mercredi, juillet 23

L’Espagne confirme utiliser Huawei dans son système d’écoutes judiciaires

L’Espagne a confirmé l’utilisation d’équipements de Huawei Technologies Co. pour une partie de son système d’écoutes judiciaires, tout en écartant tout risque de sécurité associé à cette technologie chinoise.

La position espagnole contraste fortement avec la tendance européenne et occidentale. L’Union européenne a intensifié la pression sur l’Espagne pour qu’elle durcisse sa réglementation à l’égard des fournisseurs chinois, suite à l’accord conclu par l’Allemagne sur le démantèlement progressif des infrastructures de Huawei et de ZTE.

Suite à un appel d’offre

Le 13 juillet, le ministère espagnol de l’Intérieur a attribué des contrats d’une valeur de 12,3 millions d’euros à Huawei pour la gestion du stockage des écoutes judiciaires. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’appels d’offres centralisés entre 2021 et 2025 et comprend le stockage numérique des interceptions ordonnées par les juges et les procureurs, telles que les enregistrements audio de Villarejo ou ceux fournis par l’UCO (Université centrale de Catalogne) dans l’affaire Koldo.

Le système utilisé, selon «The Objective», est le Huawei OceanStor 6800 V5, une gamme de serveurs de stockage haute performance servant de support à la conservation et à la classification des communications interceptées légalement par les forces de sécurité de l’État. Le contrat a été attribué conformément aux procédures publiques établies et aux directives de sécurité des TIC du Centre national de cryptologie (CCN-STIC).

Huawei a déjà fourni un soutien technologique aux systèmes d’interception judiciaire (SITEL), ce qui a suscité une agitation croissante au sein de la Police nationale et de la Garde civile. Des sources internes au sein de ces deux institutions s’inquiètent de ce qu’elles considèrent comme une « incohérence stratégique » en matière de sécurité. D’autant qu’une extrême prudence est exercée avec les programmes étrangers, des données critiques sont confiées à une entreprise liée au Parti communiste chinois.

Les américains restreignent leurs liens avec Madrid

Un responsable du gouvernement espagnol a déclaré à l’agence de presse, Bloomberg, le 19 juillet que le stockage Huawei au sein du système d’écoutes Sitel « représente une partie mineure d’un système étanche, audité, isolé et certifié conforme au schéma national de sécurité de haut niveau. »

Cette déclaration intervient après la publication de rapports médiatiques concernant l’utilisation par l’Espagne de la technologie Huawei dans le système Sitel. Ces rapports ont incité le sénateur américain, Tom Cotton, et le représentant, Rick Crawford, à écrire à la directrice du renseignement national Tulsi Gabbard, demandant que Washington réduise le partage de renseignements avec l’Espagne.

Le sénateur Tom Cotton a fait part de son inquiétude quant au fait que, malgré l’abandon progressif par l’Espagne de Huawei comme fournisseur de réseau 5G, la dépendance continue du pays envers cette entreprise pour une fonction clé de renseignement crée un problème de sécurité significatif pour les États-Unis et leurs alliés.

Dans sa déclaration du 19 juillet, le gouvernement espagnol a précisé que son agence de renseignement CNI n’est pas incluse dans le contrat avec Huawei. Le gouvernement a également souligné que les équipements Huawei ne sont utilisés pour aucune information classifiée. Le système Sitel est utilisé par les forces de sécurité qui dépendent du ministère de l’Intérieur espagnol.