mercredi, avril 24

Une chercheuse Ouïghour a disparu

Plusieurs médias ont relayé la disparition du professeur Rahile Dawut, une des universitaires les plus admirés au sein de la communauté ouïghoure. Cette dernière aurait quitté Urumqi, au Xinjiang pour Beijing en décembre dernier.

Elle n’a pas été vue depuis et certains présument qu’elle serait détenue dans un centre de détention. Plusieurs institutions de recherche ont tenté pendant des mois de prendre contact avec la chercheuse de 52 ans, en vain. Après plusieurs mois de silence, la famille a décidé de réagir de peur que sa vie ne soit en danger.

Rahile Dawut écrivait de nombreux articles et donnait des conférences à travers la Chine et le reste du monde pour expliquer les diverses traditions ouïghoures. Ses recherches étaient financées par le gouvernement chinois et encensées pas ses paires.

Dans un communiqué de presse, le directeur principal des programmes de liberté d’expression de PEN America, Summer Lopez, présume «qu’elle a été détenue par le gouvernement, mais on ignore si elle est détenue dans un centre de détention ou dans l’un des ‘camps de rééducation’, où sont détenus des dizaines de milliers de Ouïghours et d’autres minorités ethniques».

«L’apparente détention secrète de Rahile Dawut, qui dure depuis des mois, illustre encore une fois que la politique gouvernementale chinoise vise à effacer l’identité ouïghoure», a écrit Summer Lopez, qui ajoute que «comme tant d’autres, Rahile Dawut a apparemment été ciblée simplement parce qu’elle est une voix pour sa culture».

Interviewé par The New York Times, Rian Thum, professeur associé à l’université Lyola de la Nouvelle-Orléans, a expliqué que «pratiquement, toute expression de la culture ouïghoure est actuellement dangereuse, et la disparition du Prof. Davut en est la meilleure preuve». «Il y avait beaucoup d’espoir qu’ils voient qu’elle n’était pas une menace et la libère, mais cet espoir a progressivement diminué», a indiqué ce dernier.

Le gouvernement a mis en place une campagne intitulée «les Deux Visages». Ainsi, «depuis que les ouïgours sont collectivement soupçonnés, tout universitaire ayant des liens avec l’étranger est considéré comme un ‘intellectuel à deux face’ – déloyal envers l’État et nécessitant une rééducation» a expliqué Rachel Harris, chercheuse sur la musique ouïghoure à l’École des études Orientales et Africaines à Londres.

D’après John Kamm, directeur de la fondation Dui Hua à San Franscisco, un des étudiants du Professeur Dawut a également disparu. «Tous ceux qui l’ont connue sont soupçonnés», a assuré ce dernier, ajoutant que «Rahile Dawut est le visage humain de cette tragédie indicible».

Pas de camp de détention de Ouïghours

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