vendredi, mars 29

Sida : des efforts faits, mais les stéréotypes persistent

654 000 est le chiffre mit en avant ce 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le sida, par le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Ainsi, le pays comptait en septembre 2016, 654 000 atteintes, et 201 000 décès recensés dus au virus. Désormais, les transmissions ne sont plus uniquement par trafic de sang ou usage de drogue, mais par voie sexuelle.

Cette dernière constitue 94% des infections, a indiqué le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Les jeunes et les homosexuels font partie des personne les plus touchées par la maladie.

Des données inquiétantes

Entre janvier et septembre, 2 321 étudiants, âgés entre 15 et 24 ans, ont été contrôlés positifs au VIH/SIDA, soit 4,1 fois plus qu’en 2010. Cette hausse se ressent également chez les hommes âgés de plus de 60 ans, 13 000 ont été testés séropositifs, soit 3,6 fois plus qu’en 2010, a indiqué le CDC. Près de 96 000 nouveaux cas ont été signalés durant cette même période.

Le CDC a également indiqué dans son communiqué que la transmission hétérosexuelle a représenté 66,7% des cas d’infections, tandis que les activités homosexuelles ont représenté 27,5% des transmissions.

Les personnes contaminées par le VIH/SIDA sont encore stigmatisés, discriminés et rejeté par la famille, les amis et parfois le village entier. Si une personne est atteinte, elle perd alors son emploi et son logement.

Enfant retrouvé par la policeEn 2014, un enfant de 8 ans, Kunkun, a été chassé de son village. Il a contracté le virus du sida auprès de sa mère à sa naissance en 2006, qui a disparu depuis.

Il a été diagnostiqué séropositif en 2011, son père l’abandonne à son grand-père. Ce dernier a signé la pétition des villageois de Shufangya, dans la province du Sichuan demandant l’expulsion du gamin pour « protéger la santé » des habitants.
A l’instar des milliers de séropositifs, il est considéré comme un pestiféré.

Cette hostilité envers les personnes contaminées vient du manque de sensibilisation, de prévention et d’éducation. Conscient de l’étendu de la situation, le gouvernement a décidé d’instaurer la trithérapie gratuite pour tous, mais les maladies liées au sida (infections, cancers…) ne sont pas gratuites, conduisant seulement les plus riches à pouvoir se soigner.

D’ailleurs, la sécurité sociale dépend du lieu de naissance, les ruraux travaillant en ville doivent revenir tous les trois mois pour pouvoir se faire soigner. Ces derniers préfèrent abandonner, car les coûts sont trop élevés. De plus, ils ne sont pas informés des effets du traitement, ni des possibilités qu’ils ont.

Le gouvernement tente de changer les choses

Le Premier ministre, Li Keqiang, a appelé à « davantage d’initiatives pour prévenir et traiter le VIH et le SIDA, afin de limiter la prévalence de la maladie« .

Dans un message transmis, lors d’une réunion sur la prévention et le contrôle des grandes maladies, Li Keqiang a indiqué que « l’intervention doit être plus efficace, les services de test et de consultation doivent être plus accessibles, et l’éducation publique et les services de suivi doivent être renforcés ».

Pour cela, le Premier ministre a garanti des fonds destinés à la prévention et au contrôle, à la recherche et au développement pharmaceutiques, à la coopération internationale, ainsi qu’un rôle plus actif pour les organisations sociales et les bénévoles.

Voulant marqué sa volonté d’agir contre le VIH/Sida, l’université Petroleum dans le Sichuan, 2nde région la plus touchée du pays, a décidé de vendre des tests de dépistage du virus dans les distributeurs. Ces kits sont des tests urinaires, à envoyer à un laboratoire d’analyse médicale.

L’université est le premier endroit où le dispositif est testé. Ce projet pilote sera clôturé à la fin de l’année, a expliqué Shen Kie, président de l’association chinoise pour la prévention et le contrôle du sida. En cas de succès, il pourrait être reconduit et étendu.

couple hommeAutre événement, Liu Shi, un jeune homme gay de 24 ans, séropositif, a présenté ce 1er décembre un talk-show sur sa propre expérience et sur la prévention du VIH/sida au centre de Sanlitun, un quartier commerçant de Beijing.

Wu Zunyou, directeur du Centre national de prévention du sida et des maladies sexuellement transmissibles, co-organisateur de l’événement à Sanlitun, a estimé que la présence de Liu Shi est un moyen de « mettre en garde le public contre l’augmentation des taux de transmission du VIH parmi les jeunes ».  

« Lorsqu’ils arrivent à un âge sexuellement actif, ils sont conscients de l’existence du VIH/sida, mais leurs connaissances limitées sur la prévention des maladies ne les protègent pas suffisamment », a expliqué ce dernier.

De son côté, Liu Shinote a expliqué aux médias, que l’éducation sur le VIH/Sida se concentrait principalement sur la peur et le désespoir autour de la maladie et non sur la maladie elle-même. Information et prévention n’étaient alors pas transmit, et « les messages préventifs clés pour les jeunes hommes comme moi » n’étaient pas communiqués.

Ce dernier a indiqué qu’en dépit « d’une tolérance sociale croissante, la discrimination liée au sida reste courante. (…) Les normes sociales ne changeront pas du jour au lendemain, mais quand je serai vieux, je veux pouvoir dire que j’ai essayé ».

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