Les importations américaines en provenance de Chine en avril 2022 ont atteint un record, malgré le confinement de Shanghai et d’autres blocages liés à la Covid-19 dans l’économie chinoise.
Selon le site d’information Asia Times, l’agence de presse Bloomberg a assuré l’inverse. Ainsi, 30 économistes et 100 journalistes à temps plein de l’agence n’ont apparemment pas fait la différence entre les données ajustées et non ajustées de façon saisonnière.
Les données non ajustés montrent un modèle de balle rebondissant typique sur un cycle de 12 mois. Il n’a pas de sens de faire des comparaisons d’un mois à l’autre sans prendre en compte la saisonnalité prononcée des modèles commerciaux, a écrit Asia Times.
Les données ci-dessus montrent la désaisonnalisation effectuée sur la plateforme économétrique Eviews à l’aide de l’algorithme TRAMO. Il s’agit d’une approche employée par la plupart des banques centrales.
D’après un article publié le 7 juin par l’agence Bloomberg, « le déficit commercial américain a diminué en avril de la manière la plus enregistrée en termes de dollars, reflétant une baisse de la valeur des importations au milieu des blocages de Covid en Chine tandis que les exportations ont augmenté ».
De plus, « les importations ont chuté en avril alors que l’activité des usines en Chine est tombée à son plus bas niveau depuis février 2020 dans un contexte de verrouillages stricts pour freiner la propagation de Covid-19 ».
« Alors que la fabrication en Chine s’est quelque peu améliorée depuis, les mesures continuent de mettre à rude épreuve les chaînes d’approvisionnement mondiales déjà ténues, en particulier lorsqu’elles sont associées à la guerre de la Russie en Ukraine. Le déficit avec la Chine a diminué en avril de 8,5 milliards de dollars, le plus élevé en sept ans. Les importations ont chuté de 10,1 milliards de dollars, également le plus depuis 2015 », a écrit l’agence de presse économique américaine.
Pour David P Goldman, de Asia Times, la réalité est toute autre, car malgré les confinements imposés par le Covid-19, l’économie chinoise a continué à exporter plus que jamais vers les États-Unis. Les données montrent la résilience, et non la fragilité, de l’économie chinoise et la dépendance toujours croissante des États-Unis vis-à-vis de l’industrie chinoise.
Ainsi selon l’économiste, avant l’entrée en vigueur des tarifs douaniers de Donald Trump, les déclarations de la Chine sur ses exportations vers les États-Unis étaient systématiquement inférieures à celles des États-Unis sur ses importations en provenance de Chine, probablement parce que les exportations chinoises sous-déclarent les recettes d’exportation afin d’accumuler des fonds sur des comptes à l’étranger.
Cependant, après l’entrée en vigueur des taxes douanières de Donald Trump en août 2019, les chiffres des exportations chinoises ont dépassé les chiffres des importations américaines.
Selon une étude de juin 2021, le Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale a expliqué ce changement. Selon lui, « le déficit commercial bilatéral de marchandises des États-Unis avec la Chine semble s’être considérablement réduit depuis l’escalade du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine en 2018, du moins c’est ce que suggèrent les données commerciales américaines. En revanche, les données chinoises racontent une histoire bien différente : le déficit, comme l’implique l’excédent bilatéral de la Chine, a presque atteint des sommets historiques à la fin de 2020″.
« Historiquement, l’écart entre ces chiffres de la balance commerciale était resté assez prévisible et stable. Mais avec le début du conflit commercial, les valeurs des importations en provenance de Chine déclarées par les États-Unis ont chuté plus fortement que les valeurs des exportations vers les États-Unis déclarées par la Chine », a indiqué ce David P Goldman.
Deux raisons sont probablement responsables de ce phénomène : les importateurs américains sous-déclarent les importations chinoises afin d’échapper aux tarifs américains; et les exportateurs chinois déclarent des exportations plus élevées en raison de changements dans les incitations fiscales en Chine.