samedi, avril 20

Washington se mêle de la succession du Dalaï-lama

Alors que les Tibétains sont en train de chercher un successeur au Dalaï-lama, Washington tente d’empêcher Beijing à se mêler du processus de désignation.

Les Etats-Unis ont prévenu le gouvernement et le PCC : à 84 ans, le 14ème Dalaï-lama a réduit le nombre de ses déplacements et a été hospitalisé en avril 2019 pour une infection pulmonaire. Cependant, il se veut rassurant sur son état de santé.

« C’est à la fois troublant et ironique de voir que le parti continue de se prévaloir d’un rôle dans le processus de réincarnation du dalaï lama, alors même que le président Xi Jinping a exhorté ses membres à rester inflexibles dans leur marxisme athée », a déclaré le secrétaire d’Etat américain adjoint pour l’Asie de l’Est, David Stilwell, lors d’une audition parlementaire cette semaine.

« Nous pensons que les Tibétains, comme toutes les communautés religieuses, doivent pouvoir pratiquer leur foi librement et choisir leurs chefs sans ingérence », a-t-il prévenu, assurant que Washington continuera de faire pression pour que le Tibet accède à une « autonomie significative ».

Des élus au Congrès américain ont décidé de présente une proposition de loi imposant des sanctions contre tout responsable chinois qui se mêlerait de la succession lorsque Tenzin Gyatso viendra à disparaître.

Les tibétains et le gouvernement chinois savent que la mort de l’actuel chef spirituel tibétain risque de freiner la quête d’autonomie de la région himalayenne. En effet, la lutte a été incarnée pendant des décénies par le plus célèbre moine bouddhiste de la planète, également prix Nobel de la paix.

Les négociations entre la Chine et les représentants du Dalaï lama, qui ne demande plus l’indépendance et milite pour une autonomie renforcée, sont au point mort depuis neuf ans.

Les autorités chinoises laissent entendre de manière qu’elles pourraient identifier son successeur, afin de désigner un chef spirituel susceptible d’accepter la mainmise de Pékin.

Les moines tibétains choisissent le Dalaï lama à travers une quête rituelle pouvant prendre plusieurs années, avec un comité itinérant qui recherche des signes dans un jeune enfant afin qu’il puisse être la réincarnation du dernier chef spirituel.

L’actuel Dalaï lama vit en exil en Inde depuis qu’il a fui le Tibet lors d’une insurrection ratée en 1959. Ce dernier laisse planer la possibilité d’un processus non traditionnel qui empêcherait la Chine d’intervenir. Il pourrait choisir lui-même, de son vivant, son successeur, peut-être une fille. Voire même décréter qu’il est le dernier dalaï lama.

Matteo Mecacci, président de la Campagne internationale pour le Tibet, un groupe de pression dont le siège est à Washington, a estimé que « nous espérons que le dalaï lama vivra encore longtemps, mais une loi préventive aurait, je pense, un impact sur la réflexion chinoise ».

Ce dernier a indiqué, « je ne dis pas que cela va changer la décision du gouvernement chinois, mais il devra probablement réfléchir aux conséquences ».

Le texte, déposé par Jim McGovern, élu démocrate à la Chambre des représentants, devrait empêcher la Chine d’ouvrir de nouveaux consulats aux Etats-Unis tant que Washington ne pourra pas avoir sa propre mission diplomatique à Lhassa, la capitale du Tibet.