vendredi, mars 29

Vers la fin du Festival de viande de chien ?

Selon un sondage commandé l’Association Chinoise du Bien-être de l’Animal, en collaboration avec Humane Society International et Avaaz, 64% des chinois soutiennent la fin du Festival de viande de chien de Yulin, et 51,7% attestent que le commerce de la viande de chien devrait être complètement interdit.

Cependant, il semblerait que la consommation de chien ne diminue pas, a révélé l’Agence France Presse. En effet, plus de 10’000 canidés sont abattus lors de ce seul festival, organisé le 21 juin.

Une pression constante des associations

Selon les résultats de l’enquête menée par la société de sondages Horizon, la plupart des chinois souhaitent la fin de ce festival annuel, qui a lieu le 21 juin. Une victoire pour les défenseurs des droits des animaux, car « la campagne dynamique pour mettre fin au festival de la viande de chien de Yulin est enracinée dans l’opposition des Chinois à l’événement, soutenue par des gens de partout dans le monde, qui estiment que ce commerce cruel ne doit pas être toléré », a commenté Qin Xiaona, directeur de l’Association du bien-être des animaux de la capitale, à l’agence de presse, Xinhua.

Stop Yulin Dog Meat Festival
Plus de 200’000 kg de viande de chien est consommé durant le Festival de Yulin

Depuis plusieurs années, les associations ont lancé des appels et organisés des pétitions pour fermer l’événement. A tel point, que les gouvernements locaux ont réagi en prenant leur distance vis-à-vis du festival et de ces organisateurs.

D’autant que 62% des interviewés estiment que le festival porte atteinte à l’image de la Chine et 69,5% assurent n’avoir jamais mangé de viande de chien. Ce dernier chiffre vise à démonter l’argument que le festival Yulin fait partie de la culture chinoise.

« C’est embarrassant pour nous que le monde croie à tort que le festival de Yulin, brutal et cruel, fait partie de la culture chinoise. Ce n’est pas le cas, et comme nous le voyons dans ce sondage, la plupart des gens ici ne mangent pas de chien et je crois que ce festival Chine porte atteinte à la réputation de la Chine dans le monde« , a expliqué Qin Xiaona, sur le site du China Internet Information Center.

D’autant plus que le festival est présenté comme une « célébration » de la viande de chien visant à marquer solstice d’été, cependant, des milliers de chiens sont maltraités, torturés et tués, beaucoup ont été volés à leurs maîtres et dans les rues. Il est évident que « ce sondage met fin à tout doute restant sur ce que pensent les Chinois du brutal massacre et de la cuisine de chiots à Yulin« , a déclaré Luis Morago, directeur de campagne chez Avaaz.

Face à la pression de l’opinion et aux actions menées par les associations de défense des animaux, comme en mai, des militants ont intercepté une camionnette roulant en direction du Guangxi, chargée de 400 chiens et chats entassés, le gouvernement local de Yulin avait fermé en 2014 plusieurs marchés et abattoirs et interdit aux fonctionnaires de manger la viande de chien dans les restaurants locaux. Trois ans plus tôt, le festival de la viande de chien de Jinhua Hutou, dans le Zhejiang a été interdit.

Les protestations internationales « sabotent » la lutte

Selon une dépêche de l’Agence France Presse, en dépit des pressions des organisations non gouvernementales, des célébrités et des pétitionnaires, la campagne est  « contreproductive » car elle « encouragerait au contraire la consommation de canidés dans cette ville chinoise ». Et pas seulement, la viande de chien est consommée dans tout le sud du pays, toute l’année.

« Mes ventes sont beaucoup plus élevées qu’avant, 50% de plus par rapport à l’an passé », a assuré à l’AFP Mme Lin, propriétaire d’une boucherie canine de Yulin. D’après les personnes interrogées par l’agence, les actions « coup de poing » ont « un effet boomerang ». « En raison du tollé, davantage de personnes savent que Yulin accueille un festival de la viande de chien, donc tout le monde vient pour essayer. Et avec le festival qui se rapproche, les hôtels affichent complet », a expliqué Mme Lin.

Les défenseurs admettent que la campagne ne porte pas ses fruits : « avant, je pensais que nos ennemis, c’étaient les mangeurs de chiens. Dorénavant, j’estime que nos ennemis sont les militants venus d’ailleurs », a indiqué un gérant d’un refuge canin.

Pour lui, les protestations internationales sont du « sabotage », poussant les chinois à défendre leurs traditions culinaires. « Quand les étrangers viennent en Chine en pointant tel ou tel problème, les gens s’énervent et n’écoutent plus », a souligné ce dernier, qui assure qu‘ »en raison du battage médiatique, la viande de chien est de plus en plus consommée. »

stop yulin
Les chiens sont des amis, pas de la nourriture

Andrea Gung, fondatrice de l’ONG américaine Duo Duo, qui a recueilli 2,5 millions de signatures contre le festival, a également expliqué que l’hostilité des gens étaient un problème : « tout le monde nous détestait », raison pour laquelle, son organisation a décidé de sponsoriser des programmes sur le bien-être animal dans les écoles.

Le but de cette démarche est de « ringardiser » la viande canine auprès des jeunes. « On vient avec des slogans comme ‘Les jolies filles ne sortent pas avec des mangeurs de chien' », car ce sont principalement les hommes qui consomment la viande de chien, réputée pour ses vertus de virilité.

La Humane Society International (HSI), ONG basée aux Etats-Unis, a estimé à environ 300 chiens abattus chaque jour à Yulin. Le 10 juin, les militants de l’organisation ont manifesté devant le bureau de représentation de la ville de Yulin à Beijing, et ont envoyé au président Xi Jinping une pétition de 11 millions de signatures.

La campagne #StopYulin est devenue une « des plus grosses » actions de HSI, a expliqué Peter Li, spécialiste Chine de l’ONG. Pour lui, il est « très exagéré » de parler d’effet boomerang et d’augmentation de la consommation de canidés à Yulin, note l’AFP. « Qu’il y ait un contrecoup sur le court terme, oui. Mais sur le long terme, je ne suis pas inquiet », a-t-il assuré à l’Agence France Presse.

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