samedi, avril 6

Coopération sino-africaine: les investissements étrangers, facteurs de croissance économique et d’amélioration des moyens de subsistance des populations. La Chine, un exemple pour les pays africains

A l’Institut des Études Africaines de Zhejiang Normal University, les échanges entre universitaires Africains et Chinois, les travaux de recherche en commun s’inscrivent dans la philosophie du FOCAC et participent à enrichir les Think-Tanks Chine-Afrique. C’est dans  ce cadre que nous avons choisis de partager notre brève analyse portant sur “les investissements étrangers facteurs de croissance: la Chine, un exemple pour les pays africains”.

Il y a quelques années nombreuses étaient les pays africains ayant un PIB par habitant plus élevé que celui de la Chine. Ils étaient 30 en 1970, 41 en 1980, 35 en 1990, 15 en 2000, 7 en 2011 et 1 seul en 2020. Au cours des 70 dernières années, la Chine a atteint un niveau de prospérité modérée à tous les égards, en réussissant à éradiquer l’extrême pauvreté, permettant à 1,4 milliard d’habitants de jouir d’une vie meilleure. La Chine a su pleinement tirer un avantage conséquent de son système de gouvernance basé sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour son développement.

Au même moment les pays africains sont confrontés à des défis majeurs, notamment: le manque de financement, le manque d’infrastructure, le retard technologique et la pénurie de techniciens. Dans une certaine mesure, ces défis sont liés à l’incapacité des Etats à instaurer un système politique fort, une stabilité sociale et sécuritaire durable et à forger les capacités nationales. Les pays Africains luttent à present pour défendre leur souveraineté politique, économique, pour amorcer le développement. La soi-disant « malédiction des ressources naturelles » et la « crise de la dette » constituent d’inévitables problèmes dans la quête du développement.

Les pays d’Afrique subsaharienne sont riches en ressources naturelles. Cependant les populations souffrent souvent à cause de cette richesse. Au Soudan par exemple, le pétrole représentait plus de 90 % des revenus d’exportation du pays. Au lieu de promouvoir la prospérité de la nation, le pétrole a provoqué la guerre civile qui a aboutie à la scission du Soudan en deux pays.

Quant à la Chine, malgré la répartition géographique inégale des ressources naturelles, le pays a activement exploité lesdites ressources et optimisé les structures énergétiques en lançant des projets, tels que « le projet de dérivation des eaux du sud vers le nord », « le projet de gazoduc d’ouest en est »  » le projet de transmission d’électricité d’ouest en est ». La gouvernance a ainsi fait promouvoir un développement global équilibré et durable de l’économie et de la société chinoise.

Par conséquent, les ressources naturelles ne sont pas une « malédiction », mais un « avantage » pour le développement. Attachée au système politique socialiste à la chinoise, la Chine est à mesure de mobiliser la large participation du peuple à la construction économique et sociale. En assurant une réponse nationale coordonnée, la Chine peut susciter l’enthousiasme de toutes les parties et concentrer ses efforts sur des initiatives majeures en canalisant ses ressources naturelles régionales vers le développement socio-économique du pays tout entier.

La mauvaise gouvernance et la faiblesse de l’État sont entre autres des problèmes courants dans nombre de pays africains. Combinés aux structures sociales et ethniques complexes par endroit, ces problèmes sont le terreau fertile aux conflits internes que provoquent et entretiennent des pays occidentaux dans leur funeste entreprise de quête de ressources naturelles. Ils apportent leur soutient à des groupes ethniques contre d’autres, alimentant ainsi des guerres internes. Au Nigeria, lorsque le Biafra, une région orientale du pays, dotée d’énormes réserves de pétrole a déclaré son indépendance, entrainant une guerre civile, des pays occidentaux ont fournis des armes au gouvernement central, mais aussi à la partie du Biafra. En manipulant le conflit, ces pays occidentaux pouvaient contrôler leurs intérêts économiques (pétrole) des deux parties durant les négociations de paix.

La situation de la dette des pays Africains est par nature une question de développement. Les problèmes de l’endettement de l’Afrique ne datent pas d’aujoud’hui. Cependant depuis un certains temps, des politiciens, des médias et des universitaires occidentaux ne cessent de pointer du doigt les investissements chinois, en dénonçant ce qu’ils appellent « le poids d’une dette insoutenable » et en mettant en garde contre un soi-disant « piège de la dette de la Chine ». Rappelons que les pays africains ont trois fois plus de dette auprès de prêteurs privés occidentaux qu’avec la Chine. Aussi ces prêteurs occidentaux exigent deux fois plus d’intérêts que la Chine. La question du piège de la dette n’est qu’une manœuvre de diffamation politique caractéristique de la diversion que sèment les pays occidentaux  pour se dédouaner de leur responsabilité dans le lourd boulet que traine l’Afrique depuis sa rencontre avec l’Occident. Pourquoi en Chine les investissements étrangers ont contribué au moteur du développement, alors que les investissements si limités en Afrique provoquent l’accusation de la Chine portant sur un « piège de la dette » ?

Au cours des 40 dernières années de “la réforme et de l’ouverture”, la Chine a reçu le plus d’investissements étrangers au monde devenant le premier bénéficiaire d’investissements directs étrangers (IDE). Ces investissements ont constitué les principaux facteurs de la croissance économique du pays. Depuis 1953, la Chine procède à la planification de son développement. Le « 14ème plan quinquennal (2021-2025) » a posé un jalon important de la longue marche de la Chine vers un pays socialiste moderne. Avec des politiques cohérentes, une situation sécuritaire et socio-politique stables, les investisseurs étrangers peuvent bénéficier de la Chine et vice-versa.

Depuis leur accession à l’indépendance dans les années 1960 plusieurs pays africains sont en proie à une instabilité permanente, de fréquents changements de régime, d’une interruption ou d’une modification des politiques nationales de développement. Cette situation n’est pas de nature à encourager les investisseurs étrangers souhaitant réaliser des bénéfices en Afrique. Les principaux créanciers de l’Afrique sont les banques, les sociétés de gestion d’actifs et autres prêteurs privés occidentaux qui accordent des prêts sans garantie souveraine pouvant ainsi manipuler la souveraineté des pays.

La Chine accorde des prêts dans le respect stricte de la souveraineté des pays. Les prêts de la Chine sont principalement utilisés dans la réalisation des infrastructures. Ce sont des investissements énormes dont les rendements sont lents mais jouent un important rôle à long terme pour le développement socio-économique. Dans sa coopération avec les pays Africains la Chine procède très souvent à des annulations et à des allègement de dettes. De 2000 à 2019, la Chine a annulé au moins 3,4 milliards de dollars américains de dettes en faveur des pays africains. Elle a restructurée ou refinancée 15 milliards de dollars américains. La preuve est faite que « ce n’est pas le soi-disant “piège de la dette de la Chine” qui hante le sommeil des dirigeants Africains mais les créanciers occidentaux ».

Pour parvenir à la croissance économique et à l’amélioration des moyens de subsistance des populations, les pays africains doivent consacrer leurs abondantes ressources naturelles au développement et utiliser les fonds étrangers pour les investissements nationaux. Alors la « malédiction des ressources » sera jugulée et la « crise de la dette » minimisée, les ressources naturelles et les fonds étrangers devenant des éléments clés de la croissance économique.

Les pays africains attachent une grande importance au renforcement des capacités nationales. La Chine doit réagir positivement et répondre aux attentes de la partie africaine en combinant les avantages de la coopération économique et commerciale et les investissement idoines. Les deux parties pourront ensemble réaliser l’idéal commun. C’est à dire construire une communauté de destin Chine-Afrique plus solide dans la nouvelle ère.

Prof. Liu HONGWU

Directeur de l’Institut des Etudes Africaines, Zhejiang Normal University

et

Prof. Yoro DIALLO

Directeur Exécutif du Centre d’Etudes Francophones

Directeur du Musée Africain

Institut des Etudes Africaines, Zhejiang Normal University, CHINA

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *