vendredi, avril 19

La révolte des Boxers, trois années de discorde

La révolte des Boxers (1899 – 1901) est aussi appelée Révolte des Boxeurs, ou Guerre des Boxers. Elle a été lancée par les Poings de la justice et de la concorde, société secrète dont le symbole était un poing fermé.

Le terme « boxers » est un nom donné par les occidentaux, notamment les journaux anglais qui traduit « Boxers » ainsi : « YiHo Quan » : Yi signifie « justice »; Ho, « concorde » et Quan veut dire « poings ».

Les causes de la révolte 

La révolte des Boxers a plusieurs causes principalement économique et sociale, mais aussi politique. Ainsi, l’activité des missionnaires occidentaux implantés sur le territoire chinois provoque des réactions d’hostilité et de persécution dans de nombreuses régions du pays.

Une compagnie de Boxers à Tianjin

Des révoltes antioccidentales ont lieu essentiellement dans le Nord-est du pays, et se traduisent par des attaques contre les missions étrangères, les « chrétiens du riz » (chinois convertis au Christianisme pour manger), ainsi que toutes les technologies importées d’Occident, telles que les lignes de télégraphe et les voies de chemin de fer. La région était alors soumise à la forte présence européenne et japonaise, dont les gouvernements commençaient  à étendre leurs concessions.

A cette époque, les grandes nations impérialistes occidentales (Grande-Bretagne, Allemagne, Russie, France, Belgique, États-Unis) souhaitaient ouvrir le plus largement la Chine à leurs marchandises. Elles voulaient aussi créer une sphère d’influence puissance dans le pays, afin de leur garantir un accès privilégié au territoire chinois.

Par  la suite, l’envoi de plusieurs corps expéditionnaire étrangers entraîne deux conflits entre les Occidentaux et le pouvoir impérial Qing : les Guerres de l’opium. Celles-ci aboutissent aux « traités inégaux », qui pillent la cour impériale et pèse sur la population, en raison des sanctions financières exorbitantes et de l’afflux de marchandises étrangères sur le marché chinois.

Le grand nombre de traités jugés humiliants accélère la crise sociale et économique de la Chine, et renforce les velléités réformatrices des élites, notamment lorsqu’elles prennent conscience de l’archaïsme militaire, économique et politique de leur pays.

A ce contexte tendu, la défaite contre les Japonais en 1895, se solde par le traité de Shimonoseki : la Chine perd les îles Pescadores, Taïwan, et la région de Port-Arthur, ainsi que sa souveraineté sur la Corée. A ces pertes territoriales s’ajoutent de lourds dommages de guerre à payer au Japon. Cette grave défaite ne fait que renforcer le sentiment de frustration et la xénophobie de la population chinoise.

Les origines du mouvement

Batailles et principaux mouvements de troupes 1ère guerre sino-jaopnaise

Après la défaite face au Japon, de nombreux intellectuels prennent conscience de l’absence d’une politique de modernisation des systèmes politique et économique. Deux courants de pensée moderniste s’opposent. D’un côté, le courant anarchiste, révolutionnaire, rejette la dynastie Qing, et n’adhère pas à l’idéologie de Confucius. Le principal groupe, partisan de ce courant, est la Société pour la régénération de la Chine, animé par Sun Yatsen

D’autre part, le courant libéral, qui souhaite s’associer au pouvoir Qing pour appliquer un programme de modernisation. Son idéologie se base sur la combinaison de doctrines intellectuelles sino-occidentale. Kang Youwei, chef de file de ce groupe, et son disciple Liang Qichao, permettant au mouvement de s’étendre dans la sphère publique.

A partir de 1890, la modernisation se fait sentir avec l’ouverture des ports aux étrangers, la mise en place d’une bureaucratie qui se spécialise comme en Occident, et  l’instauration d’un système de références intellectuelles et idéologiques par les lettrés du mouvement réformiste.

Le porte-parole du mouvement libéral, Kang Youwei (1858-1927) présente  à la cour une pétition demandant des réformes profondes. Signée par des milliers de lettrés, ils seront soutenus par le jeune empereur Guangxu. Ce dernier apprécie les propositions de Kang Youwei visant à réformer le système politique, et à rénover l’armée, l’économie avec le capitalisme, l’éducation en envoyant des étudiants à l’étranger, la justice avec la création d’un code civil se différenciant de la coutume, et à créer une constitution et une assemblée nationale de lettrés.

Au printemps 1898 alors que les pays étrangers augmentent leur pression politique sur la Chine, Kang Youwei est appelé par le jeune empereur pour venir participer aux débats de son équipe de lettrés novateurs. Tous s’attirent les foudres des ultra-conservateurs, qui entourent l’impératrice douairière Cixi, et celle des réformateurs modérés.

Trois mois après l’arrivée de Kang Youwei à la cour, l’armée met fin aux Cent jours de 1898 et fait décapiter les réformateurs. Mais les changements apportés par la modernisation engendrent aussi une réaction anti-réformiste, qui finira par l’emporter, favorisant l’expansion du mouvement des Boxers.

La naissance du mouvement des Boxers

Pour faire face aux forces de police des concessions étrangères, la société secrète des Boxers entraîne ses adhérents aux arts martiaux, à la boxe chinoise, et à des pratiques mystiques, leur permettant d’être – selon eux – invulnérables aux balles. Leur but initial était la lutte contre la dynastie mandchoue des Qing.

Le mouvement des Boxers s’inscrit dans la tradition des sociétés secrètes. Le mouvement est créé au début des années 1890 et descend de la rébellion des Paumes des huit trigrammes, ayant eu lieu en 1813, qui avait aussi pris ses sources dans le désespoir de la masse paysanne, touchée par la crise économique provoquée par l’augmentation de la population.

Soldats Boxers

La composition de ce mouvement est populaire. Les membres de ce groupe sont essentiellement des ouvriers agricoles, mais au fur et à mesure s’ajoutent des bateliers, des porteurs, des artisans ruinés… Les soldats boxers proviennent presque uniquement de la classe basse de la société chinoise. Leurs actions sont plus radicales, notamment contre les agissements des colons et les passe-droits qu’ils s’octroient.

Le conflit démarre après le meurtre de deux missionnaires allemands en novembre 1897 dans le Shandong, par une société secrète chinoise. Eléments déclencheurs de la crise, la révolte pouvait aussi être la conséquence d’une haine anti-réformiste.

Après la défaite contre le Japon en 1895, de nombreux intellectuels ont pris conscience que le pays n’a pu se moderniser. Les tentatives de réformes, soutenues par l’empereur Guangxu, ont été écrasées dans l’œuf avec la fin de la Réforme des Cent Jours.

De plus, le coup d’État de l’impératrice Cixi, avec la complicité de Yuan Shikai, commandant de la Nouvelle Armée, a abouti à la mise aux arrêts de l’empereur et à une campagne d’épuration massive, poussant entre autre Kang Youwei à l’exil.

Les Boxers sortent de l’ombre en mars 1898, prêchant ouvertement dans les rues sous le slogan « Renversons les Qing, détruisons les étrangers ». Après un dernier accrochage avec les troupes impériales Qing en octobre 1899, les Boxers se concentrent contre les missionnaires et leurs convertis, considérés comme des agents à la solde des « diables étrangers ».

Les Boxers détruisirent des lignes télégraphiques et des voies ferrées, des églises catholiques, tuent des missionnaires et des religieuses, et massacrent des chinois convertis.

La cour impériale est divisée 

Yu-Hsien, gouverneur du Shandong, convainc plusieurs membres de l’entourage de Cixi, dont le Prince Duan, le Prince Chuang et le général Kang-i, d’apporter leur soutien au mouvement des Boxers.

La faction la plus conservatrice de la cour impériale Qing décide d’utiliser les Boxers comme une arme contre les puissances étrangères. En janvier 1900, l’impératrice Cixi publie un édit reconnaissant les sociétés secrètes. À partir de mai 1900, la cour impériale organise des groupes de Boxers en milices à Pékin, avec à leurs têtes les princes Duan et Chuang, et le général Kang-i.

Le 7 juin 1900, des troupes de Boxers commencent à arriver en masse à Pékin. La sécurité de la capitale est assurée par le Prince Duan. Les forces armées impériales n’interviennent pas pour les arrêter. Dans les jours qui suivent, près de 450 hommes des troupes occidentaux pénétrèrent à Pékin pour protéger les délégations étrangères.

La révolte atteint son paroxysme, car les insurgés sont soutenus ouvertement par des officiels de la cour et changent leur slogan en « Soutenons les Qing, détruisons les étrangers ».

Le siège des légations occidentales

L’atmosphère est tendue. Les assiégés, font face à des milliers de Chinois hurlant « Tue ! Tue ! Brûle ! Brûle ! ». Les membres des légations connaissent le sort réservé aux prisonniers : torture, décapitation, et exposition de tête sur l’une des portes de la cité.

Les étrangers et les chinois craignent la famine, à juste raison car à la fin du siège, les réfugiés chinois se nourrissent de racines, de feuilles et de l’écorce des arbres.

Pour les soldats, un débordement est craint ce qui signifierait la fin pour les otages, à cela s’ajoute la peur du manque de munitions face à des Boxers persuadés que les balles sont sans effet sur eux. Enfin, la peur croît avec la chaleur, l’atmosphère lourde provoquée par l’humidité, l’odeur des cadavres, et les nombreux incendies.

2 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *