mercredi, avril 24

La seule voie possible : le marxisme

Le précédent président Hu Jintao avait entamé les hostilités contre l’Occident et ses représentations, aujourd’hui Xi Jinping met tout en oeuvre pour redresser la pensée dans les médias, sur Internet et dans les rangs du PCC.

Dans un contexte économique morose et d’une recrudescence de la contestation, le gouvernement avait décidé en octobre 2011 de lutter contre les forces extérieures déstabilisant la Chine.

Internationaliser la culture chinoise pour ne pas la perdre

Lors d’une session plénière du XVIIème comité central du PCC, le secrétaire général du PCC et président Hu Jintao a fustigé les « forces hostiles internationales » qui « intensifient leurs tentatives d’occidentalisation et de dislocation de la Chine » à travers la diffusion de « leur culture et leur morale ».

Ce dernier a d’ailleurs souhaité voir la culture chinoise se développer afin de « répondre à la demande croissante de la population sur le plan spirituel et culturel« . Il a déploré « l’absence d’influence internationale de la culture chinoise, qui ne correspondrait pas au statut international de la Chine ».

logo-institut-confucius-de-l-artois_diaporamaToutefois, le pays compte, en décembre 2015, 500 Instituts Confucius et 1’000 classes Confucius dans 134 pays. Près d’1,9 million de personnes étudient la langue et la culture chinoises dans le monde, selon les données fournies lors de la 10ème Conférence de l’Institut Confucius de Shanghai.

Pour Wang Yuechuan, professeur au département de chinois de l’université de Beijing, « l’internationalisation de la culture chinoise devrait coïncidait avec la globalisation de la culture occidentale ».

Ce dernier a collaboré à l’ouvrage « Le grand souffle chinois« , dans lequel il explique que « notre participation à la vie internationale a pour effet de remettre notre culture en lumière, ce qui nous oblige à être plus exigeants vis-à-vis de nous-mêmes et de l’image de la Chine que nous projetons ».

Raison pour lesquelles « la Chine doit s’attacher à dresser le bilan de son héritage culturel pour parvenir à une renaissance de la pensée et de la création artistique, et à diffuser la production intellectuelle chinoise d’aujourd’hui. Le monde doit finir par ­traiter la pensée chinoise sur un pied d’égalité ».

Les auteurs assurent que l’important « est de mettre un terme aux échanges culturels en sens unique entre l’Occident et la Chine et au déficit culturel chinois« , s’agissant pour eux d’une question de « sécurité culturelle mise à mal par le dédain occidental et la contestation de la réalité de l’influence historique de la culture chinoise dans la région, comme en Corée et au Japon ».

« Une redéfinition de l’identité culturelle chinoise »

Wang Yuechang appelle au « renouveau de la culture chinoise, avec une redéfinition de l’identité culturelle chinoise et de ses rapports avec l’étranger« . Ce renouveau a certainement été entendu par l’actuel gouvernement de Xi Jinping, à travers via sa campagne de « redressement de la pensée » dans les médias, sur Internet et dans les rangs du PCC, visant à lutter contre la propagation des valeurs occidentales.

Instaurée dés son arrivée au pouvoir, fin 2012, un texte sur l’idéologie du parti, appelé le document n°9 a fuité en avril 2013 dans les médias. Celui-ci avertit les membres du parti qu’ils pourraient perdre de leur pouvoir s’ils ne reprennent pas en main Institutionsles éléments subversifs de la société. Le document révèle la position politique conservative de Xi Jinping. Le document met en avant les « sept courants subversifs » menaçant le PCC* et devant être contrecarré.

En septembre 2014, le gouvernement impose le renforcement de l’enseignement du marxisme dans les universités et les programmes scolaires. Pour Xi Jinping, Karl Marx est devenue le dernier rempart contre l’occidentalisation de la société.

Ainsi, les trois plus grandes universités du pays – Beijing Shanghai, Canton – ont renforcé le contrôle idéologique sur leurs étudiants et professeurs. Ces dernières se sont également engagées à dénoncer les idées politiques occidentales véhiculées sur Internet, a précisé le magazine bimensuel Qiushi.

Le but est de « guider les enseignants et les étudiants pour renforcer leur faculté de jugement sur les questions politiques sensibles », en s’appuyant sur l’enseignement marxiste afin d’expliquer « en profondeur pourquoi la voie de développement occidentale n’est pas adaptée à la Chine ».

En juin de la même année, la très influente Académie des sciences sociales de Chine (Cass), 1er institut de recherche du pays, avait été recadrée par le Parti, lui reprochant d’avoir laissé des « influences » étrangères imprégner ses travaux.

Marxisme et socialisme à la chinoise uniquement

Karl Marx
Karl Marx

« La prochaine étape sera de former des dizaines de milliers de défenseurs des idéologies de Marx et d’inscrire le système théorique du communisme de style chinois et le rêve chinois dans les manuels et les têtes des étudiants » a indiqué Yuan Guiren, ministre chinois de l’Éducation, lors d’un point presse.

En janvier 2015, le gouvernement décide d’interdire la propagation d’idées « inconstitutionnelles et illégales » dans les établissements supérieurs. « Les établissements d’éducation supérieure de Chine doivent clairement poser des limites politiques, juridiques, et morales« , selon la déclaration du ministre de l’éducation nationale, Yuan Guiren.

Désormais les universités doivent « renforcer la veille idéologique […] et la gestion de l’usage des manuels occidentaux, et de n’autoriser en aucun cas les supports d’enseignement diffusant les valeurs occidentales à entrer dans nos classes ».

« Ne pas autoriser l’apparition de calomnies contre les dirigeants du parti, de discours discréditant le socialisme, ni la propagation de discours anticonstitutionnels et illégaux. Ne pas autoriser que des enseignants fassent part de leurs désapprobations en cours, en transmettant leurs humeurs mauvaises aux étudiants » a précisé la circulaire du ministère.

De son côté, le Parti Communiste Chinois préfèrent mettre en avant ses valeurs fondamentales du socialisme situées à trois niveaux, ceux de l’Etat, de la société et des citoyens.

Ces valeurs peuvent se traduire en 12 mots : prospérité, démocratie, civilisation, harmonie, liberté, égalité, justice, Etat de droit, patriotisme, dévouement, intégrité, gentillesse.

Pour le gouvernement « chaque chinois, jusqu’aux écoliers, les a à présent au cœur, et ils s’intègrent progressivement dans tous les aspects de la vie sociale« .

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(*) 1/promouvoir la démocratie constitutionnelle occidentale. Tenter de défaire l’actuel leadership et dénier le système politique socialiste aux caractéristiques chinoises ; 2/promouvoir la valeur universelle des droits de l’homme. Tenter de secouer la fondation idéologique et théorique du parti ; 3/promouvoir la participation civique. Tenter de désintégrer les bases sociales du parti au pouvoir ; 4/promouvoir le néo-libéralisme. Tenter de changer le système économique de base de la Chine ; 5/promouvoir les notions inspirées par l’Occident d’indépendance des médias. Contester le principe des médias contrôlés par le parti et le système de gestion de la presse et de la publication ; 6/promouvoir le nihilisme historique. Tenter de nier l’histoire du PCC et l’histoire de la Nouvelle Chine ; 7/poser des questions sur la Réforme et l’Ouverture, questionner la nature socialiste du socialisme aux caractéristiques chinoises.

 

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