mardi, septembre 9

L’initiative chinoise de gouvernance mondiale : façonner une nouvelle ère de multilatéralisme

De Paul Frimpong – Lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai Plus à Tianjin, le président Xi Jinping a présenté l’Initiative pour la gouvernance mondiale (IGM), un cadre visant à réformer la coopération internationale en période de turbulences.

Cette initiative appelle à un système fondé sur l’égalité souveraine, le respect du droit international, le multilatéralisme, une approche centrée sur l’être humain et des résultats concrets.

Cette annonce a coïncidé avec le 80e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste, ainsi qu’avec le 80e anniversaire des Nations Unies. Ces deux événements témoignent des efforts collectifs déployés pour préserver la paix et institutionnaliser la coopération.

Comme l’a souligné Xi Jinping, l’histoire nous rappelle que « dans les moments difficiles, nous devons maintenir notre engagement initial en faveur de la coexistence pacifique, renforcer notre confiance dans une coopération mutuellement bénéfique, progresser en accord avec les tendances de l’histoire et nous épanouir en suivant le rythme de notre époque ».

Aujourd’hui, les rivalités géopolitiques, l’unilatéralisme et les crises mondiales telles que le changement climatique et les inégalités menacent le système multilatéral construit après 1945. Dans ce contexte, l’Initiative pour une gouvernance mondiale se positionne à la fois comme une réponse aux défis actuels et comme un modèle d’avenir pour un ordre mondial renouvelé.

Ancrages historiques et leur pertinence mondiale

Le lancement de l’Initiative pour une gouvernance mondiale est étroitement lié aux anniversaires historiques célébrés en 2025. Le 80e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste est plus qu’une commémoration nationale : c’est un rappel mondial des sacrifices consentis pour défendre la paix et la justice. Pour la Chine, cet anniversaire souligne l’importance durable de préserver sa souveraineté, de résister à l’hégémonie et d’empêcher la répétition de tragédies historiques.

Tout aussi important est le 80e anniversaire de la fondation des Nations Unies, nées des ruines de la guerre pour institutionnaliser la coopération, promouvoir la paix et établir le droit international comme fondement de l’ordre mondial. La Charte des Nations Unies a consacré des principes tels que l’égalité souveraine, la non-ingérence et la sécurité collective, des valeurs qui résonnent fortement dans les cinq engagements fondamentaux de l’Initiative mondiale pour la paix et la sécurité (GGI). Ce lien est délibéré : en rappelant les leçons de 1945, la Chine présente sa proposition comme une extension et un renouveau de l’esprit de l’ONU pour le XXIe siècle.

Dans le contexte actuel, ces ancrages historiques rappellent avec force la nécessité de l’unité face aux défis mondiaux. Tout comme la communauté internationale s’est rassemblée il y a huit décennies pour résister à l’agression et créer l’ONU, l’appel du président Xi, par l’intermédiaire de l’Initiative mondiale pour la paix et la sécurité (GGI), appelle les nations à agir à nouveau collectivement, cette fois pour réformer les institutions, combler les écarts de gouvernance et assurer la paix, la sécurité et la prospérité pour tous.

Comprendre l’Initiative pour la gouvernance mondiale (IGM)

L’IGM s’appuie sur les propositions antérieures de la Chine – l’Initiative pour le développement mondial (IDM), l’Initiative pour la sécurité mondiale (ISM) et l’Initiative pour la civilisation mondiale (ICM) – mais aborde la question plus large de l’évolution de la gouvernance mondiale elle-même.

Ses cinq engagements sont les suivants :

  • Égalité souveraine – Tous les pays, quelle que soit leur taille ou leur puissance, devraient avoir leur mot à dire sur la gouvernance.
  • État de droit international – Respect strict de la Charte des Nations Unies et du droit international, sans deux poids, deux mesures.
  • Multilatéralisme – Soutien à l’ONU comme plateforme centrale pour une prise de décision inclusive.
  • Approche centrée sur l’humain – Veiller à ce que la gouvernance soit au service des citoyens en s’attaquant aux inégalités et aux défis communs.
  • Résultats concrets – Se concentrer sur une action coordonnée et axée sur les résultats dans des domaines tels que la gouvernance numérique, l’espace et le climat.

L’initiative ne vise pas à remplacer le système actuel, mais à le réformer et à le revitaliser, en rendant les institutions plus représentatives et plus efficaces.

Pourquoi l’Initiative est-elle importante aujourd’hui ?

Le lancement de l’Initiative pour une gouvernance mondiale intervient à un moment où le système international est soumis à de fortes tensions. L’ordre multilatéral d’après 1945, autrefois ancré dans la Charte des Nations Unies et le droit international, est confronté à l’érosion due à la recrudescence des rivalités entre grandes puissances, à la montée du protectionnisme et à la résurgence des mesures unilatérales.

Parallèlement, les défis mondiaux – du changement climatique et des pandémies à l’intelligence artificielle et au creusement des inégalités – s’intensifient, mais les réponses collectives restent fragmentées.

La Chine présente l’Initiative pour une gouvernance mondiale comme un correctif à ce qu’elle décrit comme les « déficits » du système actuel : sous-représentation des pays du Sud, affaiblissement de l’autorité du droit international et absence de solutions efficaces aux problèmes urgents.

Pour les pays en développement en particulier, l’initiative promet une plus grande participation et une plus grande influence dans l’élaboration des règles mondiales. En ce sens, l’Initiative pour une gouvernance mondiale fait écho aux appels en faveur d’une architecture financière internationale plus juste, d’un financement climatique équitable et d’une gouvernance numérique inclusive.

L’initiative est également importante car elle répond à une préoccupation plus profonde : la légitimité du multilatéralisme lui-même. Face à un scepticisme croissant quant à l’efficacité des institutions internationales, le GGI propose une vision pour revitaliser la coopération par des réformes concrètes plutôt que d’abandonner complètement le système. Il présente l’ONU comme indispensable, mais nécessitant un renouveau, notamment pour élargir sa représentation et combler les lacunes de gouvernance dans de nouveaux domaines comme le cyberespace et l’espace.

En fin de compte, le moment choisi reflète à la fois une opportunité et une nécessité. Tout comme la fondation de l’ONU en 1945 a répondu aux crises de son époque, le GGI vise à mobiliser le monde pour affronter les turbulences actuelles avec unité, inclusivité et…

Le Sommet de l’OCS comme plateforme de lancement

La présentation du GGI au Sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) était stratégique. L’OCS, qui s’étend sur toute l’Eurasie et représente une part croissante du commerce et de la croissance mondiaux, incarne la multipolarité et le multilatéralisme non occidental.

Xi a salué l’« esprit de Shanghai » de l’OCS, fondé sur la confiance, l’égalité et le respect de la diversité, soulignant son bilan en matière de coordination sécuritaire, de partenariats économiques et d’échanges culturels. En lançant l’Initiative pour la gouvernance mondiale (IGM) ici, la Chine a aligné son initiative sur une organisation déjà engagée dans la coopération inclusive et amplifiant la voix des pays du Sud.

L’envergure et l’influence de l’OCS en ont fait un cadre idéal pour promouvoir des réformes reflétant l’évolution de la dynamique mondiale, positionnant l’IGM non seulement comme une idée diplomatique, mais aussi comme une pratique multilatérale concrète.

L’engagement de la Chine en faveur de la paix et du développement

Le lancement par la Chine de l’Initiative pour la gouvernance mondiale s’inscrit dans son identité de longue date de défenseur de la paix et de champion du développement. Tirant les leçons de la Seconde Guerre mondiale et de la fondation de l’ONU, Pékin souligne que la préservation de la souveraineté, la lutte contre l’hégémonisme et la promotion de la sécurité collective demeurent essentielles à la stabilité mondiale.

Parallèlement, la Chine met en avant le développement comme fondement d’une paix durable, s’engageant dans des initiatives en matière d’énergie verte, de coopération numérique, de réduction de la pauvreté et de santé publique, par l’intermédiaire de l’OCS et au-delà. En reliant les anniversaires de 1945 aux réformes actuelles, la Chine se positionne à la fois comme gardienne de l’histoire et architecte d’un avenir commun et tourné vers l’avenir.

Conclusion

L’Initiative pour une gouvernance mondiale marque une étape opportune et ambitieuse vers la revitalisation du multilatéralisme. En ancrant cette proposition dans les leçons durement acquises de 1945 et en l’alignant sur les anniversaires de l’ONU et de la victoire mondiale sur le fascisme, la Chine souligne que la paix, la coopération et l’inclusion demeurent les pierres angulaires de l’ordre international.

L’Initiative pour une gouvernance mondiale propose une vision prospective, promettant une meilleure représentation des pays du Sud, un respect renouvelé du droit international et des solutions concrètes aux défis communs. Alors que le monde est confronté à une nouvelle ère d’incertitude, l’initiative invite toutes les nations à œuvrer ensemble pour un avenir mondial plus juste, plus équitable et plus prometteur.

Ecrit par Paul Frimpong – Founder and Executive Director, Africa-China Centre for Policy and Advisory.