jeudi, mars 28

Un duo choc nommé à la tête de la Chine

Le Parlement chinois a formellement élu Xi Jinping à la présidence de la République populaire, ce 14 mars. Il sera secondé par le Premier ministre Li Keqiang, dont la désignation par l’Assemblée nationale populaire a été faite le 15 mars.

Xi Jinping et Li Keqiang
Xi Jinping et Li Keqiang

Une équipe et une méthode différentes

Xi Jinping est désormais le premier dirigeant chinois à être né après la fondation du régime par Mao en 1949. Fils d’un héros révolutionnaire, il est peu connu des chinois, mais reste l’un des hommes fort du système politique chinois. Il est parvenu à gravir les échelons de la hiérarchie communiste avec habileté et prudence.

A la différence de son prédécesseur, Hu Jintao, Xi Jingping apparait plus chaleureux et plus direct que son prédécesseur, mais aussi plus distant avec les cadres du parti.
Rigoureux et déterminé à lutter contre la corruption au sein du Parti, il est décrit par l’historien chinois Zhang Lifan, comme « l’héritier de la famille, il parle comme à la maison », alors que « Hu Jintao était fondamentalement un gérant professionnel, un employé, il parle comme s’il était chez les autres ».

De son côté, Li Keqiang est économiste, parle couramment anglais et devra s’atteler à lancer des réformes économiques, visant à relancer la croissance et changer de modèle de développement.

« Dans son groupe (de nouveaux leaders), son intention de réformer me semble forte », a expliqué Chen Ziming, un commentateur politique indépendant à L’Obs. « Il est proche des économistes réformistes. Nous avons constaté au vu de ses discours après le XVIIIe congrès du parti (en novembre) que le fossé entre lui et eux n’est pas important. »

Le « rêve chinois »

L’ attitude différence de Hu Jintao par rapport à Xi Jinping s’explique par le fait que ce dernier doit montrer « plus de fermeté. En outre, il sait qu’il doit construire une image autre que celle de son prédécesseur, perçu comme mou et incompétent. La politique diplomatique de la Chine ne pourra que se durcir sous Xi Jinping. Cela lui permettra d’aiguillonner le nationalisme et d’y diriger l’attention du peuple » a indiqué l’historien dans Le Monde.

Après avoir prôné, une « société harmonieuse » durant dix ans, Xi Jinping devra mettre en avant un nouveau slogan, appelé le « rêve chinois ». Ce slogan pourrait durer une dizaine d’année, en raison du contexte économique et social international.

Dans son discours d’investiture, le nouveau président a assuré que « le plus grand rêve des Chinois, c’est la renaissance de leur nation dans les temps modernes », à travers notamment une puissance militaire, un parti lavé de tout soupçon et proche du peuple, mais surtout une économie florissante.

« Ce rêve, on peut dire que c’est celui d’un pays puissant. Et pour ce qui concerne l’armée, c’est le rêve d’une armée forte », avait d’ailleurs déclaré Xi Jinping, aux marins du destroyer Haikou en décembre 2012, dans le Guangdong.

« Poursuivre son chemin »

Lors de la cérémonie de clôture de la première session de la 12ème APN, le nouveau président a assuré que « nous devons continuer nos efforts, pousser en avant avec une volonté inébranlable la grande cause du socialisme à la chinoise et nous dévouer à la réalisation de notre rêve du grand renouveau de la nation chinoise ».

Pour cela, « la Chine doit suivre son propre chemin ».  Se voulant confiant, il a souligné la nécessité pour « le peuple chinois de toutes les ethnies » d’avoir « une confiance renouvelée dans la théorie, la voie et le système du socialisme à la chinoise, et s’avancer bravement et inébranlablement sur cette voie juste ».

D’ailleurs, « pour réaliser la Voie chinoise, nous devons diffuser l’esprit chinois, qui combine l’esprit de la nation avec pour noyau le patriotisme et l’esprit de modernité avec pour noyau la réforme et l’innovation ».

« Maintenir le parti »

 Yu Zhengsheng a été élu par les député à la tête de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC). Il s’agit du plus haut organe consultatif politique du pays. Le 12 mars, ce dernier avait promis que « la Chine ne copierait pas les systèmes politiques occidentaux sous quelque circonstance que ce soit ».

Assurant que « nous devons fermement maintenir la direction du Parti communiste chinois, adhérer à et améliorer le système de coopération et de consultation politique multi-partites sous la direction du PCC », adhérant de fait à la nouvelle politique anti-corruption du président Xi Jinping.

En effet, dans le rapport d’activité au XVIIIe Congrès du Parti communiste chinois (PCC), de novembre 2012, il est mentionné la nécessité de « renforcer la capacité du Parti à exercer le pouvoir et de conserver son caractère avancé ».

Mais au-delà de la volonté de rénover et moraliser le parti, le nouveau président Xi Jinping devra faire face à d’autres défis de taille, comme le ralentissement de la croissance économique, les déséquilibres socio-économiques du pays ou les tensions avec le Japon et la Corée du Nord.

En effet, il a été confirmé que « nous sommes confrontés aux problèmes saillants de déséquilibre, de manque d’harmonie et de non-durabilité dans notre développement ; la capacité d’innovation scientifique laisse à désirer ; la structure industrielle reste incohérente ; les fondements de l’agriculture demeurent faibles ; les contraintes que nous imposent les ressources naturelles et l’environnement écologique se font de plus en plus fortes ; les obstacles institutionnels qui entravent le développement scientifique du pays restent nombreux ; et les tâches qui visent à approfondir la réforme et l’ouverture, et à accélérer le changement du mode de développement économique s’avèrent lourdes et difficiles« , note le rapport d’activité.

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