mercredi, mars 27

Des capteurs d’ondes cérébrales pour « aider » les élèves à se concentrer

Plusieurs salles de classe du pays sont désormais équipées de caméras intelligentes et de «capteurs» d’ondes cérébrales, qui parviennent à aider les élèves à améliorer leurs notes en renforçant leur concentration. Cependant, des parents s’inquiètent de ces ondes qui pourront impacter le cerveau de leur enfant. Mais pour le gouvernement, les données collectées sont cruciales.

Ainsi, après la reconnaissance faciale utilisée pour surveiller et contrôler sa population et les manipulations génétiques destinées à «améliorer» l’homme, les chinois tentent d’améliorer les performances de leurs enfants, faisant d’eux des «super-élèves», concentrés et disciplinés.

Pour que les jeunes soient le plus concentré, ils portent des casques sur leur tête mesurant les signaux de leurs cerveaux, et surveillant leurs mouvements grâce à des caméras. D’après le quotidien américain, The Wall Street Journal, de plus en plus de salles de classes équipées de caméras «intelligentes» et de «traqueurs d’ondes cérébrales».

Ainsi à l’école primaire Jinhua Xiaoshun, dans la province du Zhejiang, par le port du casque, une courte séance de méditation, destinée à faire le vide, puis les élèves participaient à un «concours». L’élève qui réussit à se concentrer le plus gagne.

Ainsi, sur un écran, situé au fond de la salle de classe, une fusée symbolise l’attention de l’élève. Si elle monte, c’est qu’il est concentré, mais si elle tombe, c’est que son attention diminue. Ces «exercices» d’une trentaine de minutes préparent les élèves pour tout le reste du cours. En effet, ils gardent leurs bandeaux sur le crâne toute la journée.

D’après The Wall Street Journal et l’anglais The Guardian, le capteur testé sur ces écoliers «surveille» leurs ondes cérébrales. Le casque ressemble à un «serre-tête» high tech, conçu par la startup BrainCo, basée aux USA, mais fondée et gérée par un ingénieur chinois. Il permet de «visualiser les ondes envoyées par les neurones, en temps réel», grâce à trois électrodes, placés sur le front et derrière les oreilles.

Les données sur l’activité électrique du cerveau sont collectées puis envoyées à l’ordinateur du professeur de la classe. Un logiciel génère aussi des «alertes» en temps réel sur le «niveau d’attention» de chaque enfant. Ensuite, un «rapport» d’analyse est aussi transmis aux parents à la fin de chaque cours.

Pour certains enseignants utilisant ces casques, ils auraient constaté une «différence» chez leurs élèves entre le début des tests, fin 2018, et aujourd’hui. Selon eux, en une année, «le changement est frappant : ils répondent à mes questions d’une façon bien plus pertinente», a indiqué une professeure de langue.

D’après l’enseignante, ces casques fournissent un «indice psychologique», et permettent de mieux «surveiller» chaque élève, afin de l’aider à se concentrer et à suivre les leçons. Mais si certains parents apprécient l’expérience, car leurs enfants ont eu de meilleures notes cette année, d’autres s’inquiètent.

En novembre 2019, l’école Jinhua Xiaoshun a dû cesser l’un de ces tests face aux préoccupations de certaines familles, quant au respect de la vie privée de leurs enfants, et de leurs craintes face à la possibilité pour des adultes, via ces appareils, de «contrôler» leur progéniture.

Une fake news sur les réseaux sociaux chinois serait, selon The Guardian, à l’origine de la fin de l’expérimentation, décidée par l’État. De son côté, le gouvernement jongle entre son projet de devenir leader dans le domaine de l’Intelligence Artificielle et son envie d’avoir des citoyens parfaits.

En octobre 2019, la population s’était déjà indigné de voir certains élèves de primaire être filmés en cours par des caméras «intelligentes» et reliés à des logiciels de reconnaissance faciale, afin de savoir combien d’enfants suivent le cours ou au contraire s’agitent sur leur siège, bavardent ou se retournent. Le ministère de l’éducation avait alors promit une future «réglementation» très «stricte» en matière de collecte des données.

L’IA a prit de plus en plus d’ampleur dans les classes, notamment avec les caméras qui «scannent les mouvements des étudiants», des «robots de reconnaissance faciale» s’occupant des tout petits, et des bracelets Bluetooth enregistrant «la fréquence cardiaque, et le temps que l’élève de primaire passe dans la bibliothèque ou sur le terrain de jeu».

Pour les partisans de ces technologies, il s’agit d’outils pour améliorer la sécurité des enfants, aider les enseignants à quantifier les progrès des élèves, et « rendre l’éducation davantage individualisée ».

Mais pour le gouvernement, cette IA permet de faire progresser ses chercheurs dans le domaine, devenu un «nouveau moteur» de croissante économique.

Une représentante de BrainCo à Pékin a expliqué qu’«en Chine, les parents accordent une grande valeur à l’éducation et, en raison d’un environnement très concurrentiel, ils sont prêts à essayer tout ce qui pourrait aider leurs enfants».

La société sino-américaine aurait expédié plus de 20 000 serre-têtes en Chine. Pour le président-fondateur de BrainCo, l’ingénieur Han Bicheng, diplômé de Harvard, défend son « lecteur de pensées». Selon lui, son casque a pour but «d’aider les humains à atteindre leur plein potentiel», et non un outil de surveillance.

Une technologie transhumaniste permettant «d’améliorer les capacités cognitives» des gens, qui devrait aussi permettre à terme de contrôler les mouvements d’un robot à distance, «par l’esprit», à la façon d’une interface homme-machine.

Han Bicheng a expliqué dans le South China Morning Post qu’il «n’y a aucun intérêt à utiliser cela pour surveiller simplement les élèves. Le vrai intérêt est qu’elle peut améliorer efficacement les scores des élèves en les entraînant à mieux se concentrer».

Il a créé son casque après avoir vu, lors de ses propres études, de nombreux écoliers «souffrir de longues heures en classe, sans obtenir de bonnes notes parce qu’ils ne pouvaient pas se concentrer correctement.»

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