Les dépenses des voyageurs chinois ont augmenté de 8% sur un an durant les congés du 1er mai, atteignant 180,27 milliards de yuans (24,92 milliards de dollars), mais restent en dessous des niveaux d’avant la pandémie de Covid-19. Dans le même temps, l’activité des services en Chine a connu en avril sa hausse la plus lente depuis sept mois.
La fête du 1er mai, l’une des plus longues de Chine, est observée de près comme baromètre de la confiance des consommateurs chinois. En effet, la consommation en Chine peine à se relever et la crise immobilière prolongée pèse aussi sur l’économie chinoise. A cela s’ajoute, les retombées de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine qui risquent d’aggraver la croissance chinoise.
Le ministère chinois du Tourisme a enregistré 314 millions de voyages domestiques pendant les congés, soit une hausse de 6,5%. Le nombre de transactions via Weixin Pay, une application de paiement très populaire, a augmenté de plus de 10% sur un an, avec une forte hausse des dépenses dans la restauration.
Cependant, la dépense totale par personne sur les cinq jours de congés, période traditionnellement propice aux voyages en famille, n’a progressé que de 1,5% pour atteindre 574,1 yuans, selon les calculs de l’agence de presse Reuters basés sur les données officielles. Ce montant est inférieur au niveau de 2019, où la dépense par habitant s’élevait à 603,4 yuans.
Les cinémas ont particulièrement souffert, avec une chute significative des ventes de billets. Le box-office n’a rapporté que 747 millions de yuans durant ces cinq jours, soit à peine la moitié de la même période en 2024.
Ralentissement de la croissance chinoise
De son côté, les commandes dans le secteur des services en Chine a ralenti par rapport à mars, en raison de l’incertitude engendrée par les droits de douane américains, selon une enquête privée publiée le 6 mai.
Malgré une croissance chinoise plus forte que prévu au premier trimestre, soutenue par des mesures gouvernementales, la Chine continue fait face à des risques déflationnistes persistants.
L’indice PMI des directeurs d’achat des services Caixin/S&P Global est tombé à 50,7 contre 51,9 en mars, soit son plus bas niveau depuis septembre 2024. Un indice supérieur à 50 signale une expansion, en dessous, une contraction.
Ce chiffre est globalement en phase avec les données officielles chinoises, qui montraient une activité des services en repli à 50,1 contre 50,3 le mois précédent. L’indice Caixin est considéré comme un meilleur indicateur des tendances parmi les entreprises plus petites et orientées vers l’exportation.
L’enquête Caixin a mit en évidence que la croissance des nouvelles affaires est tombée à son rythme le plus bas depuis décembre 2022, même si les commandes à l’exportation ont légèrement progressé, en partie grâce à la reprise du tourisme.
La guerre commerciale inquiète
La baisse du PMI Caixin apporte « une preuve supplémentaire que la guerre commerciale pèse sur l’activité économique en Chine, au-delà du seul secteur manufacturier », a estimé Zichun Huang, économiste Chine chez Capital Economics.
« Même si la prudence reste de mise, nous pensons que les entreprises surestiment les dommages que pourraient causer les droits de douane américains », a indiqué cette dernière à l’agence de presse, Reuters.
Environ 48% des employés chinois travaillaient dans les services en 2023, secteur qui a contribué à 56,7% du PIB en 2024. Les mesures commerciales du président américain Donald Trump pourraient frapper durement l’industrie manufacturière, remettant en cause les plans d’embauche et la confiance des ménages.
Le moral des entreprises du secteur des services a progressé au rythme le plus lent depuis février 2020. les entreprises chinoises évoquent les droits de douane américains comme principale source d’inquiétude.
Pour réduire leurs coûts, les prestataires de services ont supprimé des emplois pour le second mois consécutif, entraînant une hausse des arriérés de travail, poussant l’indicateur correspondant en territoire expansionniste pour la première fois cette année. Les entreprises ont également baissé leurs prix pour attirer la clientèle, malgré la hausse de leurs coûts d’approvisionnement.