
Taïwan s’engage dans un vaste programme de modernisation de sa défense, à plusieurs niveaux, motivé par la montée des menaces sécuritaires et la nécessité de dissuader toute agression potentielle de la Chine.
Avec des dépenses de défense projetées à 23,5 milliards de dollars en 2030, Taïwan privilégie les systèmes aériens, navals et sans pilote avancés, tout en renforçant ses infrastructures logistiques et de soutien afin d’améliorer sa résilience et de soutenir des opérations militaires prolongées, a indiqué GlobalData, société leader dans le domaine des données et de l’analyse.
Le dernier rapport de GlobalData, « Taiwan Defense Market Size and Trends, Budget Allocation, Regulations, Key Acquisitions, Competitive Landscape and Forecast, 2025-30 » , « Australia Defense Market Size and Trends, Budget Allocation, Regulations, Key Acquisitions, Competitive Landscape and Forecast, 2022-27 » révèle que les dépenses de défense cumulées du pays devraient atteindre 112,2 milliards de dollars au cours de la période 2026-30, dont la part du budget d’acquisition est estimée à environ 14,7 % en moyenne, soit 16,5 milliards de dollars.
Abhijit Apsingikar, analyste aérospatial et défense chez GlobalData, a expliqué que « les incursions chinoises persistantes dans les eaux territoriales et l’espace aérien, ainsi que la menace constante d’une éventuelle invasion navale amphibie, ont contraint Taïwan à réaliser des investissements substantiels pour renforcer sa posture de défense globale ».
Dans ce contexte, Taïwan a passé un contrat pour l’acquisition de 66 nouveaux avions F-16 Block 70/72 en 2020 et les premiers de ces nouveaux appareils ont été livrés en mars 2025. Taïwan a également achevé la modernisation de sa flotte existante de 139 avions multirôles F-16 A/B aux normes F-16 Block 70/72 dans le cadre de la première phase du programme Peace Phoenix Rising, dont le dernier a été livré en décembre 2023.
Taïwan est également en train de renforcer ses capacités de déni de la mer en investissant dans des sous-marins de classe Hai Kun, tout en investissant dans l’acquisition du système de défense côtière Harpoon.
Entre 2020 et 2025, Taïwan a alloué un important fonds d’investissement pour la défense, réparti sur plusieurs années. Ces investissements visaient principalement à renforcer les infrastructures de défense et à revitaliser les capacités de recherche et développement (R&D) du pays, dont la marine nationale est un bénéficiaire majeur. Taïwan construit également une nouvelle frégate légère de 2 500 tonnes pour renforcer ses capacités de défense navale.
Abhijit Apsingikar a indiqué que « la guerre russo-ukrainienne en cours offre à Taïwan un modèle pour adopter des méthodes éprouvées de défense contre un adversaire plus puissant, en déployant des plateformes sans pilote telles que des drones aériens, des véhicules terrestres sans pilote, des navires de surface sans pilote et des véhicules sous-marins sans pilote. Ces plateformes peuvent aider Taïwan à compenser sa puissance militaire et son potentiel de combat relativement réduits ».
Bien que les dépenses de RDT&E de défense de Taïwan soient modestes, avec une allocation budgétaire de 530 millions de dollars pour 2025, elles devraient être principalement consacrées à la R&D sur les systèmes automatisés sans pilote. Par exemple, Taïwan développe le véhicule sous-marin sans pilote (UUV) Huilong, le navire de surface sans pilote Endeavor Manta et le drone à voilure fixe Tu-40.
L’analyste de GlobalData a conclut que « Taïwan se concentre stratégiquement sur la construction d’une défense résiliente et multicouche. L’accent est mis non seulement sur l’acquisition de plateformes avancées, mais aussi sur l’investissement dans des infrastructures robustes de logistique, de maintenance et de soutien. Cette approche intégrée est essentielle pour soutenir des opérations de défense prolongées et retarder une éventuelle agression suffisamment longtemps pour permettre une intervention alliée. Tirant les leçons des scénarios de conflit modernes, Taïwan privilégie les capacités de guerre asymétrique, notamment les systèmes sans pilote et les stratégies d’interdiction maritime, afin de compenser son désavantage numérique et de renforcer sa crédibilité en matière de dissuasion dans la région ».