vendredi, juillet 4

La Chine impose jusqu’à 34,9% de droits de douane sur les brandys européens pour 5 ans

Le ministère du Commerce chinois a annoncé le 4 juillet qu’il imposerait des droits de douane sur les brandys de l’Union européenne pouvant aller jusqu’à 34,9%, à l’issue de son enquête antidumping. Les exportateurs européens se sont engagés sur des prix minimums avec l’Etat chinois seront toutefois exemptés.

Ces droits de douane, qui concernent essentiellement le cognac et l’armagnac, entreront en vigueur le 5 juillet pour une durée de cinq ans. Selon les documents du ministère du Commerce chinois publiés le 4 juillet, les taux des taxes douanières varient dans une fourchette allant de 27,7% à 34,9% en fonction des marques.

La Chine a précisé que les entreprises qui se sont engagées sur des prix minimums avec l’Etat chinois seraient exonérées de ces nouvelles taxes. Si elles ne respectent pas ces prix planchers à l’importation, les taxes douanières s’appliqueront. Parmi les entreprises ayant noué de tels engagements figurent Rémy Cointreau, Pernod Ricard et LVMH (propriétaire de L’Agefi).

Une issue favorable

Rémy Cointreau a annoncé dans un communiqué publié le 4 juillet « la conclusion d’un accord entre les autorités chinoises et certains producteurs de cognac portant sur des ‘engagements de prix minimum’ applicables aux importations des eaux-de-vie issues de la distillation de raisin en récipients de moins de 200 litres et originaires de l’Union européenne ».

« En vertu de cet accord certains acteurs du cognac concernés par la procédure s’engagent, selon des formules qui leur sont propres, à respecter un prix minimum à l’importation en Chine. En contrepartie, les droits antidumping ‘définitifs’ qui devaient être imposés aux exportations européennes ne seront pas appliqués », a expliqué le groupe.

« Cet accord ne constitue en aucun cas une reconnaissance de pratiques de dumping », a ajouté Rémy Cointreau. Le dumping consiste pour une entreprise à vendre ses produits à l’étranger à des prix inférieurs à ceux pratiqués sur son marché intérieur, voire en dessous du prix de revient.

« Bien que les conditions de cet accord demeurent moins avantageuses que celles en vigueur avant l’ouverture de l’enquête, elles offrent une issue nettement plus favorable ou à tout le moins, une alternative sensiblement moins pénalisante que l’application des droits antidumping définitifs », a souligné Rémy Cointreau.

Le groupe reste « en attente de précisions supplémentaires » pour pouvoir évaluer l’impact de cet accord. Il mettra à jour ses objectifs annuels le 25 juillet prochain, à l’occasion de la publication de ses résultats du 1er trimestre.

De son côté, Pernod Ricard a indiqué le 4 juillet dans un communiqué que les coûts supplémentaires liés à l’engagement de prix minimums étaient « nettement inférieurs à ceux qui auraient été supportés si les droits antidumping provisoires avaient été rendus permanents ».

Pernod Ricard reste « engagé dans une croissance durable à long terme en Chine », a ajouté le groupe.

Le dépôt d’une caution de garantie

Dans le cadre de son enquête antidumping lancée en janvier 2024, la Chine impose depuis le 11 octobre 2024 le dépôt d’une caution de garantie auprès des douanes chinoises par les importateurs d’eaux-de-vie de vin européens. Ces mesures temporaires ont entraîné une chute des exportations du secteur vers la Chine.

Le Bureau national interprofessionnel du cognac (Bnic), qui représente le secteur français, avait indiqué en février 2025 que la filière perdait 50 millions d’euros par mois depuis l’instauration de ce système de cautions.

Le 4 juillet, le Bnic a renouvelé dans un communiqué son « appel auprès du gouvernement français et de la Commission européenne pour qu’un accord politique soit trouvé dans les plus brefs délais avec les autorités chinoises pour revenir à une situation sans droits antidumping ».

L’association interprofessionnelle SpiritsEurope, qui regroupe les producteurs européens de spiritueux, a appelé à ce que les parties prenantes poursuivent le dialogue afin de trouver une « solution politique constructive qui permettra le retrait complet de ces mesures et rétablira un accès équitable et prévisible au marché [chinois] pour tous les exportateurs de spiritueux de l’UE ».

Le ministère du Commerce chinois a précisé que les taxes douanières qui entreront en vigueur le 5 juillet n’étaient pas rétroactives et donc que les cautions versées entre le 11 octobre 2024 et le 4 juillet 2025 seraient restituées aux entreprises concernées.

La décision de la Chine de lancer une enquête antidumping sur les brandys européens faisait suite à la décision de l’Union européenne d’imposer des droits de douane supplémentaires aux véhicules électriques importés de Chine.