
Cet investissement devrait bénéficier aux fabricants de centrales hydroélectriques et d’équipements de réseau, mais certains analystes préviennent que le marché pourrait bientôt s’essouffler.
La construction par la Chine du plus grand barrage hydroélectrique du monde au Tibet a dopé les actions des secteurs concernés. Les analystes prédisent que les entreprises de construction d’infrastructures, les promoteurs énergétiques et les fabricants d’équipements de réseau électrique bénéficieront de cet investissement substantiel dans ce que Pékin appelle le « projet du siècle ».
Le Premier ministre chinois Li Qiang a annoncé le lancement du projet, situé sur le cours inférieur du fleuve Yarlung Tsangpo, qui devient le Brahmapoutre à sa sortie du Tibet et coule vers le sud, en Inde, puis au Bangladesh, selon l’agence de presse, Xinhua.
Le projet comprend 5 centrales hydroélectriques en cascade, pour un investissement total estimé à environ 1200 milliards de yuans (167 milliards de dollars) et une capacité de production annuelle d’électricité prévue de 300 000 gigawattheures, selon Xinhua.
Il s’agit de la plus grande centrale hydroélectrique au monde, avec un investissement cinq fois supérieur et une capacité trois fois supérieure à celle du plus grand barrage chinois actuel, le barrage des Trois Gorges.
Les acteurs du secteur comme Power Construction Corporation of China, promoteur public impliqué dans le projet, et les équipements hydroélectriques, comme Dongfang Electric, et les cimentiers, dont Huaxin, ont enregistré des hausses de leurs cours boursiers.
« Ce projet contribuera à dynamiser l’économie chinoise et à accroître le mix énergétique propre national », a déclaré Pierre Lau, analyste chez Citigroup, dans une note de recherche. Outre les 1200 milliards de yuans d’investissement dans la construction, Citi prévoit 768 milliards de yuans supplémentaires pour la construction de réseaux électriques, stimulés par ce projet.
Premier émetteur mondial de carbone, la Chine développe rapidement son secteur des énergies renouvelables, afin d’atteindre ses objectifs nationaux de plafonnement des émissions d’ici 2030 et de neutralité carbone d’ici 2060.
La Chine est le premier producteur mondial d’hydroélectricité. Le pays a ajouté 14,4 gigawatts de capacité en 2024,et devrait dépasser son objectif de 120 gigawatts de pompage-turbinage d’ici 2030, selon les données de l’Association internationale de l’hydroélectricité.
La société Citi s’attendait à ce que le projet de barrage et les investissements substantiels qui y sont associés profitent aux fabricants chinois de centrales hydroélectriques et d’équipements de réseau, notamment Dongfang Electric, Sieyuan Electric, Pinggao Group et XJ Electric.
Cependant, certains analystes ont tenu à être plus modéré car le marché pourrait s’essouffler dans les semaines à venir, en raison d’un long calendrier de construction du projet, qui pourrait s’étendre sur plus d’une décennie. Le projet a également suscité des inquiétudes parmi les pays en aval, dont l’Inde, concernant l’approvisionnement en eau et son impact environnemental.
« Bien que le projet hydroélectrique soit salué comme une étape importante vers les objectifs de décarbonisation de la Chine, il est important pour les investisseurs de surveiller la gestion de son impact environnemental dans une perspective à long terme », ont écrit l’analyste de Daiwa Dennis Ip et ses collègues dans une note.