
Des torrents dangereux d’eau et de glace pourraient décimer plusieurs villes situées le long du fleuve Jaune, deuxième plus grand cours d’eau de Chine. Des chercheurs ont constaté que le réchauffement climatique conduit à la formation de blocs massifs de glace risquant de se briser à tout moment, augmentant ainsi le risque dans une région déjà soumise aux inondations.
Situé en Chine, le fleuve jaune (黃河 , Huáng Hé) mesure plus de 5 400 km de long et fait partie des plus grands cours d’eau du monde. Considéré comme le berceau de la civilisation chinoise, il est aussi surnommé le « chagrin de la Chine », à cause de ses crues impressionnantes et meurtrières qui sévissent depuis plusieurs siècles.
Le risque d’inondations pourrait s’amplifier dans les années à venir en raison d’un phénomène spécifique aggravé par le dérèglement climatique, selon une étude réalisée par des scientifiques de l’université de Berne (Suisse) et de l’Académie chinoise des sciences (Pékin, Chine), publiée dans la revue Science Advances.
Se basant sur des données et des modèles statistiques réalisés au cours de ces 160 dernières années, les scientifiques ont constaté que les embâcles (accumulation de matériaux naturels apportés par l’eau) risquent d’accroître le risque d’inondations dans le fleuve jaune.
Ces embâcles sont des blocs de glace formés près du plateau tibétain, source du fleuve, qui se brisent lorsque les températures au début du printemps. Ils se sont progressivement déplacés vers le cours inférieur du fleuve au fil du temps, en raison du réchauffement climatique.
L’eau migre alors vers les courants plus froids du fleuve et gèle, jusqu’à créer un « embouteillage » de glaces menaçant de s’écrouler en torrents, en cas de fonte. « Nos résultats montrent que les inondations dues aux embâcles sont fortement influencées par les télé-connexions atmosphériques à grande échelle, notamment l’oscillation arctique, l’anticyclone sibérien et le blocage de l’Oural, qui régulent les contrastes thermiques régionaux et les intrusions d’air froid », ont expliqué les chercheurs.
La majorité de ces inondations terminent dans la mer, mais elles pourraient avoir des conséquences dévastatrices pour les écosystèmes et les infrastructures voisines, ont expliqué les auteurs des travaux.
Ces derniers insistent notamment sur les risques accrus d’inondations dans plusieurs villes côtières de Chine, telles que Binzhou, Dongying ou Shandong, et des pénuries d’eau qui en découleraient.
« Notre étude fait le lien entre les perspectives historiques et futures, soulignant la nécessité d’une gestion adaptative des inondations à mesure que le changement climatique modifie les risques hydrologiques dans le monde entier », ont conclu les scientifiques.