vendredi, août 1

Le célèbre temple Shaolin en proie à une affaire de détournement de fonds

Fondé en l’an 495, le temple Shaolin, situé dans les montagnes du Henan, est considéré comme le berceau du bouddhisme zen et du kung-fu chinois. Le responsable du célèbre temple Shaolin, considéré comme le berceau du kung-fu en Chine, Shi Yongxin est sous le coup d’une enquête pour détournement de fonds et conduite immorale, a annoncé le monastère.

Surnommé le «moine patron», Shi Yongxin est soupçonné d’avoir «détourné des fonds destinés à des projets et des biens du temple», a annoncé le temple Shaolin dans un communiqué publié le 27 juillet sur son compte officiel WeChat. Il aurait également «gravement enfreint les préceptes bouddhistes» et entretenu pendant longtemps «des relations inappropriées avec plusieurs femmes, avec lesquelles il aurait eu des enfants illégitimes», a ajouté le texte. «Plusieurs départements» mènent une enquête conjointe, selon le temple.

D’anciens moines avaient déjà accusé Shi Yongxin de mener une vie luxueuse, affirmant qu’il possédait une flotte de voitures de luxe, qu’il avait détourné de l’argent d’une société gérée par le temple, et qu’il avait eu des enfants avec différentes femmes.

Cette affaire a été vu plus de 560 millions de fois sur la plateforme sociale Weibo lundi matin. « Quand l’esprit est pur, la Terre pure est là, dans le moment présent », a écrit la semaine dernière le moine Shi Yongxin dans sa dernière publication sur le réseau social Weibo. En 2015, le temple avait nié les accusations relayées par les médias d’État chinois, les qualifiant de « calomnies malveillantes ».

Shi Yongxin, 59 ans, est devenu moine en 1999 avant de contribuer activement à l’expansion à l’international des études shaolines. Ces études combinent apprentissage du bouddhisme zen et pratique des arts martiaux. Il a notamment aidé le temple à fonder des dizaines d’entreprises à l’étranger, tout en essuyant de nombreuses critiques pour son approche considérée trop commerciale.

Élu vice-président de l’Association bouddhiste de Chine en 2002, Shi Yongxin a également siégé en tant que représentant à l’Assemblée nationale populaire, l’organe législatif suprême du pays. Fondé en l’an 495, le temple Shaolin, perché dans les montagnes du Henan, est considéré comme le berceau du bouddhisme zen et du kung-fu chinois. Il est devenu l’un des lieux les plus emblématiques de l’empire du Milieu, et l’un des emblèmes du bouddhisme à travers le monde.

Cette communauté de moines bouddhistes a développé au fil des siècles une « spécialité maison » : l’enseignement des arts martiaux, et plus particulièrement, du kung-fu Shaolin. Une pratique séculaire devenue marque déposée planétaire, à coups de films et de documentaires.

Chute du chef du temple Shaolin en Chine

Shi Yongxin a été arrêté et démis de ses fonctions. Installé au temple depuis l’adolescence, et à la tête de l’institution depuis 26 ans, il avait maintenu la renommée du temple et de sa communauté, en la transformant en un juteux business.

En effet, des personnalités comme Richard Nixon ou Vladimir Poutine ont déjà visité le temple, et récemment la star du basket français, Victor Wembanyama, a séjourné au monastère pour une retraite spirituelle et sportive.

L’abbé Shi Yongxin a été arrêté et démis de ses fonctions, suite à des soupçons de malversations. L’homme est visé par de lourdes accusations : « détournement de fonds, abus de bien public, violation grave des préceptes bouddhistes, et entretien prolongé de relations inappropriées avec des femmes ».

Ce casier désormais chargé s’est ajouté aux rumeurs insistantes qui pesaient sur le moine depuis de nombreuses années. La rançon du succès, car en un quart de siècle, l’abbé Shi Yongxin a fait fructifié l’institution, en pariant sur l’internationalisation, et en développant une stratégie commerciale, similaires à celles des plus grandes entreprises.

Le temple Shaolin était devenu un empire, grâce au dépôt de la marque « Shaolin » et du développement d’une gamme de produits. Dans l’immobilier, la santé, le tourisme ou la bijouterie, Shi Yongxin a apposé la marque Shaolin sur tous les produits possible, jusqu’aux biscuits vegan. Des formations de kung-fu ont aussi été réalisées au temple, ces revenus ont fait décoller les résultats annuels au-delà des 60 millions d’euros, et faisant grimper le capital social que le moine supérieur détenait à 80%.

Après plusieurs enquêtes, étouffées ou incomplètes, « l’abbé-PDG » a fini par être arrêté, ce qui a fait réagir en Chine, car l’homme disposait d’une forte notoriété. Sur les réseaux sociaux chinois, les articles sur l’affaire ont dépassé les 500 millions de vues. Le bureau du temple a rapidement nommé un successeur, qui pourra méditer sur la célèbre maxime : l’habit ne fait pas le moine.