jeudi, avril 25

Taïwan s’insurge de la «diplomatie du chéquier» de la Chine

Le gouvernement du Burkina Faso a annoncé le 24 mai la rupture de ses relations diplomatiques avec Taïwan. Cette décision a été confirmée par Taipei. Le gouvernement taïwanais a également annoncé l’arrêt immédiat de tous les programmes taïwanais d’aide au Burkina Faso et le rappel de ses diplomates et de ses équipes médicales et techniques présents dans le pays.

Le ministre des Affaires étrangères, Joseph Wu, a déclaré lors d’un point presse qu’il «partage la tristesse, la colère et les regrets des taïwanais» face à cette «situation imputable à la Chine». Lors d’une brève allocution, la dirigeante Tsai Ing-wen a dénoncé «les actions de la Chine visant à effacer Taiwan de la sphère internationale», a cité le site des autorités taïwanaises.

Cette dernière a estimé que ces actions «nuisent aux relations à travers le détroit de Taiwan et ne font à l’inverse que renforcer la détermination de Taiwan à approfondir ses relations avec le reste du monde».

A l’annonce de la rupture des relations diplomatiques par Ouagadougou, le ministère a convoqué l’ambassadrice du Burkina Faso, Aminata Sana/Congo, pour lui faire part des protestations solennelles du pays contre la décision du président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré de céder aux «sirènes financières de Beijing au mépris de 24 années de relations bilatérales amicales».

Après la Gambie et Sao-Tomé-et-Principe, «la Chine a une fois encore été à la manœuvre pour mettre fin à 24 années de relations diplomatiques avec le Burkina Faso», ont dénoncé le ministère des affaires étrangères dans un communiqué.

«Une série d’actes de la Chine visant à effacer Taiwan de la sphère diplomatique montre clairement son malaise et un manque de confiance en soi, [lesquels] sont dus aux récents progrès réalisés par Taiwan dans ses relations économiques et de sécurité substantielles avec les Etats-Unis et d’autres pays partageant les mêmes valeurs», a déclaré Tsai Ing-wen.

Cette dernière a estimé que «plus le comportement [de la Chine] est déraisonnable, plus il provoque la colère de la communauté internationale et renforce le soutien international à Taiwan», s’appuyant sur le soutien et l’appui des pays en faveur de la participation de Taiwan à l’Assemblée mondiale de la santé.

«Taïwan ne s’engagera pas dans une diplomatie du carnet de chèques. Mais le peuple de Taiwan est extrêmement reconnaissant aux alliés diplomatiques qui se sont tenus aux côtés de Taiwan, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider à se développer sur tous les fronts. […] Les tentatives d’étouffement par la Chine ne feront que rendre plus étroits les partenariats de Taiwan au sein de la communauté internationale. Nous ne reculerons jamais», a assuré la dirigeante de la République de Chine.

Taipei et Ouagadougou ont établi des relations diplomatiques en 1961, mais en 1973, le Burkina Faso a rompu ces liens une première fois au profit de la Chine. Onze ans plus tard, Taïwan et le Burkina Faso rétablissent leurs relations diplomatiques en 1994.

Le ministre des Affaires, Joseph Wu, a présenté sa démission, se sentant responsable de la rupture des liens par le Burkina Faso. Cette démission n’a pas été acceptée par la présidente Tsai Ing-wen. Côté chinois, on se félicite. «La Chine apprécie la décision du Burkina Faso de rompre ses relations diplomatiques avec Taïwan», a indiqué le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lu Kang. «Nous souhaitons au Burkina Faso la bienvenue afin de rejoindre au plus vite la coopération amicale Chine-Afrique sur la base du principe d’une seule Chine», a ajouté ce dernier.

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