mardi, avril 23

La Chine a facilité le rapprochement Ryad-Téhéran

Le président chinois a proposé en 2022 au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane de servir de «pont» entre l’Arabie saoudite et l’Iran, afin de faciliter les échanges entre les deux pays, ce qui a abouti au rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, selon un responsable saoudien.

Le président chinois Xi Jinping a évoqué auprès du prince héritier Mohammed ben Salmane l’Iran lors de sa visite dans le royaume en décembre 2022, a affirmé un responsable saoudien qui a expliqué, sous couvert d’anonymat, l’accord surprise entre Ryad et Téhéran. Selon ce dernier, Xi Jinping a «exprimé son souhait de voir la Chine servir de pont entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Son altesse royale, le prince héritier, s’en est félicité».

L’accord entre les deux rivaux saoudien et iranien prévoit la réouverture mutuelle des ambassades d’ici mai 2023, après sept ans de rupture, ainsi qu’un engagement de chacun à respecter la souveraineté de l’autre et à ne pas s’immiscer dans ses «affaires intérieures».

«Pour l’Iran en particulier, la Chine est le premier ou le deuxième partenaire international. Son influence est importante à cet égard et il ne peut y avoir» d’autre médiateur ayant le même poids, a déclaré ce responsable à l’Agence France Presse.

La Chine a préparé le terrain

Selon lui, plusieurs réunions ont permis de préparer ce tournant diplomatique, notamment un bref échange entre les chefs de la diplomatie saoudienne et iranienne lors d’un sommet régional en Jordanie fin décembre 2022; une rencontre entre le ministre saoudien des Affaires étrangères et le vice-président iranien durant l’investiture du président brésilien en janvier 2023; et la visite du président iranien Ebrahim Raïssi en Chine en février.

La Chine «est un acteur majeur de la sécurité et de la stabilité du Golfe», a-t-il indiqué. L’implication de la Chine dans la région a toutefois suscité des interrogations, Ryad est considéré comme un partenaire historique de Washington, malgré des tensions croissantes autour des droits de l’homme ou de la politique énergétique.

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«Les États-Unis et la Chine sont tous deux des partenaires très importants», a affirmé le responsable saoudien, ajoutant que son pays ne souhaitait «faire partie d’aucune compétition ou différend entre les deux superpuissances». Toutefois, les responsables américains ont été informés avant que la délégation saoudienne ne se rende à Pékin et avant que l’accord ne soit annoncé, a-t-il dit.

Les pourparlers à Pékin ont comporté «cinq sessions très approfondies» sur des questions telles que la guerre au Yémen. La prise de la capitale yéménite Sanaa en 2014 par les rebelles Houthis, proches de l’Iran, a entraîné une intervention du voisin saoudien, en 2015, à la tête d’une coalition militaire soutenant les forces gouvernementales. Le responsable saoudien a affirmé que les discussions ont abouti à des «engagements concrets» sur le Yémen, sans donner de plus amples détails.

L’Iran et l’Arabie saoudite ont renouvelé à la Chine leur engagement à ne pas s’attaquer mutuellement à travers les médias, a-t-il poursuivi en précisant toutefois que l’Arabie saoudite ne contrôlait pas Iran International TV.

Cette chaîne en langue persane, qui siège à Washington, est considérée comme une «organisation terroriste» par Téhéran qui a accusé l’Arabie saoudite de la financer. «Nous continuons à affirmer qu’il ne s’agit pas d’un média saoudien et qu’il n’a rien à voir avec l’Arabie saoudite. Il s’agit d’un investissement privé», a déclaré le responsable saoudien.

Accord sceller à Pékin

Le 6 avril, les ministres iranien et saoudien des Affaires étrangères se sont rencontrés à Pékin pour mettre en oeuvre la normalisation des relations entre les deux puissances du Moyen-Orient, après des années de forte tension, selon Téhéran.

L’Iranien Hossein Amir-Abdollahian et le Saoudien Fayçal ben Farhane Al Saoud « ont négocié et échangé des opinions en mettant l’accent sur la reprise officielle des relations bilatérales et les mesures à prendre en vue de la réouverture des ambassades et des consulats des deux pays », a indiqué le ministère iranien des Affaires étrangères.

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