lundi, mai 19

La Chine et le Brésil s’engagent à défendre le libre-échange

La Chine et le Brésil se sont engagés le 13 mai à défendre le libre-échange et le multilatéralisme, après avoir signé une série d’accords visant à renforcer leurs échanges dans un contexte de tension mondiale provoquée par les droits de douane imposés par le président américain, Donald Trump.

La Chine et le Brésil « doivent s’opposer fermement à l’unilatéralisme, au protectionnisme et aux actes d’intimidation », a déclaré le président chinois Xi Jinping au président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, selon l’agence de presse officielle Xinhua.

De son côté, Luiz Inacio Lula da Silva a déclaré que les relations entre les deux pays n’avaient « jamais été aussi nécessaires ». « La Chine et le Brésil sont déterminés à unir leurs voix contre l’unilatéralisme et le protectionnisme« , a déclaré le président brésilien, selon la télévision d’État brésilienne.

Luiz Inacio Lula da Silva est à Pékin pour une visite officielle de quatre jours au cours de laquelle il participe à la 4ème conférence ministérielle du Forum Chine-CELAC avec d’autres responsables d’Amérique latine et des Caraïbes, dont le président chilien Gabriel Boric et le président colombien Gustavo Petro.

Plusieurs accords signés et une déclaration commune sur l’Ukraine

Dans une déclaration commune sur la guerre en Ukraine, publiée le même jour, la Chine et le Brésil ont déclaré que le dialogue direct était le seul moyen de mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Selon la déclaration, la Chine et le Brésil « saluent les récents signaux favorables au dialogue concernant la crise ukrainienne et attendent des parties concernées qu’elles engagent des négociations fructueuses, élaborent un consensus plus large pour parvenir à un règlement politique, et prennent en compte les préoccupations légitimes de toutes les parties ». Ils mettent en avant « la nécessité de résoudre la crise ukrainienne en examinant ses causes profondes, afin d’aboutir à un accord de paix juste, durable et contraignant ».

Il s’agit de la 3ème rencontre entre les deux chefs d’État, signe du réchauffement des relations entre la plus grande économie d’Amérique latine et la Chine, premier partenaire commercial du Brésil. D’ailleurs, Xi Jinping et Luiz Inacio Lula da Silva ont assisté le 13 mai à la signature de 20 accords, dont des accords très attendus visant à accroître les exportations agricoles brésiliennes vers la Chine. Parmi ces accords, certains ont été conclus dans les domaines des swaps de devises, de l’exploitation minière et de l’énergie nucléaire durable.

Les Etats-Unis et la Chine ont conclu un accord visant à réduire temporairement les droits de douane après des négociations entre des responsables chinois et américains à Genève. Critiquant ouvertement les politiques commerciales de Donald Trump, Luiz Inacio Lula da Silva veut stimuler les exportations de matières premières vers la Chine, son premier marché d’exportation, et à attirer les investissements chinois.

D’autant plus que Brasilia espère pouvoir fournir certains produits que les États-Unis exportent actuellement vers la Chine et dont le coût a augmenté à la suite des droits de douane imposés par Pékin en réponse aux droits de douane élevés imposés par Donald Trump. « Cela ouvre une opportunité, car les exportations en provenance des États-Unis sont actuellement impossibles en raison des droits de douane de 145% », a déclaré à l’agence de presse Reuters Luis Rua, responsable du commerce extérieur au ministère brésilien de l’Agriculture.

Ce dernier a ajouté que le Brésil avait pour objectif d’exporter davantage de sorgho, de porc et de poulet vers la Chine afin de conquérir des parts de marché. Les États-Unis fournissent environ 45% des importations chinoises de sorgho, 30% de celles de poulet et 16% de celles de porc.

Renforcement des échanges commerciaux

Dans une seconde déclaration commune, la Chine et le Brésil ont déclaré qu’ils reconnaissaient l’importance de continuer à développer leurs relations économiques et commerciales bilatérales, et se sont engagés à renforcer leur coopération dans les domaines de l’agriculture, de la science et de l’innovation. Le volume des échanges entre la Chine et le Brésils s’élèvent à 157 milliards de dollars en 2023.

En 2023, le Brésil a exporté 94 milliards de dollars vers la Chine, principalement du soja et d’autres produits agricoles. Avant la visite de Luiz Inacio Lula da Silva, la Chine a levé les restrictions sur les exportations de soja brésilien de cinq entreprises précédemment suspendues pour des raisons phytosanitaires, alors que la Chine cherche à se détourner des importations américaines.

La Chine, qui achète plus de 60% du soja commercialisé dans le monde, importe plus de 70% de ses importations du Brésil. Lors d’un forum commercial auquel Luiz Inacio Lula da Silva a participé le 12 mai à Pékin, l’agence brésilienne de promotion du commerce et des investissements a déclaré avoir contribué à attirer environ 27 milliards de reais (4,8 milliards de dollars) d’investissements chinois au Brésil.

Le constructeur automobile chinois Great Wall Motor, le géant de la livraison Meituan et des entreprises chinoises des secteurs de l’énergie, des métaux et des boissons, notamment CGN Power, Envision, Mixue et Baiyin Nonferrous Group, ont annoncé des investissements au Brésil d’une valeur comprise entre 2 et 6 milliards de reais.

Les accords couvrent un large éventail de secteurs, notamment les carburants durables pour l’aviation, les véhicules électriques, les semi-conducteurs, l’insuline et les grains de café.

Le ministre brésilien des Transports, Renan Filho, a déclaré dans une interview auprès de l’agence de presse Reuters que les investisseurs chinois s’intéressaient à plusieurs projets ferroviaires au Brésil, notamment ceux visant à relier les régions agricoles et minières à des ports tels que Barcarena, Açu et le port récemment ouvert par la Chine à Chancay, au Pérou.

« Nous signerons tous les projets qui présentent une synergie entre le transport routier et ferroviaire et qui ont le potentiel d’augmenter les exportations vers la Chine, en particulier dans le domaine de l’agriculture, mais aussi dans d’autres secteurs, tels que l’exploitation minière », a-t-il déclaré.

Les projets devraient être lancés

Reconnaissant que des plans avaient été présentés à plusieurs reprises aux investisseurs chinois au cours des dernières années, le ministre Renan Filho a estimé que les relations entre la Chine et le Brésil sont désormais suffisamment mûres pour que les projets puissent avancer.

« Cela s’explique en partie, par le fait que les deux pays sont parvenus l’année dernière à un accord plus ferme sur la nature de leurs relations, après des années au cours desquelles les diplomates chinois ont tenté en vain de convaincre le Brésil de rejoindre l’initiative « Belt and Road », le programme mondial d’infrastructure de la Chine », a indiqué ce dernier.

La Chine est le premier marché d’exportation du Brésil et l’un des principaux investisseurs étrangers en Amérique latine. Selon une enquête du Conseil commercial Brésil-Chine, les investissements chinois au Brésil ont totalisé 1,73 milliard de dollars en 2023, soit une augmentation de 33% par rapport à 2022, mais toujours le deuxième plus faible niveau depuis 2007.

En novembre 2023, à Brasilia, Xi Jinping et Luiz Inacio Lula da Silva ont renforcé leurs relations diplomatiques et conclu plus de trois douzaines d’accords de coopération dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, de l’agroalimentaire et d’autres secteurs stratégiques.

Les deux hommes vont se retrouver Rio de Janeiro lors du sommet des BRICS en juillet, auquel Xi Jinping a confirmé sa participation. Le président chinois devrait également se rendre au Brésil pour le sommet des Nations unies sur le climat en novembre, auquel près d’un millier de chefs d’entreprise chinois sont attendus selon les responsables.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *