Le secteur immobilier a représenté au sens large plus du quart du PIB de la Chine, mais le secteur est désormais sous pression, avec des promoteurs au bord de la faillite et nombre de logements inachevés.
Pour relancer la croissance, la Chine mise sur les prêts immobiliers. Raison pour laquelle, la Banque Populaire de Chine a abaissé le 20 février un taux de référence, afin de stimuler ce secteur clé mais en difficulté.
L’immobilier a connu deux décennies de croissance fulgurante en Chine avec la hausse du niveau de vie de la population. Il a durant des décennies représenté au sens large plus du quart du PIB de la Chine.
Mais le secteur est désormais sous pression. Certains promoteurs immobiliers sont au bord de la faillite, des logements sont inachevés et les prix en baisse dissuadent les Chinois d’investir dans la pierre. Tout cela dans un contexte de ralentissement économique.
Pour tenter de stimuler l’activité, la Banque centrale a réduit un taux directeur de référence pour les prêts immobiliers. Il s’agit du taux LPR à cinq ans qui a été abaissé de 4,2% à 3,95%. Cela représente la plus forte coupe de ce taux, qui est désormais à son plus bas historique. Or il avait déjà été abaissé en juin.
Cette décision a été anticipée par les marchés. Elle devrait encourager les banques commerciales à accorder davantage de crédits et à des taux plus avantageux. Cette mesure doit également par extension soutenir l’activité, dans un contexte de ralentissement économique.
«Urgence d’agir» pour stimuler l’économie
Cette décision est « un pas dans la bonne direction » pour relancer l’activité, a estimé l’économiste Zhiwei Zhang, du gestionnaire d’actifs Pinpoint Asset Management. Cependant, elle est à rebours des principales économies dans le monde qui rehaussent les taux pour juguler l’inflation.
Alors que le LPR à un an constitue la référence des taux les plus avantageux que les banques peuvent offrir aux entreprises et aux ménages, il est resté inchangé à 3,45%, a précisé la Banque Populaire de Chine.
Cette décision intervient après la publication d’indicateurs en demi-teinte pour la deuxième économie mondiale. La Chine a enregistré en 2023 l’une des croissances les plus faibles en trois décennies (5,2%), selon un chiffre officiel.
Le chômage élevé chez les jeunes et les incertitudes liées à la conjoncture sont également un important frein aux dépenses dans le pays, pesant sur le fonctionnement de milliers d’usines et impactant l’emploi.
A cela s’ajoute les tensions géopolitiques qui pèsent sur la demande en produits chinois et pénalisent les exportations, un autre pilier de l’économie. « Les décideurs politiques reconnaissent l’urgence d’agir rapidement » pour l’économie, selon Zhiwei Zhang.
Ce dernier a indiqué que la baisse du LPR a été bien plus importante qu’anticipée par les marchés. Mais elle « aura probablement un effet limité« , a souligné l’analyste Ting Lu, de la banque Nomura. Selon lui, les autorités devront « faire beaucoup plus pour sauver » les chantiers inachevés et « stabiliser » le secteur immobilier.
Prix de l’immobilier qui chutent
La Chine a annoncé à plusieurs reprises des mesures pour sauver son secteur immobilier mais les résultats ont eu que peu d’effets. En décembre 2023, les principales villes de Chine ont de nouveau enregistré une baisse des prix de l’immobilier sur un mois, selon les chiffres officiels.
Sur 70 villes qui composent l’indicateur officiel de référence, 62 étaient ainsi concernées (contre 33 en janvier 2023, signe de dégradation de la situation).
Pour stimuler l’activité, la Banque Populaire de Chine avait déjà abaissé au début du mois le taux de réserve obligatoire (RRR). Ce ratio est la part des dépôts que les banques commerciales sont tenues de garder dans leurs coffres.
Toute baisse est censée inciter les établissements bancaires à accorder davantage de prêts, selon les économistes. Les Bourses chinoises sont d’une manière générale orientées à la baisse depuis de nombreux mois, en raison de la situation économique. Mais la baisse du LPR laisse présager un peu de répit.
