vendredi, avril 19

Washington met en place des « restrictions de visas »

Les Etats-Unis ont encore mit la pression sur la Chine pour dénoncer une « campagne de répression » contre les musulmans ouïghours au Xinjiang malgré les protestations du gouvernement chinois.

« La Chine détient par la force plus d’un million de musulmans dans le cadre d’une campagne systématique et brutale pour éradiquer leur religion et leur culture au Xinjiang« , a dénoncé le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo.

En réponse, il a annoncé dans un communiqué des « restrictions » dans l’octroi de visas américains à des responsables du gouvernement et du Parti communiste chinois accusés d’être « responsables » ou « complices » de cette « campagne de répression« .

Mike Pomeo n’a pas cité le nombre ni les identités des responsables visés, ajoutant que ces sanctions concerneraient aussi les membres de leur famille. Le secrétaire d’Etat a précisé que ces « restrictions de visas » venaient « compléter » l’inscription le 7 octobre sur une liste noire du département américain du Commerce de 28 organisations gouvernementales et commerciales chinoises impliquées dans la surveillance au Xinjiang.

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Ces organisations ne peuvent plus importer de produits depuis les Etats-Unis. « La Chine doit mettre fin à sa surveillance et à sa répression draconiennes et libérer toutes les personnes arbitrairement détenues », a martelé Mike Pompeo (en image de Une au côté de Wang Yi, ministre des affaires étrangères).

Les organisations de défense des droits humains et la diplomatie américaine ont assuré que plus d’un million de musulmans, principalement de l’ethnie turcophone ouïghoure, sont détenus dans des camps de rééducation politique au Xinjiang.

Beijing a démenti ce chiffre et parle de « centres de formation professionnelle », afin de lutter contre le terrorisme, l’islamisme et le séparatisme. Les autorités chinoises ont vivement dénoncé ces mesures.

« La Chine exprime son fort mécontentement et son opposition résolue », a déclaré le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang, estimant qu’il n’y avait « pas de problème de droits de l’Homme » au Xinjiang.

« Les mesures d’antiterrorisme et de déradicalisation au Xinjiang sont destinées à éradiquer le terreau propice à l’extrémisme et au terrorisme », a également insisté l’ambassade de Chine à Washington sur Twitter.

« Elles sont conformes aux lois chinoises et aux pratiques internationales, et sont soutenues par 25 millions de personnes de divers groupes ethniques au Xinjiang », a ajouté l’ambassade.

En pleine guerre commerciale, Beijing a accusé les Etats-Unis d’utiliser la question du Xinjiang « comme prétexte pour s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine ». D’autant plus que la décision de l’administration Trump intervient à quelques jours de la reprise des négociations commerciales entre les deux premières puissances économiques mondiales.

Le gouvernement américain a précisé que huit des 28 organisations visées étaient des entités commerciales, les autres sont des organismes gouvernementaux, dont le Bureau de la sécurité publique.

« Cette mesure permettra que nos technologies (…) ne soient pas utilisées pour réprimer des populations minoritaires sans défense », a expliqué le ministre du Commerce, Wilbur Ross. Parmi les organisation figurent la société spécialisée dans la vidéosurveillance Hikvision et les entreprises d’intelligence artificielle Megvii Technology et SenseTime, selon un document officiel qui doit être publié ce 9 octobre, aux Etats-Unis.

Hikvision, numéro un mondial des équipements de vidéosurveillance, avec 34.000 employés, aurait – selon les Etats-Unis – profité de l’omniprésence des caméras de surveillance en Chine, notamment au Xinjiang.

La société a critiqué une décision « sans base factuelle », demandant « au gouvernement américain un réexamen », « fondé sur les principes d’équité, de justice et de non-discrimination ».

De son côté, Megvii, qui appartient au géant de l’e-commerce Alibaba, a estimé que la mesure américaine dénotait « une incompréhension » de cette entreprise, qui vante l‘ »incidence positive sur la société » de sa technologie.

Quant à SenseTime, elle s’est dite « profondément déçue » et va « travailler étroitement avec toutes les autorités concernées pour comprendre parfaitement et dénouer la situation« .