dimanche, avril 7

Antony Blinken a reporté sa visite à Pékin

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a reporté le 3 février une rare visite prévue à Pékin, dont le but était d’apaiser les tensions avec la Chine. Ce dernier a dénoncé un « acte irresponsable » de la Chine après la détection d’un présumé ballon espion dans l’espace aérien des Etats-Unis.

Les autorités chinoises ont beau eu à exprimer leurs « regrets » pour cette intrusion « involontaire », Washington a jugé l’affront « inacceptable » et décidé in extremis d’annuler le déplacement du secrétaire d’Etat américain qui était prévu dimanche et lundi.

Antony Blinken s’est directement adressé au ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, prenant note des « regrets » exprimés par la Chine mais dénonçant « un acte irresponsable et une violation claire de la souveraineté des Etats-Unis qui sape l’objectif du voyage ».

« La priorité à présent c’est de faire en sorte que cet engin espion quitte notre espace aérien », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse. Dans le même temps, le chef de la diplomatie américaine a tenté de calmer la situation en assurant que sa visite serait reprogrammée quand « les conditions le permettront », mettant en avant la nécessité de garder « les lignes de communication ouvertes » avec Pékin.

Les Etats-Unis accusent la Chine d’espionnage

Le Pentagone avait annoncé le 2 février avoir détecté un aérostat de grande taille au-dessus des Etats-Unis. Il avait assuré aucun doute que ce ballon venait de Chine, et avait des fins d’espionnage.

Pékin, qui avait d’abord appelé à ne pas « monter en épingle » cette affaire, car « c’est un aéronef civil, utilisé à des fins de recherches, principalement météorologiques », a assuré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué.

Affecté par les vents, ce ballon « a dévié de sa trajectoire », a-t-il ajouté, en exprimant les « regrets » de son pays pour cette violation « involontaire » de l’espace aérien américain.

« Je peux vous dire que le ballon se dirige vers l’est et se trouve actuellement au-dessus du centre des Etats-Unis » à quelque 18.000 mètres d’altitude et qu’il devrait rester sur le territoire américain encore « quelques jours », a déclaré le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, lors d’un point presse.

Ce dernier a réitéré que le ballon, « manoeuvrable », naviguait au-dessus du trafic aérien commercial et ne présentait « pas de menace militaire ou physique pour les personnes au sol ».

Le porte-parole n’a pas indiqué si les mouvements de l’engin étaient téléguidés. Selon les médias américains, le ballon a survolé les îles Aléoutiennes dans le nord de l’océan Pacifique, puis a traversé l’espace aérien canadien, avant d’entrer aux Etats-Unis il y a environ deux jours.

Il a notamment volé au-dessus de l’Etat du Montana (ouest), qui abrite des silos de missiles nucléaires, où des avions de chasse se sont approchés de lui, avait indiqué un haut responsable du Pentagone sous couvert d’anonymat.

Au départ, le gouvernement a décidé de ne pas l’abattre, en raison des risques posés par d’éventuels débris pour les personnes au sol, a ajouté Pat Ryder, tout en jugeant « limitée » sa capacité à collecter des informations. Mais quelques heures plus tard, le dirigeable a été abattu.

Le Canada reste aux aguets

« Le Canada prend des mesures pour assurer la sécurité de son espace aérien », a déclaré de son côté le ministère de la Défense dans un communiqué.

Le ministère canadien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de la Chine en poste à Ottawa, Cong Peiwu, après la détection d’un « ballon espion », a annoncé, vendredi, la diplomatie canadienne.

Selon plusieurs médias locaux, Cong Peiwu a d’ailleurs été convoqué le 2 février par le ministère canadien des Affaires étrangères, après la détection d’un ballon ayant violé l’espace aérien nord-américain.

Dans un court communiqué transmis par Jason Kung, un porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères aux médias, celui-ci assure que « nous continuerons à exprimer fermement notre position aux responsables chinois à travers plusieurs canaux de communication ».

De son côté, le ministère canadien de la Défense a souligné qu’un « ballon de surveillance à haute altitude a été détecté, et ses mouvements font l’objet d’un suivi actif de la part du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) ».

Ce n’est pas la première fois que l’armée américaine constate une telle intrusion, mais ce dirigeable est resté plus longtemps que d’autres dans l’espace aérien américain. De plus, l’incident a suscité de vives réactions au sein de la classe politique aux Etats-Unis.

« Cette violation de la souveraineté américaine (…) montre que les signes récents d’ouverture » de la part de la Chine « ne reflètent pas un changement réel de politique », ont indiqué les chefs républicain et démocrate d’une commission parlementaire sur la Chine, Mike Gallagher et Raja Krishnamoorthi.

La visite en Chine d’Antony Blinken aurait été la première d’un secrétaire d’Etat américain depuis octobre 2018. Elle devait permettre d’éviter que les tensions ne dégénèrent en conflit ouvert.

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