lundi, mars 25

La croissance chinoise au plus bas depuis 1992

Les autorités ont enregistré une croissance à 6% au troisième trimestre, sa performance la plus faible depuis au moins vingt-sept ans, en dépit des mesures de soutien des autorités.

Le pays a fortement ralenti au troisième trimestre, à 6%, selon les statistiques officielles dévoilées le 18 octobre. «L’économie subit une pression baissière de plus en plus forte», a reconnu le porte-parole du Bureau national des statistiques (BNS), Mao Shengyong.

Au second trimestre, la Chine avait enregistré une croissance de 6,2%, déjà en net recul par rapport à la croissance de l’année 2018, à 6,6%. Il s’agit du plus bas niveau depuis 1992, lorsque la Chine a commencé à publier des statistiques trimestrielles.

Ce nouveau repli confirme les difficultés de la seconde puissance économique mondiale, qui fait face à une guerre commerciale avec Washington, plombant également les perspectives de l’économie mondiale.

«Ce chiffre signifie qu’il y a un risque que la croissance passe sous la barre des 6% au quatrième trimestre», a estimé Zhou Hao, économiste à CommerzBank, basé à Singapour. Ce seuil symbolique est l’objectif de croissance annuel pour 2019 fixé par le pouvoir, qui tente un atterrissage en douceur, malgré l’inquiétude croissante des classes moyennes, et des investisseurs.

Cet objectif annuel est considéré réalisable pour cette année, car «ces chiffres sont un stress test visant à tester la réaction des marchés face à la perspective d’une croissance passant sous la barre des 6% l’an prochain. Ils vont surveiller l’évolution du yuan, et des bourses», a ajouté Zhou Hao.

Malgré une croissance basse, quelques statistiques sont positifs, comme la production industrielle et les ventes de détails repartis à la hausse le mois dernier. La production industrielle a progressé en septembre de 5,8% sur un an alors qu’elle avait nettement reculé en août à 4,4% en août.

Les ventes de détail ont elles augmenté de 7,8% contre 7,5% le mois précédent, selon le BNS. Conscience de l’anxiété des investisseurs chinois et étrangers, le gouvernement tente de rassurer : «au cours des trois premiers trimestres, l’économie a maintenu une stabilité d’ensemble», a indiqué Mao Shengyong.

«La réalité est que la croissance ralentit plus fortement que prévu et que son effet se fait désormais sentir sur l’économie réelle, en particulier dans les villes de seconde catégorie. L’impact de la la guerre commerciale commence tout juste à se faire sentir», a cependant admit Zhu Ning, économiste à l’Université Tsinghua, à Pékin.

La Chine et les États-Unis ont enrayé leur escalade tarifaire lors d’un treizième round de négociation le 11 octobre à Washington et espèrent conclure un accord intérimaire en novembre, lors de la rencontre entre les présidents Donald Trump et Xi Jinping, au sommet de l’APEC, au Chili, mais les détails restent flous, et les experts doutent de progrès substantiels.

Après plusieurs décennies de croissance fulgurante, le ralentissement de l’économie est plus structurel. Raison pour laquelle, le gouvernement a multiplié les mesures de soutien cette année, donnant des facilités à la prise de crédit.

Néanmoins, Beijing ne tient pas à mettre en place un grand plan de relance, trop coûteux. «Ils vont garder des munitions pour plus tard, et pour ne pas alourdir encore la dette. Ils s’inscrivent dans une guerre longue», a expliqué Zhou Hao.

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