John Kerry va rencontrer son homologue Xie Zhenhua pour avoir un échange «approfondi» sur les questions climatiques, dans un contexte de tension diplomatique entre les deux pays.
L’émissaire américain pour le climat John Kerry est arrivé ce 16 juillet à Pékin, afin de reprendre le dialogue sur le climat, sujet crucial pour les deux principaux pollueurs de la planète.
John Kerry effectue son 3ème voyage depuis sa prise de fonction en 2021
Il est arrivé au moment où l’impact du changement climatique se fait particulièrement sentir sur la planète, avec de fortes vagues de chaleur dans de nombreuses régions du monde. La Chine n’y échappe pas et sa capitale Pékin subit depuis des semaines des températures voisines de 40 degrés Celsius.
John Kerry, qui sera en Chine jusqu’au 19 juillet, doit y rencontrer son homologue Xie Zhenhua. À partir du 17 juillet, «la Chine et les États-Unis auront un échange de vues approfondi» sur les questions climatiques, a rapporté la télévision publique chinoise CCTV, au moment de l’arrivée de John Kerry à Pékin.
Ces derniers mois, les visites se multiplient depuis Washington pour tenter d’apaiser les tensions diplomatiques. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est venu en juin, puis la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, début juillet.
Principaux pollueurs de la planète, la Chine et les Etats-Unis n’ont pas échangé sur le climat depuis bientôt un an. En août dernier, la Chine avait suspendu les discussions à ce sujet en protestation contre le déplacement à Taïwan de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des États-Unis.
Le climat, seul sujet consensuel
L’ambiance est à la reprise des échanges, après des mois de tensions, d’après les observateurs, qui attestent que Washington tient à éviter la guerre, toute en essayant de maintenir la pression sur Pékin.
Ancien secrétaire d’État, John Kerry a une relation plutôt cordiale et ininterrompue avec la Chine. Il occupe désormais un poste clé, car l’administration Biden estime que le climat est l’un des domaines où les deux puissances, qui se livrent une compétition féroce, peuvent coopérer.
Au niveau mondial, le mois de juin a été le plus chaud jamais mesuré, selon les agences européenne Copernicus et américaines Nasa et NOAA. Juillet a été le mois le plus chaud jamais enregistré dans le monde, selon des données préliminaires de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
L’ambition de John Kerry est d’«engager le dialogue avec la Chine sur la question de la lutte contre la crise climatique», selon le Département d’État. L’ancien chef de la diplomatie américaine va échanger notamment sur une «augmentation des ambitions et de la mise en place» de réglementations sur le climat, et sur la «promotion d’une COP28 réussie», qui aura lieu à Dubaï à la fin de l’année.
La Chine a promis d’atteindre son pic d’émissions de CO2 d’ici à 2030, puis la neutralité carbone d’ici à 2060. Le président Xi Jinping a aussi assuré que son pays réduirait son recours au charbon dès 2026.
Sécurité énergétique
Mais en avril, les autorités ont donné leur feu vert à une nouvelle hausse de la capacité de production d’électricité à partir du charbon. Pour Greenpeace, cela signifie que la Chine donne la priorité à sa sécurité énergétique, de quoi faire douter quant au respect de ses objectifs de réduction des émissions de CO2.
«Il y a un certain nombre de facteurs qui limitent actuellement la marge de manœuvre de ceux chargés de la planification énergétique à Pékin», a expliqué à l’Agence France Presse, Byford Tsang, conseiller au cercle de réflexion sur le climat E3G.
Byford Tsang, le conflit en Ukraine est un facteur clé, qui a perturbé fortement le marché mondial du gaz, et la réduction des capacités hydroélectriques de la Chine après les sécheresses de ces dernières années.
L’été dernier, des millions d’habitants dans le sud-ouest de la Chine ont dû subir des coupures de courant après des vagues de chaleur ayant affecté la fourniture d’électricité et forcé des usines à interrompre leur activité.
