vendredi, mars 29

Taïwan et les Îles Salomon mettent fin à leur relation

Taipei a annoncé ce 16 septembre avoir rompu ses relations diplomatiques avec les Iles Salomon. Cette annonce est la conséquence de la décision du « gouvernement des Îles Salomon de transférer ses relations diplomatiques à la République populaire de Chine », a expliqué le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Joseph Wu.

«Le gouvernement déclare dès aujourd’hui la fin de ses relations diplomatiques avec les Iles Salomon», a indiqué Joseph Wu. Ce changement d’alliance est un nouveau coup dur pour la diplomatie taïwanaise.

La liste des pays toujours liés à Taipei s’est considérablement réduite ces dernières années, pour tomber à 16, dont cinq Etats du Pacifique, avec le départ des Iles Salomon.

La Chine continentale et Taïwan ont des éxécutifs différents depuis 1949. Beijing considère l’île comme partie intégrante de son territoire. Les deux rives du détroit de Formose se considèrent, chacune, comme la véritable « Chine », ne laissant aucune possibilité aux autres pays du monde que d’en soutenir une seule.

Depuis son élection en avril, le Premier ministre de l’archipel des Salomon, Manasseh Sogavare, avait fait pression sur les parlementaires pour qu’ils considèrent que la Chine fournirait une aide plus importante que Taïwan en matière d’infrastructures notamment.

« Honnêtement, sur les questions économiques et politiques, Taïwan nous est totalement inutile », avait confié en juillet Manasseh Sogavare à Graeme Smith, chercheur à l’Université nationale australienne.

Après la diffusion de cet entretien, Manasseh Sogavare avait argumenté que ses propos étaient « off ». « Il y a cette perception selon laquelle (la Chine) fait de belles choses dans d’autres pays comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Vanuatu », a affirmé le Premier ministre. « Mes collègues m’envoient des signaux qui veulent dire: +Allons-y! Allons-y!+ ».

Pour Manasseh Sogavare, un changement d’alliance devrait accroitere l’influence des îles face aux puissances régionales traditionnelles. Il a cité le cas des Fidji, qui avaient atténué l’impact de sanctions imposées par l’Australie et la Nouvelle-Zélande après un coup d’Etat en 2006, en renforçant les relations avec la Chine.

En créant des relations diplomatiques Honiara, la Chine remporte une grande victoire diplomatique, qui célébrera le 1er octobre son 70ème anniversaire.

Bonnie Glaser, spécialiste de Taïwan et de la Chine au Centre d’études stratégiques et internationales, a expliqué à l’Agence France Presse que Taipei a joué un rôle important pour aider les Salomon à développer leur agriculture et assurer leur sécurité alimentaire.

Mais, reconnaît-elle, les autorités taïwanaises savent qu’elles ne peuvent plus concurrencer financièrement la Chine : « la diplomatie du carnet de chèque a vécu et Taïwan le sait », a expliqué Bonnie Glaser, ajoutant qu’il « n’y a plus un endroit au monde où elle peut faire jeu égal avec la Chine ».

Les Salomon, indépendantes de la Grande-Bretagne depuis 1978, avaient sombré dans des violences interethniques au début des années 2000. De nouvelles tensions avaient entraîné le déploiement entre 2003 et 2013 d’une force de paix dirigée par l’Australie.

Si les Salomon tournent le dos à Taipei, l’Australie ne cessera pas ses programmes d’aide dans l’archipel, car elle ne peut risquer qu’un pays si proche replonge dans l’instabilité.

Plusieurs missions d’information ont été lancées ces derniers mois aux Salomon, ainsi qu’une équipe d’hommes politiques est allée à Pékin et dans des pays ayant tourné le dos à Taïwan.

Le chef de cette équipe, John Moffat Fugui, avait estimé que la question serait « très bientôt » résolue. « Je crois que le Premier ministre fera une annonce lors de l’Assemblée générale de l’ONU » fin septembre, a-t-il dit vendredi.

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