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Silence autour de la disparition de He Weidong, n°2 de l’armée chinoise

Âgé de 67 ans, le général He Weidong n’est pas apparu en public depuis la cérémonie de clôture de l’Assemblée nationale, le 11 mars.

Interrogé sur la situation de He Jinping lors d’un point de presse le 27 mars, le porte-parole du ministère de la Défense, Wu Qian, a déclaré : « Nous n’avons aucune information à ce sujet et nous ne sommes pas au courant de la situation. »

Qui est le général He Weidong ?

Nommé en mars 2023 au poste de vice-président de la Commission militaire centrale de la République populaire de Chine, lors de la session annuelle de la 14e Assemblée populaire nationale. Le général He Weidong était donc le deuxième officier le plus haut gradé de l’APL et vice-président de la CMC, qui supervise l’armée chinoise.

Il siégeait également au Politburo du Parti communiste. Connu comme le troisième officier le plus haut gradé de l’armée chinoise, il était considéré comme l’une des personnalités les plus influentes de la politique et de la défense chinoises.

La carrière de He Weidong a été étroitement liée aux efforts de modernisation de l’armée chinoise, lancée par le président Xi Jinping. Il a occupé des postes clés au sein de l’APL, notamment en matière de planification stratégique et opérationnelle.

Sa révocation fait suite à celle d’un autre membre de la CMC, Miao Hua, suspendu l’année dernière pour « graves manquements à la discipline », expression généralement utilisée pour désigner des accusations de corruption.

Les détails des allégations restent secrets, mais un rapport du gouvernement indique qu’il est actuellement interrogé par les autorités. Son limogeage est perçu comme une mesure prise par Xi Jinping.

Que s’est-il passé ?

En effet, dès le 13 mars 2025, des rapports ont commencé à suggérer que He Weidong (何卫东), vice-président de la Commission militaire centrale (CMC), faisait l’objet d’une enquête à la suite de son absence à des grands rassemblements politiques annuels, connus sous le nom de « Deux Sessions ».

Le journal britannique Financial Times, citant cinq personnes proches du dossier, a rapporté le 10 avril la destitution de He Weidong, suite à sa nouvelle absence lors de la Conférence centrale sur le travail relatif aux pays voisins, qui s’est tenue les 8 et 9 avril.

Cet événement a réuni tous les autres membres du Politburo, ainsi que des généraux trois étoiles de haut rang de la CMC, dont le vice-président de la CMC, Zhang Youxia, le secrétaire de la Commission de contrôle de la discipline, Zhang Shengmin (张升民), le ministre de la Défense nationale, Dong Jun (董军), le directeur du Département du développement des équipements, Xu Xueqiang (许学强), le chef adjoint du Département d’état-major interarmées, Xu Qiling (徐起零), et le directeur adjoint du Département du travail politique, He Hongjun (何宏军).

Quand à He Weidong, il n’a fait aucune apparition publique depuis les Deux Sessions et a été absent des événements clés. Toujours présent sur la liste officielle des membres du Politburo sur le site web de l’agence de presse, Xinhua et que le gouvernement n’ait pas encore publié d’informations à ce sujet, son absence laisse penser qu’une enquête pourrait être ouverte à son encontre, sauf maladie grave.

Pour certains observateurs, le silence entoure du cas de He Weidong pourrait indiquer que le gouvernement traite son enquête avec un haut niveau de confidentialité ou qu’il ne recherche pas de preuves concrètes et exhaustives pour étayer ses accusations contre lui.

Xi jinping a perdu confiance en son allié

Selon K. Tristan Tang de The Jamestown Foundation, « la perte de confiance dans la capacité de He Weidong à gérer les généraux de l’Armée populaire de libération est la principale raison pour laquelle Xi Jinping l’a limogé ». En effet, des questions se posent sur le système de gestion du personnel et de promotion au sein de l’armée. De nombreux généraux ont fait l’objet d’enquêtes ou de destitutions pour manquements à la discipline ou autres infractions à la loi depuis le XXe Congrès du Parti.

Parmi eux, Li Zhizhong (李志忠), démis de ses fonctions de représentant à l’Assemblée populaire nationale en février 2024, avait été promu lieutenant général et commandant adjoint du Commandement du théâtre central en mai 2023. De même, Li Pengcheng (李鹏程), qui avait perdu son poste de représentant à l’APN en décembre 2024, avait été promu vice-amiral et commandant de la marine du Commandement du théâtre Sud la même année. Enfin, le cas de Tang Yong (唐勇) interrogé. Cette affaire a laisser présager qu’une faction « He Weidong » prenait de l’ampleur au sein de l’appareil disciplinaire militaire, ce qui donnerait plus d’influence et un rapport de force face au président.

Autre élément évoqué par K. Tristan Tang, chercheur associé au Projet de recherche sur les affaires de défense de la Chine, la réaffectation, certainement par He Weidong, de Chen Guoqiang, ancien secrétaire adjoint de la Commission d’inspection disciplinaire du CMC.

Commissaire politique de l’Université nationale de technologie de la défense (NUDT), Chen figure toujours au Comité permanent de la Commission centrale de contrôle de la discipline (CCDI), mais son transfert à la NUDT « pourrait être perçu comme une rétrogradation, car son poste y était auparavant occupé par un général de division, un grade inférieur à celui de Chen ».

Chen Guoqiang « a conservé son poste à la CCDI, il n’a probablement pas été reconnu coupable de corruption. Cependant, sa réaffectation suggère que ses supérieurs ont peut-être cherché à le saper ou à le punir ». Si He Weidong est à l’origine de cette réaffectation, « la promotion ultérieure de Tang Yong pourrait être perçue comme une tentative de placer un allié de confiance à la tête d’un poste clé de l’appareil disciplinaire militaire. Cette apparence de factionnalisme et de favoritisme – justifiée ou non – a peut-être entraîné la perte de confiance de Xi Jinping envers He Weidong ».

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