mercredi, juillet 16

La France accuse la Chine d’avoir mené une campagne de désinformation contre le Rafale

Selon le chef d’état-major des armées français, la Chine est derrière une campagne de désinformation contre l’avion de combat Rafale, après les combats entre le Pakistan et l’Inde. Paris a perdu un de ces appareils de conception française.

Le général Thierry Burkhard a dénoncé « la campagne que la Chine a habilement conduite visant à discréditer notre industrie d’armement et directement le Rafale suite à la perte d’un appareil dans le cadre des confrontations assez dures entre l’armée de l’air indienne et l’armée de l’air pakistanaise », en mai 2025.

Promotion de l’industrie de défense chinoise

Le plus haut-gradé français a évoqué la perte d’un Rafale, l’avion de combat multi rôles construit par Dassault Aviation, dans le cadre de ce que les autorités françaises jugent être une campagne de désinformation, destinée à dénigrer l’industrie française pour faire la promotion de l’industrie de défense chinoise, qui équipe le Pakistan.

La campagne chinoise s’est articulée sur plusieurs fronts, a expliqué à l’Agence France Presse une source sécuritaire. D’un côté, les comptes chinois des réseaux sociaux qui ont généré un grand nombre de messages sur plusieurs plateformes affirmant par exemple que l’Inde avait perdu trois Rafale, ou publiant des images fabriquées pour dénigrer l’avion français, et faire la promotion des avions ou missiles chinois.

De l’autre, les attachés de la défense chinois, ces militaires en poste dans des ambassades à l’étranger, ont aussi relayé ces messages auprès de leurs différents interlocuteurs, particulièrement dans les pays clients ou potentiellement clients du Rafale, comme par exemple en Indonésie, a expliqué la source sécuritaire sous couvert d’anonymat.

Interrogé début juillet, le ministère chinois des Affaires étrangères a répondu ne pas avoir connaissance de ces informations, circulant dans certains médias.

Le 9 juillet, le chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air et de l’Espace, Jérôme Bellanger, a commenté cet affrontement et « la manoeuvre bien sûr informationnelle orchestrée en soutien des intérêts de la BITD (base industrielle de défense, ndlr) chinoise », a-t-il déclaré devant les députés.

Ce dernier a ajouté que « l’Inde a affiché son entière satisfaction quant aux performances du matériel français » et que dans un affrontement d’une telle intensité de plusieurs dizaines d’avions, « il est assez logique qu’il y ait un peu d’attrition au bout de ce combat ».

L’Inde est l’un des principaux clients du Rafale à l’export avec plus de 60 appareils, pour son armée de l’air et pour sa marine. La Chine, « s’oppose évidemment principalement aux États-Unis », a déclaré vendredi le général Burkhard, mais « en fait, il n’y a pas de vraie distinction, on n’est pas épargné par les effets de la compétition dans le domaine économique, technologique en particulier », mentionnant l’espionnage au profit de la Chine.

Faire du bruit

Dans un entretien pour la rédaction des Observateurs de France 24, Olivier Arifon, professeur à l’Université de Nice, a expliqué que « la recherche actuelle indique effectivement que la Chine a mis en place désormais un écosystème mixte de désinformation avec différents types d’acteurs, incluant la société civile, des acteurs étatiques et paraétatiques, des médias plus ou moins fiables, et des relais proches. Cette pratique était auparavant identifiée en matière de désinformation pour les acteurs russes ».

Ce dernier a indiqué que la stratégie de la Chine est de « faire du bruit pour faire du bruit à l’exploitation de faits vrais qui se passent dans l’actualité [pour diffuser leurs fausses nouvelles]. Les acteurs de la désinformation s’en saisissent pour créer un écosystème de désinformation, ce qui permet de créer une boucle dans le monde virtuel qui fait écho au monde réel ».

Dans le cas des missiles Rafale « prétendument abattus illustre la perfection de cette boucle de désinformation : les données étant secrètes, ni l’armée française ni Dassault Aviation ne communiqueront publiquement, créant un terrain fertile pour le doute », selon Olivier Arifon.