mercredi, avril 24

« Saine compétition » entre la Chine et le Japon en Afrique

Frères ennemis, la Chine et le Japon sont très souvent en conflit en Asie, mais cette fois le terrain de jeu est africain. A l’occasion de la 6ème Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (TICAD), le premier ministre japonais Shinzo Abe a promis 30 milliards de dollars (27 milliards d’euros) d’investissements en Afrique entre 2016 et 2018.

Décidé à Nairobi, au Kenya, les 27 et 28 août, le montant des investissements devrait être affecté aux « infrastructures de qualité« , comme la production d’électricité, l’aménagement des transports urbains, le traitement des problématiques nutritionnelles et de sécurité alimentaire au sein du continent, mais aussi dans le domaine de la santé et la stabilité sociale.

A cela s’ajoute des sessions de formation dans plusieurs domaines comme les ressources humaines, sciences naturelles, mathématiques et dans l’énergie afin de faire face au changement climatique. Hôte de la conférence, le président kenyan Uhuru Kenyatta s’est réjoui de la possibilité qu’offrent ces accords de moderniser et diversifier l’industrie africaine.

Relancer l’économie du Japon et développer le continent

Les présidents japonais, Shinzo Abe, et Kényan, Uhuru Kenyatta
Les présidents japonais, Shinzo Abe, et Kényan, Uhuru Kenyatta

Cet investissement massif s’explique par la volonté du gouvernement japonais de relancer son économie, écouler ses produits auprès d’une classe moyenne grandissante, et d’accroître son influence dans une région stratégique, très convoitée par les puissances internationales, et tout particulièrement la Chine.

Au cours de cette conférence, plus de 70 protocoles et accords commerciaux ont été signé entre le Japon et l’Afrique. « Nous avons le sentiment profond que le Japon peut croître en Afrique, où les possibilités abondes« , a affirmé Shinzo Abe.

D’autant plus que les 30 milliards promis par le Japon incluent de nouveaux engagements à hauteur de 21 milliards de dollars dont 9 milliards provenant de la précédente promesse d’investissements. Celle-ci a été faite en 2013, lors de la 5ème édition de la Ticad, a expliqué Yasuhisa Kawamura; porte-parole du gouvernement japonais; à l’AFP.

D’ailleurs en 2013, le Japon avait promis 3’200 milliards de yens d’assistance sur 5 ans (28 milliards d’euros au cours actuel), fin 2015, 67% de l’objectif était réalisé. La TICAD a été organisée conjointement par les Nations Unies, l’Union africaine, la Banque mondiale et le Japon, afin de renforcer la coopération entre le Japon et l’Afrique.

D’ailleurs, les échanges commerciaux entre le Japon et l’Afrique s’élevaient à 24 milliards de dollars (21,1 milliards d’euros) en 2015, bien loin des 179 milliards de dollars (157,5 milliards d’euros) d’échanges entre la Chine et ce continent.

Concurrencer Beijing sur son terrain

A l’issu de cette conférence, la « Déclaration de Nairobi » a été adopté, portant sur la nécessité de renforcer la sécurité maritime, de réformer les organes des Nations unies, dont le Conseil de sécurité, et de conforter le potentiel des pays africains. Il s’agit Chine afriquesurtout de concurrencer la Chine pour devenir un allié de 1er plan dans le financement et la construction de nouvelles infrastructures en Afrique.

Interrogé par Sputnik News, le directeur de l’Ecole des études orientales du Haut collège d’économie de Moscou, Alexeï Maslov, a estimé que « le Japon a un grand retard sur ce marché où la Chine s’est déjà solidement installée (…), notamment dans les grandes infrastructures, l’agriculture et les finances africaines, mais Tokyo a incontestablement de belles perspectives dans les technologies et l’agriculture hautement technologique ».

De son côté, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a assuré que la concurrence entre la Chine et le Japon en Afrique est une « saine compétition », bénéfique pour le continent qui a besoin de plus de 79,2 milliards d’euros par an d’investissements dans les infrastructures.

« Je ne crois pas qu’il y ait un manque d’opportunités pour la Chine et le Japon à la fois, en Afrique. Donc, je pense qu’il s’agit d’une saine compétition qui est très bien accueillie parce qu’elle signifie de bonnes choses pour l’Afrique » a indiqué ce dernier dans une interview publié par le magazine économique japonais, Nikkei Asian Review.

Ce dernier a estimé que « le boom économique que nous avons vu ces dernières années en Afrique était, dans une large mesure, lié à l’essor de la Chine, et je ne sais pas si cela va se produire à nouveau dans un avenir proche. Je pense que les prix des matières premières vont se redresser mais lentement« .

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