dimanche, avril 14

La ville chinoise de Wuhan d’où proviendrait le Covid-19 est en faillite totale

Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, de nombreuses villes de Chine ont dépensé énormément d’argent. Wuhan est actuellement dans une situation complexe, à tel point que la municipalité a demandé à ses créanciers de rembourser rapidement leurs dettes.

La campagne zéro Covid a laminé les finances locales

La plus grande ville du centre de la Chine a exhorté les entreprises à rembourser rapidement les prêts auxquels elles ont souscrit. D’après CCN, le bureau des finances de Wuhan a déclaré le 27 mai dans un communiqué publié par le journal officiel Changjiang Daily que 259 entreprises et entités lui devaient plus de 100 millions de yuans, soit 13 millions d’euros.

Les débiteurs ou garants comprennent des entreprises publiques ou privées, des ministères et des groupes de réflexion, selon les médias officiels citant une capture d’écran du journal. Ne parvenant par à recouvrir les dettes de ses créanciers, le bureau des finances a dit offrir des récompenses à toute personne capable de fournir des informations utiles sur les actifs financiers de ces débiteurs.

Le communiqué de presse de Wuhan, épicentre de la pandémie de Covid-19, est très inhabituel, car les autorités préfèrent généralement communiquer discrètement sur ce type de sujet. Cela met en évidence les problèmes budgétaires de la municipalité, qui ne doit pas être la seule dans cette situation.

La campagne zéro Covid-19 du président chinois Xi Jinping a fortement puisé dans les budgets de nombreuses villes et provinces. Celles-ci ont dépensé des milliards de dollars en confinements répétitifs, tests de masse, et centres de quarantaine. La crise immobilière a exacerbé les problèmes financiers des villes, car les gouvernements locaux dépendent fortement des revenus de la vente des terres.

Le gouvernement local rogne sur l’assurance maladie

Les analystes estiment que l’encours des dettes publiques de la Chine a dépassé 123 000 milliards de yuans (9 000 milliards d’euros) l’année dernière, dont près de 10 000 milliards de dollars sont des «dettes cachées» dues par des plateformes de financement risquées des gouvernements locaux.

En raison du resserrement des budgets, certaines villes ont déjà réduit les prestations médicales aux personnes âgées, provoquant des protestations. D’autres services vitaux sont menacés.

Le 15 février 2023, des retraités ont manifesté contre une réforme de l’assurance maladie. En effet, le montant de l’allocation santé versée mensuellement aux retraités par les autorités de Wuhan a été réduit depuis le 1er février. Cette décision avait déjà donné lieu à un rassemblement de retraités devant l’hôtel de ville de Wuhan quelques jours plutôt. Les manifestants avaient alors été reçus par les autorités, selon des images diffusées en ligne par des participants.

Cette mobilisation montre «les difficultés financières que connaissent les collectivités locales», selon les analystes du cabinet SinoInsider spécialisé dans la politique et l’économie chinoises. Car généralement «les collectivités locales préfèrent faire des compromis» avec les protestataires pour éviter qu’un mouvement ne prenne de l’ampleur, a indiqué le cabinet.

Kunming également concernée

Les agences de financement officielles de Kunming, la capitale de la province du Yunnan, ont également eu du mal à lever suffisamment d’argent pour payer ce qu’elles devaient à leurs détenteurs d’obligations. Le Yunnan est l’une des provinces les plus endettées du pays, son ratio dette/revenu fiscal ayant atteint plus de 1000% l’an dernier.

Wuhan et Kunming ne sont pas les seules municipalités à révéler l’étendue de leurs problèmes d’endettement. Le Guizhou, l’une des provinces les plus pauvres de Chine, a publiquement admis sa défaite en avril 2023 en essayant de régler ses finances et a appelé Pékin à l’aide pour éviter le défaut de paiement.

À Wuhan, les débiteurs comprennent de grandes entreprises telles que Dongfeng Wuhan Light Vehicle, qui est contrôlée par le régulateur des actifs de l’État de la ville, et Uni-President Enterprises, un géant taïwanais de l’alimentation et des boissons avec des opérations importantes en Chine continentale.

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