mardi, avril 16

Un million de décès prématurés par an à cause de la pollution

En Chine, la pollution atmosphérique est responsable de plus d’un million de décès prématurés par an, d’après une étude menée en 2018 par l’université chinoise de Hong Kong et relayée par l’Organisation Mondiale de la Santé.

« Dans les zones les moins développées de la région, la pollution de l’air intérieur provoquée par l’utilisation de combustibles solides pour le chauffage et la cuisine présente un risque majeur pour la santé« , d’après l’OMC.

Selon la base de données de l’OMS, la Chine enregistre un taux de mortalité l’un des plus élevé à cause de la pollution de l’air intérieur. La pollution atmosphérique n’est toutefois que l’un des sous-produits de l’industrialisation, a assuré l’organisation.

D’autres polluants, dont les métaux lourds, sont absorbés par les sols et rejoignent les nappes phréatiques, pour finalement se retrouver dans l’eau du robinet et dans l’ensemble de la chaîne alimentaire, a précisé l’OMC.

L’augmentation des rejets industriels et le ruissellement agricole, associés à une exploitation excessive des aquifères, s’avèrent être une préoccupation majeure dans le nord de la Chine exposé à un stress hydrique.

Pour l’OMC, l’urbanisation « ne doit pas servir de prétexte aux gouvernements pour se soustraire à leur responsabilité concernant la lutte contre la pollution atmosphérique« . Disposant de vastes ressources et de la capacité d’une coordination politique à l’échelle nationale, la Chine doit jouer un rôle moteur dans l’élaboration d’une approche durable de l’urbanisation, qui puisse servir de modèle régional, voire mondial.

Les autorités chinoises ont déjà mis en œuvre des moyens importants pour réduire la pollution. Le président Xi Jinping en a d’ailleurs fait l’une de ses priorités stratégiques. Pour cela, les autorités ont réglementé l’utilisation des véhicules privés en imposant la circulation alternée et l’électrification des transports publics urbains a été largement saluée dans le monde.

Durant plusieurs années, les pouvoirs central et provincial ont mit en place des mesures afin de réduire les émissions des centrales à charbon, le gouvernement a d’ailleurs imposé de nouvelles normes plus strictes sur les émissions de l’industrie sidérurgique. En mai 2019, le gouvernement a déployé près de 1000 inspecteurs dans 25 villes, chargés de sanctionner les violations des règles en matière de qualité de l’eau et de la gestion des déchets.

« En dépit de progrès évidents, de nombreux défis restent à relever« , note le site Project Syndicate, en collaboration avec l’OMC. En 2018, 33 des 39 villes du nord de la Chine, subissant le smog, n’ont pas pu atteindre les objectifs officiels de réduction de la pollution de l’air durant la période hivernale.

Le taux des particules, d’un diamètre inférieur ou égal à 2,5 micromètres, a augmenté de 13% en moyenne, pendant cinq mois, à partir de la fin 2018. Pour remédier au problème de pollution de l’environnement, Beijing devra agir de manière plus résolue aux plans de la politique, de l’innovation et de la sensibilisation.

  • Du point de vue politique, la Chine dispose d’un avantage certain : la centralisation du pouvoir permet aux autorités d’adopter et d’appliquer rapidement des mesures politiques et des réglementations.

Le ministère de l’Écologie et de l’Environnement tirerait parti de cet avantage pour imposer plusieurs mesures, dont la restriction d’importation de véhicules fortement polluants, une restructuration de la chaîne d’approvisionnement basée sur des modes de transport moins polluants, et l’amélioration du suivi de la pollution au moyen de satellites.

La mise en œuvre de ces politiques présente toutefois des défis et augmente le risque de conséquences imprévues. Par exemple, alors que la délocalisation des activités industrielles très polluantes a contribué à réduire la pollution dans les principaux centres urbains, elle a fortement augmenté la pollution de l’air et de l’eau dans les nouveaux sites.

De manière plus fondamentale, la majorité des mesures prises visent surtout à réduire la pollution au lieu de répondre au besoin urgent d’une transformation structurelle des systèmes énergétiques et des structures de l’offre et de la demande énergétique.

Les entreprises ont un rôle essentiel à jouer dans cette transformation. Pourtant, selon le ministère chinois de l’Écologie et de l’Environnement, les entreprises très polluantes dissimulent régulièrement leurs infractions réglementaires au moyen de fausses données et de documents forgés, souvent avec la complicité des autorités locales.

En ajoutant la protection de l’environnement aux critères entrant dans la promotion des responsables locaux et provinciaux – une démarche au demeurant louable – le gouvernement chinois les a peut-être encouragé, sans le vouloir, à contourner les systèmes d’inspection et de suivi.

Au-delà de l’élaboration de politiques adéquates, les autorités chinoises doivent veiller à ce qu’elles soient mieux appliquées. L’OMC propose, entre autres, un contrôle plus strict de la conformité au cadre réglementaire et des poursuites à l’encontre des auteurs des infractions.

  • Du point de vue de l’innovation, celle-ci peut également contribuer à la lutte contre la pollution. Le projet de mobilité aérienne en milieu urbain (urban air mobility, UAM) de la ville de Shenzhen, par exemple, qui ajoutera le transport par hélicoptère à son réseau de transports urbains, tirera parti des capacités d’innovation bien connues de cette ville tout en réduisant les embouteillages.

L’OMC préconise au gouvernement chinois de subventionner les solutions qui permettent de réduire la pollution tout en donnant aux citadins un accès équitables aux services.

  • Concernant la sensibilisation, il n’est pas nécessaire à cette fin d’inonder le grand public de nouvelles histoires de dévastation environnementale, une approche qui pourrait au contraire émousser leur sensibilité, a précisé l’OMC.

L’organisation propose que les gens soient au courant des conséquences qu’a la pollution atmosphérique sur leur santé, et forts de cette prise de conscience, qu’ils utilisent les outils en ligne, comme la Qualité de l’air dans le monde et State of Global Airpour suivre les conditions dans leurs villes.

Selon l’OMS, si la Chine veut remplir ce rôle, elle ne doit pas seulement mobiliser ses vastes ressources et ses capacités d’innovation, mais également s’engager plus résolument à faire respecter l’État de droit.