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Le journaliste Dong Yuyu condamné à sept ans de prison pour espionnage

Le journaliste Dong Yuyu condamné à sept ans de prison pour espionnage

Le 29 novembre 2024, le tribunal populaire intermédiaire n°2 de Pékin a condamné Dong Yuyu, rédacteur en chef adjoint du journal d’État chinois Guangming Daily et contributeur au New York Times, à une peine de sept ans de prison.

Dong Yuyu a été arrêté en février 2022 par la police alors qu’il déjeunait avec un diplomate japonais dans un hôtel à Pékin. Ce dernier avait été libéré après quelques heures d’interrogatoire. Puis il a été détenu au secret pendant six mois avant d’être formellement arrêté.

Dong Yuyu écrivait des éditoriaux dans le journal Quotidien de la Clarté (Guangming Ribao), journal proche du pouvoir, qu’il avait rejoint en 1987. Il monte les échelons et remporte des prix pour ses reportages sur des sujets, tels que la corruption de cadres du gouvernement.

Reporters sans frontières (RSF) a appelé à la libération de Dong Yuyu, un journaliste chinois chevronné condamné à une peine de sept ans de prison pour des accusations fallacieuses d’espionnage.

Accusé d’espionnage

L’audience a été marquée par une forte présence policière, et par le fait que la presse, ainsi qu’un diplomate étasunien, ont été empêchés d’accéder au tribunal, selon RSF.

« Le Tribunal populaire intermédiaire n°2 de Pékin a condamné Yuyu pour espionnage, un crime qui exige que l’accusation prouve que l’accusé a sciemment agi pour le compte d’“organisations d’espionnage” et de leurs agents », a indiqué sa famille dans un communiqué transmis à l’Agence France Presse.

Les seules preuves présentées par l’accusation pour étayer les accusations d’espionnage sont ses contacts avec des diplomates étrangers et des bourses universitaires étrangères qu’il a obtenues.

Selon le jugement, les diplomates japonais que Dong Yuyu a rencontrés, dont l’ancien ambassadeur, Hideo Tarumi, et l’actuel responsable diplomatique japonais basé à Shanghai, Masaru Okada, ont été désignés comme agents d’une « organisation d’espionnage », a ajouté le communiqué.

« Nous sommes choqués que les autorités chinoises considèrent ouvertement une ambassade étrangère comme une ‘organisation d’espionnage’ et accusent l’ex-ambassadeur japonais et ses collègues diplomates d’être des espions », a indiqué la famille.

Or « être en relation avec des diplomates et des universitaires fait partie intégrante du travail de journaliste. Assimiler ce type de relations à de l’espionnage est tout à fait absurde. Nous appelons la communauté internationale à intensifier ses pressions sur le régime chinois pour qu’il libère Dong Yuyu ainsi que les 122 autres journalistes et défenseurs de la liberté de la presse détenus dans le pays », a déclaré Cédric Alviani, directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF.

Nombreuses réactions internationales

Lors d’un point presse régulier, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a assuré que la Chine était « un État de droit ». Selon elle, « les organes judiciaires chinois traitent les affaires en stricte conformité avec la loi. Ceux qui violent la loi et commettent des crimes ou infractions font l’objet de poursuites ».

De son côté, l’ambassade du Japon a indiqué qu’elle ne ferait aucun commentaire sur cette affaire. « En tout état de cause, les activités diplomatiques des missions diplomatiques japonaises à l’étranger sont menées de manière légitime », a affirmé à l’AFP un porte-parole de l’ambassade dans un courriel.

Le département d’État américain a vivement critiqué la condamnation, jugeant que la Chine « ne respecte pas les engagements qu’elle a pris en vertu du droit international et les garanties constitutionnelles qu’elle accorde à tous ses citoyens, notamment le droit à la liberté d’expression et la liberté de la presse ». Washington a demandé la « libération immédiate et sans condition » de Dong Yuyu.

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), une organisation basée aux États-Unis, a lui dénoncé un « verdict injuste » et aussi exigé la libération immédiate de Dong Yuyu. « Les contacts avec les diplomates font partie du travail d’un journaliste », a déclaré à l’AFP Beh Lih Yi, coordinatrice du programme Asie de l’ONG. Pour elle, « cette condamnation confirme que la Chine reste le premier pays au monde pour l’incarcération de journalistes ».

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