samedi, avril 20

Vers un contrôle plus strict des entreprises gouvernementales

L’autorité nationale de régulation des assurances a annoncé son intention de diriger pendant 12 mois  au moins la compagnie Anbang, qui a racheté en 2014 le palace new-yorkais Waldorf Astoria.

Fondé en 2004, Anbang était à l’origine un assureur, qui a prospéré en vendant des produits d’assurance en échange de taux d’intérêt alléchants. Cette stratégie a fait d’Anbang un géant financier, désormais entre les mains des autorités.

Le groupe a mené ces dernières années de nombreux achats à l’étranger, principalement financé à crédit. Raison pour laquelle, le gouvernement a décidé sa mise sous tutelle, montrant ainsi sa volonté de lutter contre l’endettement colossal des grandes entreprises. Parmi lesquelles, HNA (aéronautique, tourisme, hôtels), Wanda (immobilier, cinéma, parcs d’attraction) et entre autre Fosun (propriétaire du Club Med et du groupe de luxe Lanvin).

Cette mesure est une première dans le pays pour une entreprise privée : « si Anbang se retrouvait en défaut de paiement, une avalanche de créances douteuses pourraient se retrouver dans le système financier« , a indiqué à l’Agence France Presse, l’économiste chinois Hu Xingdou, basé à Pékin.

Anbang est la première compagnie à faire l’objet d’une telle mesure depuis le lancement fin 2016 par le gouvernement d’une série de mesures visant à obliger les conglomérats privés à réduire leurs investissements « irrationnels » à l’étranger et leurs dettes.

« C’est un grave problème« , a commenté à l’AFP Christopher Balding, professeur d’économie à l’Université de Pékin, qui a assuré qu’Anbang devra continuer à honorer ses engagements financiers vis-à-vis de ses clients.

« Si une entreprise à 315 milliards de dollars (258,3 milliards d’euros) comme Anbang est contrainte à une dépréciation d’actifs même de juste 20 %, c’est beaucoup, même par rapport aux normes chinoises« , souligne-t-il. Mais Anbang devra vendre ses nombreux actifs.

La mise sous tutelle d’Anbang crée un précédent en matière d’intervention étatique dans le secteur privé. Fraser Howie, co-auteur d’un essai sur le système financier chinois, a expliqué à l’AFP que la promesse récurrente du gouvernement de donner un plus grand rôle aux « forces de marché » semble « n’avoir plus aucune valeur ».

« De nouvelles prises de contrôle par les régulateurs semblent peu probables. Mais il est quasi-certain que le gouvernement va orchestrer des renflouements financiers et des restructurations », a estimé ce dernier.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *