jeudi, mars 28

La Chine et le Brésil renforcent leurs liens

Luiz Inacio Lula da Silva était en visite en Chine du 11 au 14 avril, afin de «renforcer les relations» avec son premier partenaire commercial. Il s’est entretenu avec le président chinois Xi Jinping et d’autres hauts dignitaires, comme le premier ministre, Li Qiang, et le président de l’Assemblée populaire, Zhao Leji.

Arrivé à Shanghai, le président brésilien Luiz Inacio Lula a critiqué l’omniprésence du dollar américain, a également déclaré que l’approfondissement des relations de son pays avec la Chine n’est pas négociable.

D’ailleurs, « nous avons rendu visite à Huawei, pour dire au monde que nous n’avons pas de préjugés dans nos relations avec les Chinois et que personne n’empêchera le Brésil d’améliorer ses relations avec la Chine« , a déclaré le président brésilien avant sa rencontre avec le président Xi Jinping.

Le géant chinois des télécommunications Huawei est fortement implanté au Brésil, contrairement aux Etats-Unis où les entreprises n’ont pas le droit de traiter avec le géant chinois.

D’ailleurs, les échanges commerciaux entre le Brésil et la Chine ont atteint 150 milliards de dollars en 2022, avec 89,7 milliards de dollars exportés par les Brésiliens vers la Chine.

De son côté, le président Xi Jinping a déclaré à son homologue brésilien que la Chine considérait les relations entre leurs pays comme une haute priorité diplomatique.

En outre, Xi Jinping et Luiz Inacio Lula da Silva ont appelé les pays développés à tenir leur promesse de fournir 100 milliards de dollars par an aux pays les plus pauvres pour lutter contre les effets du changement climatique.

Appel commun de la Chine et du Brésil pour le climat

« Nous continuons d’être très préoccupés par le fait que le financement pour le climat accordé par les pays développés n’atteigne toujours pas l’engagement de 100 milliards de dollars par an, comme chaque année depuis que l’objectif a été fixé en 2009« , selon les termes du communiqué.

« Nous exhortons les pays développés à honorer leurs obligations non remplies en matière de financement sur le climat », ont écrit la Chine et le Brésil dans leur communiqué conjoint.

Les Etats-Unis, l’Europe et d’autres pays riches n’ont jamais atteint leur objectif de fournir 100 milliards de dollars par an pour le financement climatique aux pays les plus pauvres d’ici 2020. Cet objectif avait été fixé lors des pourparlers sur le climat tenus sous l’égide de l’ONU à Copenhague en 2009.

Le niveau de financement actuel n’a atteint que 83,3 milliards de dollars en 2020, selon un rapport publié en juillet dernier par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Les pays pauvres, souvent parmi les plus exposés mais qui sont très peu responsables du réchauffement climatique, réclament depuis des années un financement des «pertes et dommages» qu’ils subissent.

De nouvelles opportunités pour le Brésil

« La Chine poursuivra un développement de haute qualité, accélérera la création d’un nouveau paradigme de développement et s’engagera dans la promotion d’une ouverture de haut niveau« , a affirmé le ministère chinois des Affaires étrangères.

Le dirigeant brésilien a assisté à l’intronisation de l’ex-présidente brésilienne Dilma Rousseff à la tête de la Nouvelle Banque de développement (NBD), la banque des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), dont le siège est à Shangai.

D’ailleurs, une nouvelle monnaie est en perspective, car les pays BRICS utilisent de plus en plus leurs monnaies nationales dans les échanges et les investissements, ce qui les pousseraient à précéder à la création d’une monnaie unique, a affirmé l’ambassadeur itinérant pour l’Asie et les BRICS au ministère sud-africain des Affaires étrangères, Anil Sooklal.

« Les membres des Brics doivent étendre l’utilisation réciproque de leurs monnaies nationales dans le commerce, les investissements et d’autres transactions », a-t-il souligné, ajoutant que c’était l’unique moyen « de jeter les fondations d’une monnaie unique des BRICS« .

Anil Sooklal a également indiqué que la question d’une monnaie unique avait été débattue lors de la rencontre, en février 2023 en Afrique du Sud. « L’extension de l’utilisation des monnaies nationales des Brics dans le système financier mondial est indispensable en tant que facteur le plus important de la création d’une monnaie unique et les pays membres font les efforts nécessaires dans ce sens, a-t-il noté.

« Il existe entre eux des accords de commerce en monnaies nationales. La Nouvelle banque de développement des Brics a décidé qu’entre 2022 et 2026, au moins un tiers des nouveaux prêts serait accordé dans la monnaie nationale des pays du groupe », d’après ce dernier.

Interrogé par Le Courrier Vietnamien, le Professeur de l’université sud-africaine de l’État libre, Theo Neethling, a estimé que l’émergence d’une monnaie unique exige le renforcement de la coopération financière et économique des pays membres mais aussi une volonté politique.

« En présence de volonté politique nécessaire, les pays des Brics peuvent entamer la création d’une monnaie unique en partant de la logique d’intensification des flux commerciaux« , a-t-il indiqué dans une interview.

« Cependant, l’introduction de cette monnaie nécessite la solution d’une série de problèmes compliqués. Il est difficile aujourd’hui de citer des délais concrets […] mais personnellement, je ne la vois pas apparaître dans un avenir proche, étant donné que les bases ne sont pas encore entièrement créées« , a-t-il expliqué.

Sortir du dollar

Selon certains économistes sud-africains, d’ici quelques années, une nouvelle structure du marché financier mondial dominé par les BRICS devrait voir le jour. Ainsi, l’économiste américain Nouriel Roubini a indiqué dans une analyse publiée dans le Financial Times que le dollar américain va perdre son statut de monnaie de réserve mondiale au cours des dix prochaines années.

Luiz Inacio Lula da Silva a également dénoncé le Fonds monétaire international (FMI), qu’il a accusé d’asphyxier les économies de pays comme l’Argentine. Aucun dirigeant ne peut travailler avec le couteau sous la gorge parce qu’il est endetté, a déclaré l’ancien syndicaliste brésilien.

Le président de la première économie d’Amérique latine a auss déploré que le dollar américain soit encore utilisé pour la plupart des échanges internationaux. « Aujourd’hui, un pays doit se procurer des dollars pour exporter alors qu’il pourrait le faire dans sa propre monnaie« , a-t-il ajouté.

Fin mars, le gouvernement brésilien a annoncé un accord avec la Chine pour que les échanges commerciaux entre les deux pays soient effectués dans leurs propres monnaies, sans utilisation du dollar américain.

Ces échanges auront donc lieu en réal brésilien et en yuan, et non en dollar qui est habituellement utilisé pour la plupart des transactions internationales.

L’objectif est de «réduire les coûts» et de «promouvoir encore davantage le commerce bilatéral, tout en facilitant les investissements», a expliqué dans un communiqué l’Agence de promotion des exportations du Brésil (ApexBrasil), qui dépend du ministère des Affaires étrangères.

Deux banques -une de chaque pays- ont été désignées pour réaliser les opérations de change qui permettront à l’exportateur de recevoir dans sa monnaie un paiement fait par l’importateur dans sa devise d’origine.

La question de l’Ukraine abordée

Concernant l’opération russe en Ukraine, ont déclaré que « le dialogue et les négociations sont la seule issue viable à la crise ukrainienne« , appelant les autres nations à jouer un rôle constructif pour un règlement politique, selon l’agence officielle Xinhua.

La Chine et le Brésil n’ont jamais imposé de sanctions financières à la Russie. Cependant, Luiz Inacio Lula da Silva espère jouer à nouveau le rôle de médiateur qui avait contribué aux accords nucléaires entre l’Iran et les Etats-Unis lors de son deuxième mandat (2007-2010).

Tandis que la Chine, elle, est sous une pression internationale croissante pour peser sur la Russie et l’amener à la table des négociations.

Selon le compte rendu du ministère chinois des Affaires étrangères, les deux chefs d’État ont convenu qu’il fallait « encourager et soutenir tous les efforts en faveur d’une résolution pacifique de la crise« .

La Chine et le Brésil ont appelé un plus grand nombre de pays à jouer « un rôle constructif dans la promotion d’un règlement politique de la crise ukrainienne et ont décidé de maintenir la communication à cet égard« .

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