Afrique et d’Asie dans la voie de l’édification de leurs indépendances politique et économique. Au mois d’Avril 1955, 29 pays d’Afrique et d’Asie dont la Chine ont tenu à Bandung, en Indonésie une conférence connue sous le nom de « Conférence de Bandung » ou « Conférence des Non-alignés ».

Ladite Conférence a mis en évidence « l’urgente nécessité d`encourager le développement économique de la zone Afrique-Asie ». Depuis, fidèle à son engagement, la Chine n’a cessé d’œuvrer avec pragmatisme et constance à la mise en œuvre de l’esprit de Bandung. La volonté fermement affichée par la Chine prend dans l’histoire du pays, notamment la période coloniale faite d’exploitation, d’humiliation et de barbarie que les peuples Africains, Asiatiques et Chinois ont en partage.

En célébrant ce 60ème anniversaire, l’histoire des relations Sino-maliennes nous enseigne que les grands peuples font les grands hommes et les grands hommes écrivent les pages glorieuses de l’histoire des grands peuples. Les grands hommes, dirigeants patriotes, visionnaires Chinois et Maliens, ont établis entre les deux peuples, des liens que ni le temps ni les vicissitudes de l’histoire n’ont pu ébranler.

Le 25 Octobre 1960, le Mali et la Chine procèdent à un échange d’Ambassadeurs. Le 8 Mai 1961, le premier Ambassadeur du Mali S.E.M. Konimba Pléa présente ses lettres de créances  au Vice-Président de Chine, M. Dong Biwu. Les relations entre les deux pays connaitront un développement exponentiel. Le Mali apportant son  soutien sans failles à la Chine en ce qui concerne les questions relatives à Taïwan (partie intégrante de la Chine), à l’unicité de République Populaire de Chine. L’héritier de l’Empire du Mali restera un ardent défenseur de l’intégration de l’héritier de l’Empire du milieu aux Nations Unies (Conseil de Sécurité) en 1971.

Mao Zedong

Lors de cette intégration, Chairman Mao Zedong dira : «ce sont nos frères Africains qui nous ont amenés aux Nations Unies».  Le Mali était incontestablement parmi les frères Africains auxquels Chairman Mao faisait allusion. Du mois de décembre 1963 au mois de février 1964, le Premier ministre Chinois Zhou Enlai effectue  une tournée  mémorable dans treize (13) pays d’Asie et d’Afrique.

Du 16 au 21 janvier 1964, il séjourne au Mali. Dans son intervention dans la ville de Koulikoro (située à 60 km de Bamako) où il sera fait citoyen d’honneur, Zhou Enlai déclare : « La Chine est prête à aider le Mali à accéder à son indépendance économique …». Du 29 Septembre au 7 Novembre 1964, le Président Modibo Keita effectue une visite officielle particulièrement remarquée en Chine. Lors de ladite visite la Chine et le Mali procèdent à la signature du «Traité d’Amitié Chine-Mali» établissant le cadre juridique de la coopération bilatérale.

Les visites de part et d’autre de hautes personnalités maliennes et chinoises au cours de l’année 1964 enracinent profondément les relations Sino-maliennes dans un socle immuable. Les deux pays affichent leurs ambitions et leur détermination à œuvrer main dans la main pour leur développement économique et social. La voie socialiste de développement adopté par le régime malien participait entre autre des facteurs de  rapprochement idéologique  entre les deux pays.

Après le coup d’état militaire contre Modibo Keita en Novembre 1968, les Dirigeants successifs du Mali s’attacheront à maintenir et à renforcer les liens établis. Les observateurs avisés des relations internationales à relèveront que les relations Sino-maliennes transcendent la simple formulation diplomatique et protocolaire. Les plus hautes autorités des deux pays n’hésiteront pas à qualifier lesdites relations d’amicales et fraternelles.

Au plan économique la Chine contribuera très largement à la formation du tissu industriel du Mali.  Le colonisateur avait laissé un pays pauvre, démunie de toute infrastructure. L’aide accordé par la Chine dans les domaines de l’industrie, de la santé, de l’éducation et de la culture constituera le socle de  l’économie du Mali. Le coup d’état militaire de 1968 au Mali et les programmes d’ajustement structurels imposés aux pays Africains ont provoqué le délabrement de l’économie malienne en gestation, sapé l’élan de développement imprimé par la coopération chinoise.

En 2000 les relations entre la Chine et le Mali connaitront une véritable redynamisation, un nouveau départ. Grace à la Chine, le Mali relèvera le défi de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de Football.  La Chine construira des infrastructures routières, touristique, sportive a travers toutes les régions du Mali. En 2010, à l’occasion de la célébration du cinquantième anniversaire du Mali et de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, la Chine manifestera son amitié en accordant au Mali à titre de don le troisième pont dont la ville de Bamako avait tant besoin sur le fleuve Niger.

Ce nouveau pont baptisé «Pont de l’amitié Sino-malienne» est un symbole probant de l’excellence des relations existant entre la Chine et le Mali. Cet ouvrage constitue sans aucun doute le plus beau et le plus significatif cadeau que le Mali a eu a bénéficié de la part d’un partenaire. L’ouvrage en lui-même est constitué d’un pont d’environ 1450 mètres et des bretelles portant sur une longueur totale de 2200 mètres.

Signature d’un accord entre ZHU Liying, Ambassadeur de Chine au Mali et le président malien Ibrahim Boubacar Keïta dans le cadre de La Ceinture et la Route

Dans le cadre des opérations de maintien de la paix des Nations Unies au Mali (MINUSMA), la Chine déploie à ce jour 413 soldats de la paix, opérant dans le nord du pays. Le travail de ces soldats est très bien apprécié en raison de leur discipline et de leur engagement multiforme auprès des populations. Les soldats Chinois de la paix ont eu à conduire des opérations médicales réalisées des travaux d’intérêts communautaires. Ces actions ont suscité l’admiration des populations bénéficiaires et la reconnaissance des hautes autorités du Mali qui ont attribuées des distinctions honorifiques au contingent chinois au mois de février 2020.  Par ailleurs, les Présidents Chinois (Den Xiaoping, Hu Jin Tao, Jian Zemin) ont effectués des visites officielles  au Mali.

Dans une déclaration publiée à l’occasion du 70e anniversaire de la République Populaire de Chine l’Ambassadeur de Chine au Mali, Zhu Liying exprimera ses sentiments en ces termes : « Je suis heureux de constater que les relations Sino-maliennes bénéficient de l’attention personnelle de nos deux Chefs d’Etat (Xi Jinping et Ibrahim Boubacar Keita) et aussi du soutien de nos deux peuples….l’entretien à Beijing (à la veille du FOCAC, 2018) entre nos deux Présidents de la République a non seulement marquée la spécificité de la qualité de nos relations, mais aussi jeter les bases solides et nouvelles pour un futur développement ».

L’Ambassadeur, cordialement surnommé Maïga (nom de famille Songhaï) par les Maliens ajoutera : « Ce sera un développement innovant, toujours dans l’esprit de la Nouvelle Route de la Soie, à savoir la conception, la construction et le partage en commun »

En cette année de célébration il nous vient à l’esprit des questionnements portant sur : Quel serait le visage du Mali d’aujourd’hui sans l’apport de la Chine ? Comment le Mali peut-il optimiser les bénéfices de sa coopération amicale avec la Chine ?  Nous tenterons d’y apporter des réponses dans un prochain article. Tout comme l’Afrique, le Mali a beaucoup à apprendre de la Chine, notamment: La vertu du travail, le patriotisme, la gouvernance visionnaire.

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